Alexandre Beretta : “Je puise mon inspiration partout, tout le temps”
De la fresque murale à l’objet d’art, les œuvres d’Alexandre Beretta sont représentatives de sa volonté de multiplier les expériences, de découvrir toutes les facettes de sa personnalité et de nous faire voyager à travers le prisme de sa vision du monde. Rencontre avec ce peintre urbain lyonnais à l’univers artistique protéiforme.
Pour commencer, peux-tu me raconter ton parcours en tant que peintre ?
Après une première année en école de communication visuelle à Paris, j’ai intégré l’école Émile Cohl à Lyon, assez réputée dans le monde de l’art pour la qualité de ses cours. Puis j’ai rejoint la “sous-école” ECohlCité, spécialisée dans la peinture murale pour un cursus de 3 ans, dont j’ai été diplômé en juin 2017. Depuis je parcours le globe avec pour objectif de peindre une fresque dans chaque pays que je visite – ou plus généralement réaliser une action artistique avec la population locale. Avec vingt-deux pays à mon actif, j’avance tout en peignant et menant des actions artistes localement.
Comment décrirais-tu ton univers artistique ?
J’aime à dire que je n’ai pas de style ou d’univers artistique. Je me considère comme un artiste à multiples facettes, capable de répondre à n’importe quelle commande et pouvant donner vie au projet de tout un chacun, allant d’un trompe-l’œil à une peinture abstraite en passant par des portraits de famille ou tout autre demande d’un client. J’aime sortir de ma zone de confort.
Cependant quand on me donne carte blanche, comme c’est le cas par exemple lors de festivals Street Art, j’aime démocratiser la culture et l’Histoire de l’Art, notamment en retranscrivant d’anciennes sculptures plus ou moins connues dans un contexte plus visuel et plus graphique.
Je m’efforce aussi de donner un sens à tous mes travaux. À travers divers moyens comme l’utilisation de symboles, de représentation du sujet ou du fond, je tente de réaliser des fresques qui ont un sens in situ et nulle part ailleurs. J’aime aussi réaliser des travaux en rapport avec l’actualité, notamment sur les problèmes environnementaux, ou encore donner une voix à des minorités.
Quel est ton processus de création ?
Mon processus créatif est toujours le même. Je me renseigne d’abord sur l’environnement direct de la fresque : “Où est situé ce mur ? À qui appartient-il ? Quelle est l’histoire du bâtiment ? Quelle est sa zone géographique ? Quelle histoire relie mon mur aux habitants ?…” Tant de questions et recherches préalables afin d’avoir une œuvre qui, encore une fois, n’a de sens que là où elle est peinte.
Quelle est la place de la couleur dans tes travaux ?
La couleur joue un rôle important dans mon travail. J’aime faire contraster le noir et le blanc avec de la couleur vive. J’aime surtout en utiliser car je constate que tout est de plus en plus monochrome et monotone dans nos vies, que ce soit visuel avec les constructions urbaines, ou encore social à l’image des liens entre les personnes avec l’apparition de nouvelles technologies. Je souhaite ramener de la couleur dans la vie de chacun.
Peux-tu nous en dire plus sur ta performance du “rollerblading painting” que tu as développée ?
À côté de mon activité artistique, je suis athlète professionnel de rollers. J’ai simplement voulu combiner mes deux passions et activités. Cette pratique a vu le jour aux Philippines, lors d’une résidence artistique internationale, l’idée m’est venue d’étaler de la peinture au sol pour peindre dessus à l’aide uniquement de mes rollers. Avec les passages répétitifs de mes roues, j’ai réussi un premier portrait et j’ai vu qu’il y avait un potentiel.
Où trouves-tu tes inspirations pour tes travaux ?
Je puise mon inspiration partout, tout le temps. Je suis quelqu’un d’extrêmement curieux et ouvert, j’adore découvrir et apprendre de nouvelles choses sans cesse. Un tout et un rien peuvent m’inspirer, en fonction de mon envie de traiter tel ou tel sujet à un moment donné de ma vie et de mon environnement direct et indirect.
Plus jeune j’étais très inspiré et touché par les travaux de Banksy et Shepard Fairey. On retrouve notamment ce clin d’œil au travail d’Obey lors de la création de mon visuel YES WE CANut pour sauver le Musée des Tissus de Lyon et empêcher sa fermeture. Il m’a d’ailleurs félicité en personne du travail mis en place : quel moment mémorable que d’avoir son idole d’enfance qui te félicite pour ton boulot !
Selon toi, quelle est la responsabilité de l’artiste ou de l’art face à son environnement, à son époque, à la société ?
L’art est indispensable à notre société, elle a façonné l’être humain et continue ainsi. Un message passe mieux s’il est mis en valeur visuellement. À l’heure où notre société devient de plus en plus superficielle, à la recherche du beau, utilisons ce vice de la société moderne pour en faire une force, utilisons l’esthétique pour transmettre les messages que l’on veut faire passer.
Quels sont tes prochains projets ?
Continuer de voyager, de peindre, et de présenter mes performances de rollerblading painting. J’envisage un projet un peu fou, peindre une fresque à la verticale en rappel avec mes rollers sur une façade.
Retrouvez le travail d’Alexandre sur son Instagram et son site internet.
Propos recueillis par Ludivine Losfelt
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