Autoritratto : un dialogue silencieux pour encourager le partage
Autoritratto est le nom du projet d’une jeune fille italienne. Les mains collées sur les murs donnent vie à un alphabet de gestes et animent les rues en leur donnant la parole.
Qui êtes-vous, Autoritratto ? Quel a été votre parcours ?
Je suis une artiste italienne et Autoritratto est le nom de mon projet, pas ma signature. Je préfère ne pas signer dans la rue afin que mon projet parle lui-même.
Passionnée d’art depuis mon enfance, j’ai fréquenté le lycée d’art et je me suis ensuite spécialisée dans l’histoire de l’art contemporain à l’Université. Après, j’ai commencé à fréquenter des lieux qui ont contribué à m’ouvrir les yeux, à m’inspirer, dont notamment la rue, où j’ai rencontré des personnes magnifiques.
Comment avez-vous décidé de coller vos œuvres dans la rue ?
J’ai toujours été fascinée par la “date d’échéance” des affiches, par leur fugacité. En outre, j’avais besoin d’un médium immédiatement perceptible, la photo d’abord et l’affiche collé sur le mur ensuite me paraissaient parfaites pour atteindre ce but.
D’où vient votre nom ?
“Autoritratto” signifie” autoportrait”, en italien. Le nom du projet dérive du premier autoportrait de l’Homme : l’empreinte d’une main sur le mur d’une grotte. Un besoin de se représenter accompli d’une manière très simple et très belle à la fois, absolument humaine.
Les mains sont au centre de votre travail. Pourquoi avez-vous choisi ce détail du corps humain ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?
C’est une partie du corps humain qui m’a toujours beaucoup fasciné, surtout pour sa capacité à exprimer les choses, non pas verbalement, mais par des gestes silencieux qui sont souvent encore plus puissants que les mots eux-mêmes. En outre, je trouve magnifiques les lignes des paumes, capables d’enfermer tous nos secrets et notre destin. Ce que nous avons été et que, d’une manière ou d’une autre, nous serons pour toujours. Évidemment, c’est aussi et surtout parce que, comme je viens de le dire, l’empreinte des mains a été la première auto-représentation de l’être humain et c’est agréable de penser que nous sommes capables de nous représenter par des gestes, à travers un langage sans paroles.
Mes principales sources d’inspiration sont certainement mes études qui m’ont toujours rendu curieuse, et bien sûr les expériences de tous les jours, vivre en observant autour de moi, en essayant d’être toujours optimiste et disposé à l’égard de l’autre.
Elles appartiennent à qui, les mains que vous capturez ?
Les mains que je prends en photo appartiennent à tous ceux qui veulent être photographiés. Au début, je photographiais les mains de mes proches mais petit à petit j’ai commencé à recevoir des demandes aussi de la part de gens que je ne connaissais pas personnellement. Maintenant il suffit que toute personne qui souhaite être photographiée me le dise et, si je peux, je suis heureuse de le réaliser. Je crois que nous avons tous le besoin et le droit de nous exprimer.
Vous êtes italienne et vous collez vos œuvres dans de nombreuses villes, comment vous choisissez vos spots ?
Le choix du spot est très important. Je choisis habituellement des spots qui peuvent créer un échange avec l’affiche, mais surtout des endroits où l’affiche pourra établir un dialogue avec les passants. Rien n’est jamais aléatoire, et j’aime ce genre de recherche parce que ça me permet d’établir une relation avec la ville dans laquelle je suis, d’en approfondir certains éléments, comme dans le cas de Paris, par exemple.
Est-ce que vous essayez de véhiculer un message avec vos œuvres ?
Bien sûr, j’espère toujours créer un dialogue, et j’adore quand les gens m’écrivent leurs interprétations. En général, j’espère transmettre un message positif basé sur le partage, l’entraide, et la possibilité de devenir plus proche les uns avec les autres, de rétablir le contact par des gestes simples mais puissants. Un dialogue silencieux.
Quels sont vos projets pour le futur ?
Je ne sais pas encore, pour l’instant j’attends, comme tout le monde, que l’urgence sanitaire se termine, puis on verra. Je me renseigne, je lis beaucoup et je produis, je ne m’arrête presque jamais, je me pose des questions, je pleure, je ris, et j’essaie de faire de mon mieux. Quoi qu’il en soit, le désir de créer est toujours au rendez-vous, mais je ne suis pas pressée.
Plus d’informations sur Autoritratto sur sa page Instagram
Propos recueillis par Violagemma Migliorini
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