Adrien Cicero : « Tout ce qui est beau est utile »
Adrien Cicero : « Tout ce qui est beau est utile. » |
« Tout ce qui est beau est utile. » Cette phrase chère à Léonard pourrait caractériser le style foisonnant de notre artiste. Déjà, Adrien Cicero joue de la trompette depuis une enfance passée à l’école et au Conservatoire, de la guitare, prend des photos… Bref, un artiste complet à l’image de Vinci. Mais il y a plus.
Depuis qu’il sait lire et écrire, Adrien dessine et peint. D’ailleurs, il ne sait pas vraiment quand ni comment tout cela s’est mis en place. Une histoire d’intuition, d’humeur et d’instinct. Un besoin vital si l’on voulait parler en termes animaux. A voir son travail, il est périlleux d’y repérer un style. Et pourtant, derrière des séries qui se lient autour d’indiens du Mexique, d’animaux (à l’envi, squelettes d’oiseaux, canards si l’on veut, renards, félins…), de Saint Jérôme, de perspectives de la renaissance où pleurent des piétas et de plongées à la Bosch ou à la Bruegel l’Ancien dans des minuties de détails affolants, on détecte une patte : sèche et nerveuse, la main armée de pastels huileux ou d’huile en tubes sur toile ou papier s’arrête sur des aspérités, reprend, coordonne, soigne les couleurs, abandonne, reprend encore, casse le cadre pour « déborder » la notion de limite, laisse faire le hasard d’une tache de pot pour en faire un ornement, mais le résultat n’est jamais gratuit à l’arrivée. Pour Adrien qui a apprécié le travail de Cunningham en danse, on pourrait dire que l’aléatoire se fait règle subreptice. C’est là, dans son atelier, comme au milieu du chaos, que se façonnent séries mystiques ou saignées de verve urbaine à un retour de Berlin, à travers toiles et carnets de dessins. Rarement achevé, le trait rappelle que l’œuvre d’art consiste à lâcher prise et à ne jamais savoir où le pinceau guidera le peintre. Comme Alain le rappelait dans son Système des Beaux-Arts, là où l’artisanat sait d’avance, l’art tâtonne jusqu’au bout et c’est précisément ceci qui le caractérise ; ce voyage en terre inconnue, cet aller simple dont Heidegger faisait l’éloge dans ses Chemins… Et si l’on tenait à ce point à faire un bestiaire philosophique, on terminerait par Nietzsche jubilant de détruire le génie kantien en rappelant que tout art n’est jamais que du travail. Car Adrien Cicero, acharné, rigoureux, insatisfait, trie, rejette, reprend, produit chaque jour. Et si la voix est nerveuse et l’allure mal assurée, qu’importe ; l’œuvre, protéiforme, saisissant de moments d’enfance volés, est un exutoire rassurant où, brûlant les catégories de réalisme et d’abstraction, viennent se consumer nos angoisses les plus profondes et se développer nos extases les plus surprenantes. Sublimation ou exaltation ? Tout ce qui est beau est utile. Bérengère Alfort [Visuel : Adrien Cicero, “Struktura(liste)”, 2009, techniques mixtes sur toile, 100 x 100 cm; Sans–Titre, 2012. 110 x 70. Courtesy de l’artiste] |
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