Anne Christine Wellenstein : “J’ai besoin de proposer une émotion réelle, qui a été vécue”
Passionnée de peinture depuis son plus jeune âge et artiste peintre depuis deux décennies, Anne Christine Wellenstein nous livre ici la façon dont elle conçoit son œuvre.
Pourriez-vous vous présenter, ainsi que votre parcours ?
Je suis Anne Christine Wellenstein, artiste peintre professionnelle depuis plus de vingt ans. J’ai d’abord fait une formation d’architecte DPLG (diplômé par le gouvernement, ndlr), puis travaillé en tant qu’architecte en freelance pendant dix-huit mois. Mais comme la peinture est ma vraie passion, j’ai pris une année sabbatique il y a une vingtaine d’années, qui ne s’est jamais arrêtée.
A-t-il été difficile, ou au contraire évident, de choisir la peinture après l’architecture ?
Les deux. C’était à la fois une évidence que j’avais une part artistique à accepter mais en même temps, c’était difficile d’assumer auprès de mes proches et de mes professeurs qui avaient cru en moi en tant qu’architecte, qu’après tous les efforts fournis dans cette formation, j’allais faire autre chose. La chance que j’ai eue, c’est d’avoir été très bien entourée par des proches qui ont compris et accepté tout de suite mon choix ; et des professeurs qui n’ont pas forcément compris au début, mais qui, après avoir vu mes premières expositions, m’ont dit que j’avais bien fait.
Comment choisissez-vous vos sujets d’études ?
En général, ce sont des choses qui me touchent, que j’ai vécues. Je me suis toujours laissée porter par mes émotions pour le choix des sujets : des paysages dans lesquels j’ai évolué, des passions comme l’architecture ancienne, les jardins parisiens avec les chaises vides laissées comme au Jardin du Luxembourg, qui racontent l’histoire qui s’est passée juste avant. Je suis aussi inspirée par le cheval, qui fait partie de ma vie et qui est entré dans mon travail il y a peu. Il y a du vécu autour de chaque thème, car j’ai besoin d’aller chercher la poésie d’un instant pour proposer une émotion qui a été vécue. C’est comme ça qu’on est le plus juste.
Comment faites-vous pour retranscrire en peinture cette “poésie de l’instant” : travaillez-vous sur le moment ou est-ce réfléchi en amont ?
Je pense que mon travail reste réfléchi, car c’est un travail d’atelier : je ne pose pas mon chevalet en pleine nature en faisant une toile sur le coup. C’est un travail qui se marque dans le temps, je reste un petit moment sur chaque toile, qui s’inclue dans des séries. Lorsque l’on travaille autour d’une thématique dans une série, l’idée se construit au fur et à mesure que la série prend corps. C’est vraiment quelque chose qui s’inscrit dans le temps et dans le multiple.
Est-ce la raison pour laquelle vous travaillez essentiellement par séries ?
Oui. J’ai besoin de ça, parce qu’une idée en entraîne trois autres. Et ça me permet de changer le point de vue, de raconter une histoire différemment. Je travaille beaucoup à partir de banques de données que j’ai constituées, c’est-à-dire de mes propres photos, que j’étale devant moi ; et à partir de là, je vais raconter une histoire qui est plausible mais qui n’existe pas, en prenant des idées à un endroit puis à un autre pour reconstituer une scène plausible, car nourrie d’éléments réels.
Depuis 2015, vous travaillez sur le cercle avec vos “toiles-bulles” : pourquoi avoir choisi ce format ?
C’est un format qui m’a interpellée, à un moment où j’avais besoin de faire évoluer mon travail. Ce que j’aime dans cette forme, c’est qu’elle est assez étonnante : elle est à la fois très contemporaine, graphique et design mais en même temps historique, car utilisée depuis la Renaissance. Quand j’ai commencé à travailler sur le rond, je me suis rendu compte que ça avait un effet vraiment libérateur pour moi car ça changeait totalement ma manière de composer. Je ne savais pas du tout où ça me menait mais j’ai réalisé qu’il y avait quelque chose d’encore plus poétique et onirique, et que le rond portait la démarche, les thèmes, et ce côté poétique que je recherchais tout en gardant un travail narratif, puisque figuratif. Ça nous ramène aussi à cette idée de faire un zoom sur quelque chose, un peu comme si on regardait à travers une longue-vue.
Vous avez affirmé que “L’inspiration est une vague, avec un creux en son milieu” : comment retrouvez-vous l’inspiration après être arrivée à ce creux ?
Ce creux de vague signifie que lorsqu’on a raconté beaucoup de choses sur un sujet, on a tendance à se répéter et le discours n’a donc rien de neuf, il est moins intéressant. Dans ces cas-là, tout naturellement, je suis attirée par d’autres thèmes. Je travaille d’ailleurs sur plusieurs thèmes en même temps ; si je n’ai rien à dire sur l’architecture, je vais travailler sur d’autres thèmes, les choses se mettent naturellement en sommeil. Le vécu et l’émotion ressentie avec les autres thèmes abordés me redonnent de l’idée.
Retrouvez plus d’informations sur le site internet d’Anne Christine Wellenstein.
Propos recueillis par Chloé Vallot
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