Aurélien Nadaud : “Pour moi, transformer la matière de manière illimitée est très important”
Aurélien Nadaud est un artiste plasticien, poète, performeur, scénographe, bon vivant, connecté au cosmos, qui aujourd’hui vit de son art. Il touche à tous les médiums et sans limite, transpose et partage qui il est, en solo ou lors de ses performances collectives.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Aurélien Nadaud. Je suis un artiste plasticien autodidacte. Je n’ai pas de limite. Je fais des installations, de la poésie, je dessine, je peins, je sculpte et je réalise des performances. Je fais ce qui me passe par la tête.
Comment définirais-tu ton style en tant qu’artiste plasticien ?
Je ne suis pas du tout dans le concept. La ligne directrice de mon travail, c’est mes sensations et mes ressentis. Ainsi, je traduis mes sensations à travers divers médiums. Quand elles racontent des choses artistiques et que l’envie me vient, je l’exprime par le biais de l’art. Mon travail est sans contrôle. Je suis un artiste en lien avec le corps et l’esprit et j’exprime ce que je suis dans l’instant présent. Mes créations racontent qui je suis.
Comment est venue cette envie d’exprimer tes sensations à travers différents médiums artistiques ?
J’ai commencé à créer il y a dix ans à la suite d’une démarche spirituelle, pour me trouver, afin d’être un être plus lumineux, plus éveillé et en paix dans la vie de tous les jours. Quand je me suis éveillé, j’ai sorti tout ce que l’on découvre dans mes créations. J’ai fait ma propre école. Faire du street art au tout début, dans l’espace public, m’a permis d’avoir autant de murs que je voulais sans avoir besoin d’argent pour créer. Mon atelier était la rue, j’avais donc une grande liberté pour créer. J’avais des murs immenses et c’est à partir de là que j’ai commencé à faire des choses dehors, où je me suis de plus en plus trouvé. C’est au cours des quatre premières années de ma vie d’artiste que je me suis perfectionné pour découvrir ce qu’il y avait à l’intérieur de moi, au fil de mes rencontres avec certains artistes et de ce que j’ai vu. Je ne me limite pas à un médium.
Que penses-tu des artistes aujourd’hui ?
Pour moi, un artiste n’a pas vraiment besoin d’école. Pendant longtemps, les écoles d’art étaient destinées à une élite et la plupart des artistes n’en faisaient pas. Tout ça a été créé par cette société qui veut tout cadrer. Aujourd’hui, dans les écoles d’art, on dirige surtout les artistes à tout conceptualiser, à trouver une œuvre et la conceptualiser. Beaucoup de personnes qui voient mon travail sont désarçonnées parce que je ne fais pas que de la sculpture, ni trente-cinq séries de la même chose, car aujourd’hui, c’est ce qui se fait. Je pense que si les artistes d’aujourd’hui vivaient de leur art, ils auraient peut-être plus de liberté pour dire non à certaines choses et oui à d’autres, en explorant de nouvelles pistes. Il est arrivé qu’en découvrant mon travail, on dise que ça n’a rien à voir, que je fais trop de choses sans chercher plus loin. Je pense que les écoles d’art enferment beaucoup les artistes et que s’ils sont bons dans un domaine, ils vont oublier les autres et s’enfermer dans une catégorie, parce que c’est ce qui se vend et que dans une exposition, on aime les séries. Ça en devient presque une industrie. Un artiste n’est pas artiste parce qu’il crée des choses chaque jour, mais parce que dans sa manière de vivre, il s’exprime. Des artistes ont l’impression que s’ils ne produisent pas tous les jours, ils ne sont plus artistes.
Peux-tu nous parler de tes performances ?
Mes performances sont toutes participatives. Mes axes de participation sont les arts plastiques, le corps, la parole, l’écriture et la lecture. J’ai réalisé une performance “coloriage” qui tournait autour du corps, de la parole et des arts plastiques. Les gens vont créer l’œuvre avec moi, on va parler et utiliser le corps pour le faire. Je leur fais des propositions sensorielles. Ils comprennent alors qu’ils sont aussi acteurs de la création et vont proposer des choses. C’est un moment d’échange et les gens se libèrent, posent des questions. J’ai pu réaliser une autre performance, “Poétique”, qui repose sur l’écriture et la lecture. On lit et on fait de la poésie ensemble. Ces performances ont émané de Pascal Lebrun Cordier, qui m’avait proposé de penser une installation faite par des gens en 2013, à la ZAT Montpellier. J’ai alors pensé à une œuvre sur un terrain de volley. L’idée est que chacune de mes performances collectives soit la continuité de ce que je fais seule, c’est un partage sensoriel. D’une boîte à outils, je ne prends pas forcément le même médium pour créer. Ce que j’ai envie d’exprimer par l’art, je le donne aux gens. Il y a des moments où je suis seul, et d’autres avec les gens, et pour moi, c’est ce qui crée une harmonie. Mes performances ne sont pas du tout dans le concept, mais très humaines. Du coup, les gens, quand ils se lâchent au bout d’un moment, sont hyper heureux.
Peux-tu nous en dire plus sur tes inspirations ?
Des rencontres et des expositions m’ont aussi marqué. J’écoute le monde extérieur, l’échange perpétuel crée mon art, l’expression de ce que l’on est. Ce qui m’influence beaucou, c’est l’univers, c’est ce qui m’a amené là, ce qui est autour de moi et qui me dépasse. L’extérieure influence mon intérieur. À une époque, avant de faire des choses en solo, j’étais dans un collectif d’artistes où l’on performait dans la rue, sur des actions avec les gens. On avait commencé à faire des installations en rubalise. On m’a montré Daniel Buren six mois après et j’y ai trouvé des liens. J’aime beaucoup Basquiat pour ce qu’il dégage dans son travail, le dadaïsme, et Magritte. Je m’écoute en écoutant le monde extérieur pour créer. Pour moi, l’art est partout. L’élément air est mon élément le plus fort. J’exprime beaucoup de choses en lien avec cela. C’est léger, ça vole, et ce que je fais peut donner l’impression de venir du cosmos. Il n’y a pas de dualité dans mon travail. Ma pratique est très céleste, mais peut aussi faire penser à des choses qui sont sur terre. Je ne dessine rien en amont, je mets les couleurs qui peuvent symboliquement se rapprocher de nos chakras et je les laisse vivre.
La poésie est la transcription de ce que je ressens, c’est un regard posé sur les choses. Pour moi, le temps et l’espace n’existent pas. C’est la société qui construit ces notions. Je pense qu’il s’agit au contraire d’une forme de liberté qui va au-delà. Nous sommes le temps. Et quand on prend conscience qu’on l’est, c’est que quelque part, on n’a plus besoin de penser au passé, au présent et au futur. Ainsi, on se trouve vraiment connecté, et on devient solaire. Pour moi, transformer la matière de manière illimitée est très important.
En deux deux
Sur la douceur des choses j’ai posé mon regard
J’y ai vu un monde en prose un fantastique abreuvoir
Et dans la coulée indéfini du temps je me suis laissé porter
Avec le loisir béat pour firmament et le corps-esprit émerveillé
En Deux Deux, Poésie / 2018 © Aurélien Nadaud
Plus d’informations sur le site web et le compte Instagram d’Aurélien Nadaud.
Propos recueillis par Anastasia Le Goff.
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