Audrey Noël : “Peindre c’est de l’ordre de l’obsession, c’est devenu une nécessité”
Rencontre avec Audrey Noël, une artiste éclectique et autodidacte qui nous présente ici son univers minimaliste et géométrique.
Pouvez-vous définir votre travail en quelques mots ?
Ma peinture est abstraite. Mes toiles peuvent être qualifiées de minimalistes. En contraste, je travaille généreusement avec la matière. Je ne peins pas avec des peintures traditionnelles mais avec des plâtres et des mélanges que je teins dans la masse et qui me donnent un relief, un empattement.
Racontez-nous votre histoire, comment avez-vous commencé la peinture ?
Je peins depuis longtemps mais la peinture telle que je la pratique aujourd’hui de manière assidue, c’est une reconversion. J’étais avant avocate en droit des affaires. Comment passe-t-on d’avocat à peintre ? Ce n’est pas si simple et ça ne se fait pas du jour au lendemain. J’ai toujours aimé dessiner, sans oser franchir le pas. Une reconversion c’est d’abord un constat d’échec, le deuil d’un métier, et puis ensuite oser se lancer. La première expo c’est violent mais après c’est parti. Je ne crois pas qu’on choisisse la peinture. Insécurité, perte d’un confort matériel, isolement… Mais peindre c’est de l’ordre de l’obsession, c’est devenu une nécessité.
Vous peignez beaucoup de formes géométriques, pourquoi ?
Mon abstraction est en effet davantage géométrique. Il y a probablement dans ces contours rigoureux quelque chose qui me rassure. La représentation géométrique d’un sujet se détache mieux du fond aussi je trouve.
Quelle est la place de la couleur dans vos tableaux ?
J’utilise de la couleur pourtant je ne la recherche pas, ni l’affectionne particulièrement. Parfois, je me dis que je n’en utilise que pour mettre le noir en valeur.
Pourquoi utilisez-vous souvent un fond blanc ?
Mes fonds sont souvent blancs, mais jamais un blanc pur. Le clair fait mieux ressortir un sujet. Le fond n’est qu’une mise en scène, il n’est là que pour porter la figure. Je le travaille grâce à mes mélanges de manière nuancée. Il n’est jamais lisse et monochrome mais irrégulier, taché et accidenté.
Quel est votre processus créatif ?
Je pars d’un croquis que je suis ensuite assez scrupuleusement. Je découpe parfois des gabarits que je place sur la toile pour parvenir au bon équilibre, si je travaille sur plusieurs formes.
Avez-vous envie d’essayer de nouvelles choses ?
J’ai constamment envie d’essayer de nouvelles techniques. Je n’aurai pas assez de dix vies pour apprendre tout ce que je veux savoir. Je voudrais être ébéniste, céramiste, tisserand, ferronnier, couturière… Je mettrais toutes ces techniques au service de l’art. J’aime l’art contemporain qui sort des techniques de peinture traditionnelle et qui se mêle à l’artisanat.
Propos recueillis par Pauline Chabert
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