Benoît Dutour : “Créer pour se sentir en vie, jouer pour ne pas se prendre au sérieux et exposer pour susciter un dialogue”
Benoît Dutour est un artiste autodidacte débordant de talent et d’idées originales. En traitant des thèmes importants avec humour, il souhaite d’abord étonner et amuser les spectateurs, ensuite, les amener à une réflexion. Il invite le public à se rapprocher de l’œuvre, en réduisant la distance entre eux.
Quel artiste êtes-vous ?
Je me définirais comme un artiste pluridisciplinaire et global. Pluridisciplinaire dans le sens où je ne m’interdis aucune limite en termes de supports d’expression : peinture, photo, vidéo, sculpture, installation, inclusions, street art… tout est possible tant que le choix du support en question permet une transmission optimale du propos artistique. Global dans le sens où je prends autant de plaisir à faire un “solo show” que de collaborer avec des marques (Smalto, Galeries Lafayette) ou le CERN sur un projet.
En définitive : “créer pour se sentir en vie, jouer pour ne pas se prendre au sérieux et exposer pour susciter un dialogue”, telle est ma devise.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Tout est source d’inspiration ! Ne dit-on pas que l’artiste est un instrument à écouter le monde ? M’interrogeant sur la fragilité de notre court passage sur terre, l’observation de traces de vie complètement insignifiantes d’objets ou d’animaux, m’a inspiré la série “traces de vie”. Enfin, souhaitant contribuer à rendre l’art plus accessible, les jeux du taquin m’ont inspiré la série “taquiner la vie”.
Pourquoi cette série de “larmes” ?
Tout au long de l’histoire de l’Art, de nombreux artistes ont cherché à se rapprocher de la forme parfaite, de la pureté ou de la beauté dans le but de transcender notre misérable condition humaine vers quelque chose de plus pure, absolue, voire spirituelle. Je pense à Michel-Ange, Brancusi, Rothko ou encore plus proche de nous Anish Kapoor et ses miroirs polis concaves. Cherchant à ma façon, à faire le lien entre le très haut et le plancher des vaches, c’est en observant la pluie tomber que m’est venue l’idée de la série “en vie de larmes”. Quoi de plus pur qu’une goutte d’eau tombant du ciel qui prend une forme parfaite du fait de la gravité et qui est source de la vie tout simplement ? Elle symbolise également le lien physique entre le ciel et la terre.
Le choix du mot “larme” est important car les larmes sont produites par notre corps et sont donc en nous. Nous avons ainsi le pouvoir de sécréter non seulement des larmes de joie mais aussi des larmes de peine. La distinction entre joie et peine se fait par le choix des objets que je mets à l’intérieur des inclusions. La joie peut prendre la forme de pétales de fleurs, diamants, papillons, trèfles à quatre feuilles et la peine par exemple avec des feuilles d’arbre en cours de décomposition. Tous les insectes que j’utilise viennent de chez Deyrolle. C’est important pour moi car ils m’apportent la garantie que ces derniers sont morts de mort naturelle. En les mettant dans mes larmes je leur donne finalement une seconde vie.
Comment faites-vous entrer les objets ? Vous avez un moule creux à l’intérieur ?
Il n’y a pas de moule puisque chaque pièce est unique et l’intérieur est rempli avec une matière solide, chaque larme fait environ 6 kg. Le processus de fabrication est assez complexe : on utilise du PMMA qui a l’avantage d’avoir toutes les propriétés du verre sans monter à 1200 C°. On travaille avec un autoclave, un four spécial et ensuite on façonne chaque pièce à la main en extrudant les parties inutiles. Le tout se termine enfin par une longue phase de ponçage puis de polissage. La petite forme en bas est ma signature, découpée au laser dans une petite plaque de laiton.
Peut-on l’utiliser autrement que pendue au plafond ?
Certainement, les larmes peuvent être livrées avec un piédestal cylindrique en plexi transparent ainsi qu’un anneau permettant de poser la larme sur une cheminée par exemple.
Dans le cadre de la Nuit Blanche 2020 vous avez auto-produit l’évènement “Danses Nocturnes” avec l’agence artistique H.ART. Cette soirée féérique s’est déroulée le 3 octobre Place Des Vosges. C’était un événement inespéré en ce moment de crise sanitaire et vos larmes dans les arbres et les fontaines ont enchantées et émerveillées les spectateurs.
Quel a été votre ressenti à ce propos ?
Nous avons eu beaucoup de chance, nous sommes littéralement passés entre les gouttes ! Jusqu’au dernier moment les organisateurs de Nuit Blanche n’étaient pas certains de pouvoir maintenir cet événement, de plus, un avis de tempête accompagné de pluie était annoncé dès 19h, au démarrage de l’événement…Il n’en a rien été finalement et les “Danses Nocturnes” ont pu rencontrer leur public, séduit, me semble-t-il, par le fait que ce travail artistique apaisant et poétique était complètement en harmonie avec cette Place des Vosges d’une beauté inouïe. Ce fut également un réel plaisir pour moi de placer pour la première fois des larmes dans des fontaines en donnant l’impression qu’elles flottaient sur l’eau. À recommencer !
Plus d’informations sur sa Page Instagram et son site Internet
Propos recueillis par Violagemma Migliorini
Articles liés
MINIATURE : l’expo événement pour les 10 ans de la Galerie Artistik Rezo
La galerie Artistik Rezo et FIGURE s’associent pour présenter la troisième édition de l’exposition MINIATURE : un événement unique en son genre à l’occasion des 10 ans de la galerie. Cette édition réunit plus de 80 artistes français et...
Justice livre un show explosif et festif à l’Accor Arena de Paris Bercy
Ce mardi 17 novembre 2024, après une première partie orchestrée par Pedro Winter, boss du label Ed Banger, Justice a électrisé une salle pleine à craquer, première date des deux soirées prévues à Paris, chez eux, à domicile. La...
Marion Mezadorian pète les plombs au Théâtre Victor Hugo
Avec son précédent “one woman show”, Pépites, Marion Mezadorian a défrayé la chronique. Dans la même veine, celle d’une performance scénique où l’humour le dispute à l’émotion, cette nouvelle création donne la parole à celles et ceux qui craquent...