Alexandra Leykauf au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
L’exposition se tient dans deux salles distinctes. La première salle expose deux reliefs en papier-maché et bois respectivement intitulés Admiralspalast (2008) et Negative cinema (2008). Ces deux pièces réfléchissent à la fois l’architecture et le cinéma tout en se présentant sous forme de sculptures/tableaux ; une logique complexe qui mériterait une bonne mise en valeur afin de bien cerner le projet et la pensée de l’artiste. Mais il est malheureusement difficile d’appréhender leur qualité tant ces travaux sont mal scénographiés et donc peu accessibles. Admettons que cette salle ressemble plus à un lieu de passage qu’à une salle d’exposition faisant de ces œuvres des éléments presque anecdotiques et décoratifs.
Mais il ne faut surtout pas rater cette exposition pour sa seconde salle. L’artiste y superpose deux créations : Salle noire (2010) constituée de photocopies de photos de la salle citée en noir et blanc collées sur les murs ; et Château de Bagatelle (2010) cette fois constituée de cinq projections de quatre-vingt diapositives d’éléments architecturaux photographiés en noir et blanc. Cette salle est toute en profondeur, une forme étirée que l’artiste jalonne de ses installations projetant toutes les mêmes photos dans le désordre en se jouant de leur rigueur architecturale. Les projections sont en effet toutes déformées, anamorphosées, les images deviennent des trapèzes et très souvent se couchent à moitié sur le sol gris avant de se cogner aux murs gris. Cette couleur, a priori inadaptée à une projection photographique teinte d’une noirceur inquiétante des images dont on devine qu’elles étaient initialement très lumineuses.
Cette installation oblige à passer dans le faisceau de lumière projetant alors les ombres des visiteurs aveuglés. Cet aspect d’abord gênant, participe pleinement à l’œuvre en superposant cette présence humaine par le jeu des ombres et donc du double et installe des fantômes dans ces architectures désertes.
L’installation d’Alexandra Leykauf est d’une très grande intensité émotionnelle. Plongé au sein de ces images à la fois belles et inquiétantes, bercé par le son mécanique pénible mais obsédant des projecteurs de diapositives, le spectateur voit tout son corps inscrit et porté dans une expérience sensible à part entière où son corps pénètre et est pénétré par l’œuvre.
Lorraine Alexandre
Alexandra Leykauf
Jusqu’au 27 juin 2010
Tous les jours sauf lundi et fériés
10h-18h, nocturne le jeudi jusqu’à 22h
Entrée libre
Renseignements au : 01 53 67 40 00
Le jeudi 6 mai à 19h, Alexandra Leykauf s’entretiendra avec la critique d’art Sophie Berrebi sur l’exposition et sur les orientations de son travail//renseignements : 01 53 67 40 95
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris / la Salle noire
11 avenue du Président Wilson
75016 Paris
Métro Iéna
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