Atelier des artistes en exil : une association unique en France
Jusqu’au 30 mars, le ministère de la Culture accueille l’exposition « Les vitrines de l’atelier des artistes en exil » dans les galeries du Palais-Royal. L’occasion de faire de belles découvertes et rencontres. L’occasion, aussi, de se demander comment aider les artistes en exil à intégrer la scène culturelle française.
Les 15 artistes présentés viennent d’Afghanistan, d’Iran, de République démocratique du Congo, de Soudan, de Syrie. Ils nous racontent leur voyage, autant d’épreuves vécues par des hommes, des femmes et des enfants obligés de quitter leur pays, volontairement ou sous la contrainte, pour fuir des conditions de vie intolérables. Leurs œuvres présentent leur parcours, mais illustrent aussi les notions reliées aux principes fondamentaux du droit d’asile : la solidarité, l’humanité et la dignité.
Vitrine et soutien institutionnels
Cette exposition rue de Valois offre en effet une belle vitrine à ces artistes, mais également à l’association l’Atelier des artistes en exil qui est à l’origine du projet. Ce sont Ariel Cypel et Judith Depaule qui ont fondé l’aa-e en avril 2017 pour structurer la présence des artistes exilés sur la scène culturelle française.
Avec près de 150 adhérents, aujourd’hui, celle-ci organise des expositions collectives, accompagne les artistes et les aide à intégrer le réseau professionnel. Tous les champs disciplinaires sont représentés. Exilés de différentes nationalités, la situation des artistes est très variable. Tout comme leur statut.
Pour comprendre leur engagement, il faut rappeler le parcours d’Ariel Cypel et Judith Depaule. Anciennement directeur et directrice artistique de Confluence, centre culturel et lieu d’engagement artistique à Paris, ils ont lancé, en octobre 2015, l’appel Ouvrons nos lieux. Pensant qu’il serait bien de la part des structures artistiques de montrer l’exemple, cette invitation faite, aux lieux culturels, d’ouvrir leurs espaces aux réfugiés s’est prolongée par l’organisation d’un festival « Péril Syrie ». L’accueil d’artistes en exil est une formidable concrétisation de cette louable initiative.
Solidarité et forces vives
Ariel et Judith ont eu la chance de pouvoir installer l’association dans un lieu intermédiaire, même si c’est provisoire. Ces locaux abritent des ateliers pour les artistes (peintres, sculpteurs, réalisateurs, photographes, écrivains, etc.) et des espaces collectifs pour les arts de la scène (danse, musique, théâtre). Une porte ouverte est d’ailleurs organisée le 23 mars. Ces ateliers restant avant tout un espace de travail, il est aussi possible de les visiter, uniquement sur demande, tout les mercredis de 18 à 20 heures.
Les activités reposent sur le bénévolat, autant dire l’énergie et les bonnes volontés. Rien n’aurait pu se faire sans la détermination et la solidarité qui a permis, d’abord, de récolter le matériel pour démarrer, ensuite, de faire fonctionner l’association jour après jour. Mais il reste tant à faire !
Il est d’ailleurs possible d’aider l’aa-e, en étant bénévole, mais pas seulement. Les artistes ont fui leur pays sans leur matériel. C’est pourquoi l’association à lancé une campagne de financement ouverte jusqu’au 31 mars 2018. Il faut savoir que 100 % des fonds récoltés durant cette collecte seront destinés aux artistes démunis.
Soutenir les artistes en exil, c’est leur permettre de continuer à s’exprimer et à témoigner de leur culture.
AA-E, 102 rue des Poissonniers 75018 Paris
« Les vitrines de l’atelier des artistes en exil »
jusqu’au 30 mars 2018 Palais-Royal, 5 rue de Valois 75001 Paris
Porte ouverte 23 Mars 2018
Campagne de financement jusqu’au 31 mars 2018
Pauline Fiquet
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