Adrien Herda : de l’inconscient à la création
Connu principalement pour ses dessins de presse et d’édition, l’illustrateur Adrien Herda nous confie aujourd’hui ses inspirations et son désir d’une liberté créatrice, celle du royaume énigmatique de l’inconscient.
Qu’est-ce qui t’a donné envie d’être illustrateur ?
J’ai commencé à dessiner jeune, mais l’idée d’en faire un métier s’est précisée petit à petit, à travers mes années d’études, au contact des professeurs, des camarades de classe et d’artistes dont les rencontres ont confirmé mes choix. J’avais aussi l’envie de raconter des histoires et d’évoluer dans un milieu dans lequel on peut s’exprimer en créant, et en étant absolument libre. Mais c’est aussi et surtout en lisant et en me faisant une culture en matière de BD, de livres illustrés et de romans.
Quelles sont les thématiques qui t’inspirent ?
En général, les thématiques qui me plaisent particulièrement sont celles qui permettent une plus grande liberté et qui touchent à l’imaginaire, au monde onirique. Pour l’instant, je travaille principalement dans l’illustration presse et édition, mais dans les petites histoires que je fais pour les fanzines ou dans mes travaux personnels, je m’inspire beaucoup du rêve. C’est aussi lié à ma façon de travailler : j’aime bien partir de la forme et dessiner ou écrire au hasard puis trouver un sens là-dedans ; partir de l’inconscient et voir ce que ça peut amener en créativité. J’aime beaucoup les surréalistes par exemple.
Tu réalises de nombreuses illustrations pour la presse, est-ce que ce travail influence tes productions personnelles ?
Oui complètement ! J’ai trouvé une sorte de cadre dans la contrainte de la presse qui m’a permis d’évoluer à la fois dans mon style graphique mais aussi dans ma façon de raconter, en métaphore par exemple, en figure de style – en général dessiné – et en analogie. Je crois que c’est un langage qui vient beaucoup de la presse, du dessin d’idée et que j’ai pu exploiter à travers ce genre de commande. En quelques sortes, ça m’a permis de trouver un langage que je n’avais pas encore à la sortie de l’école.
Tu investis aussi l’imaginaire enfantin en illustrant le webzine Cuistax. Quel est le plus gros challenge, dessiner pour les adultes ou pour les enfants ?
La jeunesse c’est un langage que je maîtrise un peu moins que celui pour adulte, mais au final je me rends compte qu’il y a toujours un lien qui se crée avec mes dessins. Parfois ce n’est pas si éloigné de ce que je fais, il suffit d’adapter un peu. Même si je suis moins lié au monde de l’enfance, il faut toujours essayer d’aller là où l’on est le moins à l’aise. C’est plus un exercice pour moi, j’essaye de me mettre au niveau des enfants, tout en les ouvrant à un imaginaire riche.
En août dernier tu as publié le Manuel de Civilité Biohardcore avec Antoine Boute et Stéphane de Groef. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
C’est un projet un peu particulier et carrément hybride ! Dans un souci de cohérence graphique je me suis beaucoup détaché de ce que je fais d’habitude pour aller vers un style qui est plus proche de celui de Stéphane. Pour moi c’était très expérimental et ça m’a permis de sortir de ma zone de confort. On a travaillé à partir des textes d’Antoine Boute qui nous demandait des choses beaucoup plus rentre dedans, assez trash et parfois très premier degré, comparé à ce qu’on a l’habitude de faire. Normalement, on attend d’un illustrateur un second niveau de lecture, là on était très direct par rapport au texte, c’était un parti pris marrant. On s’est beaucoup amusé à le faire, il y avait un côté très libérateur.
Un projet que tu aimerais réaliser ?
Un livre solo, ça me plairait bien, avec l’idée toujours de partir de mon inconscient ! J’aimerais beaucoup faire quelque chose qui soit entre bande dessinée et livre d’illustration, avec une grande importance pour le texte et l’image mais aussi un peu de travail en séquence de temps en temps.
Pour découvrir le travail d’Adrien Herda, rendez-vous sur son site Internet ainsi que sur sa page Instagram.
Propos recueillis par Hélène de Montalembert
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