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5 lits d’artistes contemporains dans lesquels on n’aimerait pas se coucher

Anna Bouloux 22 mars 2022
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Tracey Emin, My Bed (1998) © Christie's

De L’Odalisque de François Boucher au Nu couché de Modigliani, la représentation du lit jalonne l’Histoire de l’Art. S’il a longtemps été relégué au second plan d’un tableau, servant une figure féminine à la pose lascive, il devient une œuvre d’art à part entière chez les artistes contemporains. Par le biais d’installations et de sculptures souvent dérangeantes, parfois controversées, certains artistes contemporains mettent à l’honneur cet objet du quotidien. Retour sur cinq œuvres phares représentant des lits qui nous ont fait rêver (ou cauchemarder).

1- Bed, Robert Rauschenberg (1955)

Robert Rauschenberg, Bed (1955) © Robert Rauschenberg Foundation

Le Bed de Robert Rauschenberg (1925-2008) n’en est pas vraiment un. À défaut de pouvoir s’offrir une toile traditionnelle, Rauschenberg conçoit un support des plus originaux. Il décide de fixer son oreiller, ses draps et son édredon sur un support de bois. Bed constitue l’une des “combines” de l’artiste : une œuvre mêlant objets trouvés et technique picturale. Ici, des projections de peinture à la Jackson Pollock. L’œuvre, qui appartient désormais au Museum of Modern Art de New York, était considérée par l’artiste comme une sorte d’autoportrait. En effet, elle se situe à mi-chemin entre l’art et la vie, là où l’artiste puisait son inspiration.

2- Always There, Julia Scher (1994)

Julia Scher, Always There (1994), Surveillance Bed series, © Esther Schipper

Cette œuvre est issue de la série Surveillance Bed de Julia Scher, artiste américaine née en 1954. L’intelligence artificielle et la vidéosurveillance du citoyen lambda sont des thèmes chers au travail de l’artiste. Pour la réalisation de ses œuvres teintées de dystopie, Julia Scher utilise une pluralité de médiums : de la performance aux installations, en passant par la vidéo. En prime, l’artiste fait intervenir de faux agents de sécurité habillés de rose poudré lors de ses expositions. Creepy.

3- My Bed, Tracey Emin (1998)

Tracey Emin, My Bed (1998) © Christie’s

Si My Bed est indéniablement l’œuvre la plus connue de ce top 5, elle est aussi la plus controversée. Tracey Emin est une artiste britannique née en 1963. En 1998, elle expose My Bed à la Tate Gallery de Londres. L’installation présente un lit dans lequel elle aurait passé plusieurs jours, accablée de chagrin, suite à une rupture amoureuse. Le public s’indigne : les draps sont tâchés, le sol est jonché de préservatifs, de mouchoirs usagés et autres cadavres de bouteilles. N’en déplaise aux polémistes, l’œuvre vaudra à Emin d’être sélectionnée pour le prix Turner 1999, l’un des plus prestigieux dans le monde de l’art contemporain. En 2014, My Bed est vendue 2,8 millions d’euros chez Christie’s.

4- In Bed, Ron Mueck (2005)

Ron Mueck, In Bed (2005). Vue de l’exposition Ron Mueck, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 2005 © Patrick Gries

In Bed est l’une des nombreuses sculptures surdimensionnées réalisées par Ron Mueck. Les parents de l’artiste australien étaient fabricants de jouets en bois et de poupées. Lui se fait connaître pour sa production de sculptures aux proportions démesurées, qu’elles soient gigantesques ou minuscules. Figure majeure de l’hyperréalisme, Mueck sculpte les corps et les visages avec minutie : pilosité, rougeurs, cernes et rides sont fidèlement reproduits. In Bed représente une femme de 6 mètres de long au regard soucieux. L’œuvre est acquise par la Fondation Cartier pour l’art contemporain en 2006. 

5- Sleeping is like death, Chiharu Shiota (2016)

Chiharu Shiota, Sleeping is like death (2016). Vue de l’exposition Sleeping is like death à la Galerie Daniel Templon de Bruxelles © Isabelle Arthurs

Beaucoup de gens naissent, mais aussi meurent dans un lit“. Cette affirmation de l’artiste est à l’origine de l’installation Sleeping is like death, exposée à la galerie Templon de Bruxelles en 2016. Son travail est notamment caractérisé par l’utilisation de fils rouges et noirs. Les fils noirs évoquent l’univers, tandis que les fils rouges sont associés au corps humain. À l’occasion de l’exposition, l’artiste décide de doubler l’installation d’une performance : des femmes s’allongent dans les lits et s’y endorment. L’œuvre est ainsi complétée.


Anna Bouloux

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