Affordable Art Fair Bruxelles fête ses 10 ans
Pour sa 10e édition bruxelloise, l’Affordable Art Fair accueille jusqu’au 18 mars 2018, à Tour & Taxis, plus de 90 galeries belges et internationales. L’occasion de découvrir de nouveaux artistes et des œuvres inédites, adaptées à toutes les bourses. De quoi prendre le contre-pied de la spéculation à l’œuvre sur le marché de l’art contemporain !
Rendez-vous culturel incontournable
Concept international implanté dans douze villes sur trois continents, l’Affordable Art Fair est réputée, autant pour son ambiance conviviale, que pour la qualité, l’originalité et la diversité des galeries participantes. En 10 ans, la foire bruxelloise est effectivement devenue un rendez-vous culturel incontournable : « L’an dernier, nous avions accueilli près de 18 000 visiteurs », s’enthousiasment les directrices de la foire Géraldine Hubot et Louise Malfait, ravies de pouvoir sensibiliser le grand public à l’art contemporain, avec des œuvres de 60 à 6 000 €.
Sur les 94 galeries présentes, relevons 29 nouvelles venues qui sauront satisfaire ceux en quête de coups de cœur à des prix abordables. Car, à l’affût de talents émergents, les collectionneurs chevronnés y trouvent leur compte, tandis que les amateurs d’art débutants s’initient en douceur.
Une centaine de galeries
Au nombre des exposants belges, figurent plusieurs galeries bruxelloises intéressantes, notamment LKFF, spécialisée dans la sculpture contemporaine, ainsi qu’ART22 Gallery et Macadam Gallery, deux lieux implantés au cœur des Marolles. La galerie Artelli (Anvers) met en avant le plasticien flamand Albert Pepermans. La galerie Winwood (Knokke) propose des lithos d’artistes tels Pierre Alechinsky et Panamarenko.
Parmi les participants internationaux, à noter la présence de plusieurs galeries françaises, dont la galerie Art Jingle (Paris) qui expose le génial Robert Combas, le Container (Marseille) la galerie Saltiel (Aix-en-Provence), la galerie des Tuilliers (Lyon), Lill’Art Gallery (Lille). Et bien sûr, de nombreuses autres européennes, voire quelques asiatiques et une américaine.
Young Talents : dans l’ADN d’Affordable Art Fair
Chaque année, la foire organise son concours Young Talents, dont la procédure de sélection se déroule entièrement en ligne. Pour l’édition 2018, c’est La peau de l’ours qui est chargée de départager les artistes débutants. La plateforme en ligne bruxelloise dédiée aux nouveaux collectionneurs d’art contemporain dispose également d’un stand, où elle accueille le plasticien néerlandais Fabrice Hermans. Celui-ci a réalisé pour l’occasion une série limitée proposée en primeur aux visiteurs de la foire.
De plus, les quatre lauréats du concours To Be Antwerp exposent également durant la foire. La collaboration avec chaque artiste va bien au-delà de l’événement, puisque La peau de l’ours a suivi le parcours et l’évolution de chacun pendant un an.
Invités spéciaux
Oli-B, le street artist belge connu pour sa palette particulièrement colorée, a été invité à peindre une fresque murale, en partenariat ave la Galerie Macadam. Après nos villes, l’artiste investit nos intérieurs. Courbes douces, formes organiques, teintes vives s’équilibrent dans une composition qui flirte avec le mouvement de la figuration libre. Une explosion de joie et un vrai talent.
Un stand permet d’apprécier une partie de la collection de Chalk Custom Board Project, un collectif ouvert d’artistes issus d’univers différents (graphistes, peintres, artistes de rue, graveurs, façonneurs de bois, sérigraphistes, tatoueurs etc.). Les skateboards sont personnalisés selon une règle simple : le processus est unique et fait main, quelle que soit la technique utilisée. Et on peut même assister à des séances de peinture en direct.
L’artiste belgo-thaïlandais TAAI et le collectif LOUVES surprennent aussi, le premier avec une construction abstraite toute en lumière, le second avec une installation originale. Ce nouveau collectif bruxellois et féminin a créé Utopies, une gigantesque fresque qu’on ne peut pas rater en quittant la foire. On y retrouve la patte de Cathy, graphiste designer, et de Clarisse, illustratrice et art thérapeute. Elles ont invité Fauves, un atelier floral féminin, à participer à l’installation végétale. Les imprimés graphiques en noir et blanc qui s’y répètent créent un papier peint pour le moins étonnant. Le végétal ajoute une dimension 3D vivante. Une création unique.
Coups de cœur : notre top 5
Pour commencer, une galerie : Raquelle Azran Vietnamese Contemporary Fine Art, présente à Hanoi, New York et Tel Aviv, expose, comme son nom l’indique, le travail de plusieurs artistes vietnamiens. Le papier de riz fait main et la peinture laquée traditionnelle sont mariés à l’huile, la gouache, l’aquarelle. Les techniques relient passé et présent , tout comme les motifs et les concepts d’espaces typiquement asiatiques, influencés par tous les courants de l’art moderne. Ce mélange unique de sensibilités orientale et occidentale remonte à la création de l’École des Beaux-Arts de Hanoi, en 1925, par l’artiste français Victor Tardieu (un ami de Matisse) et continue à inspirer l’esthétique vietnamienne.
Inspirée par Klimt, Trinh Tuan, réalise des laques figuratives à la puissance expressive rare. D’une œuvre à un autre, on retrouve la même femme, tantôt assaillie par la tristesse, tantôt transfigurée par la paix ou transcendée par l’amour. Couleurs et formes traduisent magnifiquement la richesse de toutes les émotions humaines.
Dinh Thi Tham Poong présente la vie quotidienne de minorités ethniques, portant souvent des tenues traditionnelles et peintes sur des paysages imaginaires. Très colorées, avec force détails, ses peintures décrivent la relation étroite entre les gens et le monde naturel en intégrant souvent des éléments surréalistes. Ses œuvres, très raffinées, sont exécutées en aquarelle sur du papier manuscrit.
Dinh Hanh est un des artistes les plus établis et respectés au Viêt-Nam aujourd’hui. Il exploite le moyen traditionnel de laque sur bois, mais avec une approche moderne. Son approche gracieuse de la féminité, toute en courbes, n’est pas sans évoquer Matisse. D’une grande pureté, qui confine à l’abstraction, ses œuvres marque les esprits.
Changeons de continent ! Marina Anaya, artiste espagnole représentée par Retrospect Galleries (Australie) est prolifique. Elle réalise des peintures, gravures, illustrations, sculptures, toutes aussi inspirées les unes que les autres. Amatrice de couleurs vives et de contrastes, experte en composition, elle approfondit le thème de l’amour de façon originale, avec une vitalité débordante.
Michelle Y Williams, peintre et sculpteur américaine représentée par la galerie Paris 8, aime les imperfections, comme la rouille et l’asymétrie. Abstraites, ses plaques en plexiglas mêle les techniques : acrylique, huile, sable et pigments naturels, métal. Chacune comporte un vif intérêt, mais l’ensemble est du pus bel effet.
Le Collectif Lumen de Leipzig présente Iris Project. Les artistes Felix Mayrl et Olivier Colin ont développé un dispositif spécial et un procédé pour la macro photo d’iris humaine. Au-delà de la qualité technique, le concept et la démarche frappent par leur originalité. En outre, les visiteurs ont la possibilité de faire photographier leur propre œil sur place.
Membrane colorée située entre le blanc de l’œil et la pupille, l’iris est composé d’une multitude de tubes très fins qui s’entrecroisent, procurant à l’iris une forme particulière et unique qui ne varie que très peu au cours d’une vie. Fascinantes, ces images mettent en évidence la beauté infinie de la nature humaine, la singularité de chaque être, mais aussi l’universalité. Lignes, textures, couleurs sont uniques et relèvent du patrimoine génétique. Toutefois, à travers ce prisme, les artistes souhaitent ainsi relier les hommes, mêmes dans le pire des conflits, comme entre Israëliens et Palestiniens.
Représenté par la galerie Macadam, le français Émeric Chantier végétalise des parties du corps, transforme et détourne des objets. En intégrant des végétaux séchés à des matières industriels et ménagères, il compose non seulement des œuvres protéiformes. Il propose des lectures multiples. Si son travail repose sur le principe de la récupération, Émeric ne reproduit pas la nature et, sans être militante, sa démarche amène subtilement chacun de nous à se demander comment on se positionne par rapport à elle et sa préservation.
Ses œuvres, très remarquées, interpellent tant par l’originalité des matières travaillées, que par la minutie de l’exécution et la dextérité technique. Incroyable cette densité dans l’infiniment petit ! Son univers, emprunt d’humanisme et de poésie, fourmille de vie (lire aussi ici).
Sarah Meneghello
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