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Anthony Vacter : “Le design doit parler de l’actualité”

Marie Party 11 avril 2021
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© Anthony Vacter

Diplômé depuis 2019 de l’École supérieure d’art et de design (ESAD) de Saint-Étienne, Anthony Vacter est un designer et auto-entrepreneur travaillant sur la thématique de la vie sur Mars. Il a notamment exposé à la Dubaï Design Week en 2020 avec “Une vie sur Mars”.

Comment est né ce désir d’étudier la planète rouge ?

Dans le cadre de mon mémoire, j’ai travaillé sur le voyage spatial dans la science-fiction et l’ingénierie. À l’issue de mes recherches, j’ai mis au point un mode d’emploi d’une station spatiale fictive dans laquelle les humains se réfugient après un désastre écologique. Par la suite, je me suis intéressé à la colonisation de la planète rouge, un sujet toujours d’actualité !

Finalement, parler de l’actualité à travers un scénario futuriste, n’est-ce pas de la science-fiction ?

Mon travail s’inscrit dans une branche du design à la croisée de la science-fiction et du design : le design fiction. Selon moi, le design doit parler de l’actualité et le design fiction l’aborde en utilisant des scénarios futuristes et des problématique sociales, sociétales et environnementales de notre époque. Cette pratique commence à se développer et à arriver de plus en plus dans les entreprises/agences de design. C’est en quelque sorte faire de la prospective en se demandant pour tel ou tel organisme, ce que l’on imagine dans un futur proche ou lointain, et ainsi comment on peut atteindre ces objectifs. Le designer réalise alors des concepts au travers de vues 3D ou de maquettes. Mais ceux-là seront visibles seulement à partir du moment où l’on aura atteint, ou pas, un niveau technologique assez important pour les réaliser. Je me sers de ce processus pour faire du design.

Quelles sont tes sources d’inspirations dans ton travail ?

La science-fiction en général. Les questions sociétales et actuelles sur l’écologie, l’éco-conception, telles que “comment vit-on dans un quartier communautaire”. Dans mon scénario de station spatiale, je décris notamment comment les gens y vivent. Quand on est dans l’espace, il n’y a pas d’apport en ressource (quelle qu’elle soit) de la part de la Terre, alors automatiquement on recycle tout, on vit dans un système fermé. Je pense que ça peut nous servir dans nos villes pour créer la vie du futur. Le problème que l’on rencontre aujourd’hui c’est qu’on attend beaucoup de la Terre, mais de notre côté on gaspille et on réutilise très peu de choses. Quand on regarde comment fonctionne la station spatiale internationale on se rend compte que tout est recyclé et réemployé. Je pense que c’est ça notre futur sur Terre. Pour l’instant, on se repose sur nos acquis en pensant qu’on a le temps, mais on se rend compte que le temps presse.

L’année dernière tu as exposé à la Dubaï Design Week, comment as-tu préparé et vécu l’événement ?

A la Dubaï Design Week, le but était de montrer un travail fini qui reflète le thème de “Space, Exploration and Design” choisi pour le pavillon français. J’ai exposé mon projet de fin d’études et je me suis chargé de la scénographie. L’exposition est le fruit d’une collaboration entre l’Institut Français et la Cité du design de Saint-Étienne. Pour l’occasion, j’ai réalisé de nouvelles maquettes plus poussées, avec un design davantage arrêté que celles réalisées pour mon diplôme. Elles ont été imprimées en 3D pour être en accord avec le concept que la NASA a posé sur les futurs habitats martiens.

Quelles émotions souhaites-tu susciter chez le spectateur qui se retrouve devant tes travaux ?

Mon travail doit faire voyager. En tant que designer ce n’est pas mon rôle de rester dans un concept très scientifique en parlant d’Espace. Je dois leur donner envie de se projeter à travers des références de science-fiction. Mon travail est aussi de faire réfléchir sur des questions sociétales, sociales, économiques et écologiques. Pour moi, le design fiction a la même vocation que la science-fiction même si finalement celle-ci se manifeste davantage dans la littérature et le cinéma. Le design concerne plus dans la forme d’un objet ou espace ainsi que leurs fonctions. En termes de retranscription d’émotions, les deux ont la même fonction. Enfin, je dirais que mon travail doit permettre au spectateur d’apprendre quelque chose.

Quels sont tes futurs projets ? Qu’est-ce que l’on peut te souhaiter ?

A cause de la situation sanitaire actuelle, l’avenir est assez incertain. En ce moment, je travaille en tant que graphiste à la Cité du design de Saint-Étienne pour la Biennale Internationale Design qui aura lieu en 2022. Dans un futur proche, j’aimerai continuer mon projet “Une vie sur Mars” car il m’est personnel. Et si un jour nous pouvons refaire une exposition avec de nouvelles maquettes d’ingénierie et un scénario plus construit ce serait avec plaisir. En parallèle de ce travail, j’aimerai tout de même travailler en tant que designer produit en me servant de mes expériences passées et de mon cursus à l’ESADSE. En fin d’année, il est possible que je retourne à Dubaï pour l’exposition universelle pendant la quinzaine dédiée à l’Espace sur le pavillon France. Ce sera l’occasion de revenir sur notre exposition de l’année passée et d’échanger lors d’une conférence sur le thème de la vie sur Mars.

Vous pouvez découvrir le travail d’Anthony sur Instagram et sur LinkedIn.

Propos recueillis par Marie Party

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