Bayaticha : « Le corps devient support et c’est un peu comme une expo permanente »
Bayaticha est une passionnée d’art, elle crée elle-même de magnifiques pièces, à travers la pratique de son métier. Rencontre avec une jeune tatoueuse qui nous fait découvrir son univers et son travail.
Comment as-tu découvert le monde du tatouage ?
L’univers du tatouage m’a toujours intrigué, attiré et fasciné. C’est en me faisant tatouer et en lisant pas mal d’articles, d’interviews, en visionnant des vidéos là-dessus que j’ai vraiment découvert le monde du tatouage.
D’où t’es venue l’envie de faire ce métier ? Depuis quand l’exerces-tu ?
Je venais de finir mon Erasmus en Andalousie, à Cádiz, et de valider ma licence de langues mais je ne trouvais pas de boulot. J’étais au chômage et c’est à ce moment-là que j’ai pris le temps de faire un book et que je me suis dit pourquoi pas tenter ma chance. J’ai démarché trois salons et un shop m’a répondu, Prisme Tattoo, à Marseille. J’ai d’ailleurs pris le premier train pour Marseille le lendemain, afin d’aller leur présenter mon book. À vrai dire, je n’y croyais pas trop car ça me paraissait fou mais la chance m’a souri ce jour-là. Cela fait maintenant neuf mois que je tatoue.
On peut remarquer ton évolution sur ton compte Instagram. Au début, il y avait beaucoup de dessins noirs et blancs, puis des tableaux de couleurs et par la suite, des flashs de plus en plus minimalistes. Comment définirais-tu ton style ?
Il est vrai que mon style a beaucoup changé au fil des mois, je dirais qu’il s’est affirmé. Avant de tatouer, j’étais dans une école d’art dans laquelle je suivais des cours de modèle vivant, d’expression plastique, de sculpture, etc. Mes dessins étaient donc plus scolaires. J’ai dû adapter mon style et rendre mes dessins “tatouables” car quand on débute dans le tattoo, on commence souvent avec des traits simples, des petits tatouages. C’est en simplifiant mes dessins que j’ai développé un univers un peu cubique, floral. J’aime cependant toujours les tableaux de couleurs, les illustrations un peu plus réalistes. Je me penche dessus lorsque j’ai du temps.
Quelles sont tes inspirations ?
C’est peut-être bateau mais la musique est ma source d’inspiration numéro une et souvent, mes dessins/flashs changent en fonction de ce que j’écoute lorsque je dessine. Je pense aussi que mes quatre ans d’enseignement en Histoire de l’art m’ont énormément influencée et je puise dans beaucoup d’œuvres que j’ai eu l’occasion d’étudier. Miró est l’un de mes artistes préférés. Mon année à Cádiz et mes voyages en Andalousie et au Portugal ont influencé mon style, tout comme ma mère, artiste à ses heures perdues, qui depuis toute petite me donne son avis, me conseille et me trimballe de musée en musée.
Quel est ton processus créatif ?
Je n’ai pas de processus créatif en particulier, je dessine ce qui me vient. D’ailleurs, souvent, je fais un trait au hasard avec une forme quelconque et j’adapte ensuite mon dessin autour de ce trait, ce qui donne des corps et des visages cubiques.
Considères-tu le tatouage comme une forme d’art ?
Pour moi, le tatouage est un art vivant. Le corps devient support et c’est un peu comme une expo permanente, pour laquelle aucun visiteur n’a de ticket et où chaque corps tatoué exprime ce qu’il veut exprimer. Je trouve ça génial !
Quels sont tes projets et tes envies pour le futur ?
J’aimerais continuer à tatouer, continuer à apprendre de nouvelles choses. J’aimerais aussi énormément développer une collection de vêtements, soit en créant ma propre marque, soit en faisant une collaboration avec une marque déjà sur le marché.
Retrouvez les dessins de Bayaticha sur son compte Instagram.
Propos recueillis par Pauline Chabert
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