À l’Opéra de Paris, “La Bayadère”
Créée en 1992, La Bayadère est la dernière œuvre de Rudolf Noureev. Testament artistique du chorégraphe qui décèdera quelques mois après la première, ce ballet tient une place à part dans le répertoire de la compagnie. Cette nouvelle série est l’occasion de découvrir, aux côtés des étoiles, une nouvelle génération d’artistes.
La première version de La Bayadère a été créée en 1877 par Marius Petipa pour le théâtre impérial de Saint-Pétersbourg. Depuis cette création, les amours tragiques de la danseuse sacrée Nikiya avec le guerrier Solor ont donné lieu à de nombreuses versions, plus ou moins fidèles à l’œuvre d’origine. La version de Rudolf Noureev reprend les éléments du ballet de Petipa qu’il avait dansé tout jeune soliste au Kirov, tout en y apportant quelques évolutions dans la chorégraphie et la dramaturgie. La danseuse étoile Myriam Ould-Braham fait partie des titulaires du rôle de Nikiya pour cette série. Sa danse tout en raffinement fait d’elle l’incarnation d’une danseuse sacrée poétique et tragique. Avec elle, la bayadère est l’amoureuse pure, sacrifiée sur l’autel des convenances et des ambitions bien terrestres. Francesco Mura est un Solor très aristocratique. Premier danseur depuis 2020, il s’agit là d’un de ses premiers grands rôles. Son style, en élégance et en retenue, s’accorde bien avec Myriam Ould-Braham : les deux artistes nous offrent des pas de deux particulièrement émouvants.
D’un point de vue dramatique, l’interprétation de Francesco Mura aurait pu être plus affirmée. Le rôle de Gamzatti est assuré par Bleuenn Battistoni, sujet dans la compagnie. Pour ce rôle techniquement flamboyant, la danseuse a su faire montre de belle qualité d’interprétation même si la scène de la confrontation avec Nikiya aurait pu être plus mordante.
La Bayadère c’est aussi de multiples scènes d’ensemble et de variations et le dernier acte avec sa fameuse scène en blanc où les fantômes des bayadères viennent hanter les songes de Solor. Le corps de ballet a su, une fois de plus, faire oublier l’incroyable difficulté de cette scène pour réussir à créer la dimension onirique sur laquelle se finit la pièce. Trente après sa création, cette production est toujours un émerveillement, à découvrir ou redécouvrir.
Stéphanie Nègre
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