Ami imaginaire : “J’espère devenir un ami invisible qui vous fait du bien”
Ami imaginaire est une artiste parisienne qui peuple la jungle urbaine de chats et autres animaux colorés tout en douceur pour notre plus grand bien-être. Ces animaux graphiques, domestiqués par l’artiste seule, peuvent être aperçus à Paris, Londres, Berlin, et dans des villes de la côte Ouest des États-Unis.
Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
J’ai réalisé mon premier collage dans la rue en 2012, un “petit chat arc-en-ciel”, rue Sainte-Marthe. Mes débuts ont été timides, à savoir des petites pièces discrètes et très peu nombreuses. Ce n’est qu’à partir de 2016 que j’ai commencé à véritablement investir l’espace public et à y prendre du plaisir. Depuis, je manque parfois un peu de temps pour le faire aussi souvent que je le souhaiterais !
Votre style pictural a-t-il évolué ?
À mes yeux, énormément, même si ce n’est pas forcément flagrant. Mon trait, qui était très fin et timide au départ, s’est affirmé au fil des années, il est aujourd’hui plus assuré, mes contours plus épais, plus assumés. Je veux que mes collages soient lisibles de loin, immédiatement, par n’importe qui, adulte ou enfant, et qu’on choisisse de rester à distance ou de s’approcher pour regarder le motif de plus près. J’essaie de tendre vers des contours de plus en plus minimalistes, en opposition à des motifs de plus en plus détaillés.
Quelles ont été vos inspirations ?
L’artiste qui m’a le plus inspirée depuis que je suis enfant n’est autre que Keith Haring, pour ses personnages très minimalistes, ses gros contours noirs, ses couleurs franches. Le travail de Speedy Graphito a eu énormément d’influence sur moi également, pour les mêmes raisons, et pour sa gaieté, aussi. Je m’inspire également beaucoup de motifs traditionnels et de photos animalières.
Vous vous définissez comme street artiste, pour quelles raisons ?
Je me définis comme artiste avant tout, street artiste parce que j’interviens dans la rue, c’est aussi simple que ça !
Travaillez-vous à la bombe ou via d’autres techniques ?
Je travaille un peu à la bombe : les contours et les fonds de mes animaux sont généralement faits au pochoir. Je travaille également beaucoup au marqueur acrylique pour les motifs. J’aime bien mixer les techniques. Pendant le confinement, j’ai commencé à travailler à l’aquarelle, j’étais particulièrement contente de découvrir de nouvelles sensations.
Avez-vous une façon particulière de travailler ?
Mes premiers dessins sont étrangement toujours très petits, pas plus de 10 centimètres. Je commence par dessiner l’animal en me basant sur une photo ou plusieurs, puis je dépouille, je simplifie, jusqu’à arriver à une forme qui soit immédiatement lisible avec le moins de détails possible. Une fois que le design me plaît, je l’agrandis et je le transforme en pochoir.
Réfléchissez-vous beaucoup en amont à vos peintures ?
Cela dépend énormément de mon humeur. Je peins souvent au feeling, selon l’humeur du jour, mais il m’arrive aussi d’avoir des projets plus réfléchis pour lesquels j’effectue un véritable travail de préparation, je réalise des maquettes, etc : c’est particulièrement le cas pour les murs et le travail d’atelier.
Comment choisissez-vous vos spots ?
Je repère assez rarement en amont les spots. Je pars me promener avec ma pochette remplie de collages et j’observe. Parfois, je trouve le spot idéal, parfois non, et dans ce dernier cas je préfère ne rien coller du tout. Certains des dessins dans ma pochette ont plus d’un an, en attente du bon spot ! Pour trouver le bon, la couleur des murs est le facteur numéro un. Mon travail est très coloré et ne s’harmonise pas toujours très bien avec les couleurs qu’on retrouve le plus souvent sur les murs citadins, telles que le beige. Je rêve de villes dans lesquelles tous les murs seraient peints de couleurs vives ! Le cadre, le dialogue entre le collage et l’environnement sont également très importants. J’essaie de faire en sorte que mes animaux s’insèrent dans le paysage urbain comme s’ils avaient toujours vécu là.
Pourquoi retrouvons-nous autant d’animaux et de douceur d’une manière générale dans vos peintures ?
J’ai commencé à peindre ce type d’animal à une période où je n’allais pas bien du tout, j’avais besoin de créer de la douceur et de la légèreté, pour moi-même. La figure du chat est liée à un souvenir d’enfance : lorsque j’en croisais un dans la rue, plus rien n’avait d’importance que d’entrer en contact avec lui. C’est ce petit moment d’insouciance que j’ai voulu partager, un joli instant suspendu où l’on oublie tout.
Avez-vous un message à faire passer via vos créations ?
Ce que je veux partager, avant tout, parce que nous en avons tous énormément besoin, c’est de la légèreté, de la bienveillance. Du rêve et de la bonne humeur. C’est aussi la signification de mon nom d’artiste. J’espère avec mes collages donner un peu de joie, même une seconde, et devenir ainsi un ami invisible qui vous fait du bien. J’adore me dire que mon collage constituera sait-on jamais une petite surprise joyeuse à un passant lors d’une journée maussade.
Pouvez-vous nous dévoiler vos futurs projets ?
Je participerai notamment à une exposition collective fin juin avec Urban Signature intitulée “C’est pas la taille qui compte”, et une deuxième exposition solo courant 2021 si tout va bien ! Et puis, j’espère retourner créer dans la rue très vite !
Pour plus d’informations sur l’exposition “C’est pas la taille qui compte”, cliquez ici.
Retrouvez Ami imaginaire sur son compte Instagram en cliquant ici.
Propos recueillis par Annabelle Reichenbach
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