Astrig Fister, designer d’exception
Rencontre avec Astrig Fister, créatrice de meubles prestigieux. Focus sur une de ses oeuvres inspirée par l’artiste Joséphine Baker.
Peux-tu présenter s’il te plaît?
Je m’appelle Astrig Fister et je suis au départ architecte d’intérieur et décoratrice, je suis devenue designer par la suite.
Comment êtes-vous devenue créatrice de meubles et designer ?
J’ai travaillé pendant de nombreuses années pour des maisons de haute couture, je refaisais des boutiques qui correspondaient à leur image et à leur personnalité, à travers des sociétés comme BIC. Pendant 20 ans, j’ai côtoyé tous les plus grands couturiers pour lesquels j’ai façonné beaucoup de boutiques, et c’est ce qui m’a amené à créer des meubles.
L’une de vos œuvres récentes est dédiée à Joséphine Baker, quelle est cette œuvre et pourquoi Joséphine Baker ?
Une société m’a demandé de dessiner, pour sa ligne de meubles, un meuble sur Joséphine Baker : j’ai donc accepté. Malgré le fait que je n’ai jamais eu la chance de la rencontrer, je m’intéressais beaucoup à elle, c’est une femme qui m’a toujours énormément interpellé. J’admire l’état d’esprit que l’on retrouve dans son histoire et son vécu. J’ai mis un moment avant de me lancer dans la création de cette ligne car j’avais besoin de me connecter à cette artiste. Comme un acteur de théâtre quand il joue un personnage, doit s’approprier le rôle. Il fallait d’abord que je ressente sa personnalité pour créer.
En prenant ce personnage mythique de Joséphine Baker, comment avez-vous conceptualisé votre console ?
Je suis allée au Château des Milandes, où Joséphine Baker a vécu. Dans un premier temps c’était pour m’imprégner du village qu’elle a créé, de sa personnalité que l’on retrouve profondément dans la décoration de sa maison. J’ai alors conçu cette console qui est pour moi un personnage à son image. Tout est explicable dans ce que j’ai construit, autant les pieds, le plateau, ainsi que les matériaux que j’ai décidé d’utiliser ; tout a une signification qui lui correspond. Par exemple les pieds sont fuselés et très longs, ils n’en finissent pas, car pour moi, Joséphine avait des jambes magnifiques et très longues, c’est ce qui m’a amené à concevoir une console très élancée.
À quels corps de métiers avez-vous fait appel pour cette réalisation ?
J’ai fait appel à de vrais artisans d’arts, mondialement connus. À Philippe Hurel, qui a fait toute la menuiserie avec un bois laqué très particulier, à Bernard Pictet qui a fait le plateau en verre où j’ai dessiné une immense plume qui correspond à l’apothéose de sa réussite au Casino de Paris. J’ai aussi apporté des éléments que j’ai moi-même conçu en pierres précieuses, comme l’obsidienne, une pierre volcanique qui correspond à son tempérament, et la teinte particulière de sa peau. Pour moi, Joséphine est, en effet, une femme volcanique.
Quel destin souhaitez-vous à cet objet en hommage à cette artiste ?
J’ai eu des propositions de ventes, mais comme c’est un prototype, j’ai eu envie de la garder. J’ai toujours l’idée que la console soit exposée un jour. Elle a déjà était exposée une fois à New York au Consulat de France où elle a reçu un franc succès.
Propos recueillis par Clara Bouillon
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