Calder I Prouvé – Gagosian Le Bourget
« Le sens sous‐jacent de mon oeuvre fut le système de l’Univers, ou en partie… Je veux dire par là que l’idée de corps détachés flottant dans l’espace, de corps de dimensions et de densités différentes, peut‐être de couleurs et de chaleurs différentes, environnés et entrelacés de substance gazeuse, les uns immobiles tandis que d’autres bougent suivant leur propre rythme; tous ces corps me paraissent l’origine idéale des formes.» – Alexander Calder
« Tout objet à créer impose à la base une ‘idée constructive’ rigoureusement réalisable. L’idée constructive, c’est d’abord la compréhension d’une totalité d’un ensemble.» ‐ Jean Prouvé
L’invention du mobile par Calder (un terme formulé par Marcel Duchamp pour décrire ces nouvelles sculptures cinétiques), résonne à la fois avec les débuts de l’art conceptuel et du constructivisme mais aussi avec le langage des débuts de la peinture abstraite. Des éléments plats de formes abstraites, en métal et peints de couleurs primaires, ou en blanc et noir, sont suspendus en parfait équilibre à l’aide de câbles fins.
Si l’énergie latente et le dynamisme des mobiles ont constitué l’intérêt principal de Calder durant sa vie, il a aussi créé d’importantes sculptures statiques que Jean Arp surnomma « stabile », afin de les distinguer de leurs pendants cinétiques en suspension. Les mobiles et stabiles sont conçus à partir de techniques variées de soudure et d’assemblage afin de produire des œuvres en métal qui, se défaisant de toute impression de poids ou de solidité de la masse sculpturale, permettent cependant à l’objet d’habiter l’espace de manière tridimensionnelle, tout en demeurant linéaire, ouvert, plane et suggestif de mouvement.
Prouvé est mondialement reconnu comme l’un des designers industriels les plus influents du XXe siècle. L’envergure de son oeuvre a fortement touché la conscience collective grâce à un design élégant et audacieux et à une économie de moyens. Professeur passionné, ingénieur et artisan, ainsi qu’architecte et designer autodidacte, sa carrière s’est étendue sur plus de soixante ans.
Durant ces années il a développé et produit du mobilier d’habitat, de bureaux et de classes d’écoles mais aussi des maisons préfabriquées, des éléments de construction et des façades d‘architecture dans les Ateliers Jean Prouvé et dans son usine à Maxéville. En combinant recherche, développement de prototypes et production, il fut un pionnier dans l’établissement de constructions industrielles mécanisées, différant de la pratique artisanale.
Calder et Prouvé se sont rencontrés au début des années 1950. Ils ont eu une correspondance régulière entre les voyages fréquents de Calder à Paris, durant laquelle ils échangèrent leurs idées sur l’architecture et la sculpture. En 1958, Calder et Prouvé ont collaboré à la construction de la base en acier de l’oeuvre La Spirale, un mobile monumental construit pour le site de l’Unesco à Paris. Plus tard, Calder donna deux mobiles à Prouvé ainsi qu’une gouache dédicacée.
« Calder I Prouvé », l’exposition installée dans le grand espace de Gagosian Gallery au Bourget, évoque les comparaisons dans leur production à la fois vaste et expressive : le recours à de nouvelles technologies dont les deux amis et collaborateurs ont fait preuve dans leurs pratiques parallèles en tant qu’artiste et designer. Les mobiles de Calder – Rouge triomphant (1959-963), Plants and Shoots (1966) et Les trois barres (1970) sont de parfaites études de la forme et de la couleur cinétique abstraite, tandis que Stabile (1975), une sculpture imposante en tôle boulonnée – démontre la maitrise des principes de gravité avec ses arcs en acier lourds portés miraculeusement par seulement quelques points de contact avec le sol. Les lignes fortes et caractéristiques de Prouvé sont visibles dans ses projets architecturaux et dans son mobilier, ainsi que le démontrent Pavillon démontable (1944), Potence (1950), Table Flavigny n°504 (1951), Brise-soleil en aluminium (1957) et Station essence Total (1969), tandis que la géométrie enjouée et la lumineuse couleur bleue turquoise de la Chaise Métropole n°305 (1953) fait écho aux sensibilités les plus fantaisistes de Calder. Ces oeuvres témoignent de l’échange fructueux de ces deux géants du modernisme dans ses aspirations les plus utopiques.
Alexander Calder est né en Pennsylvanie en 1898. Il a étudié au Stevens Institute of Technology and Art Students League. Il est mort à New York City en 1976. On retrouve ses œuvres dans des collections publiques et privées à travers le monde : le Whitney Museum of American Art, New York; le Museum of Modern Art, New York ; le Centre Georges Pompidou, Paris et la National Gallery of Art, Washington, D.C. Les commandes publiques de Calder sont visibles dans le monde entier et son travail a fait l’objet de centainesd’expositions dansles musées, parmi lesquelles: « Alexander Calder: 1898-1976 », National Gallery of Art, Washington, D.C., (1998, puis au San Francisco Museum of Modern Art) ; « Calder: Gravity and Grace », Guggenheim Museum, Bilbao, (2003, puis au Reina Sofia, Madrid) ; « The Surreal Calder », The Menil Collection, Houston, (2005, puis au San Francisco Museum of Modern Art et le Minneapolis Institute of Arts en 2006) ; « Calder Jewelry », Norton Museum of Art, West Palm Beach, (2008, exposition itinérante au Philadelphia Museum, Metropolitan Museum, New York, Irish Museum of Modern Art, San Diego Museum of Art, et le Grand Rapids Art Museum) ; « Alexander Calder: The Paris Years, 1926‐1933 », Whitney Museum of American Art, New York, (2008, puis exposée au Centre Pompidou, Paris et à l’Art Gallery of Ontario, Toronto) ; « Calder », Palazzo delle Esposizioni, Rome (2009-°©‐2010); « Alexander Calder: A Balancing Act » Seattle Art Museum (2009-2010); « Alexander Calder and Contemporary Art », Museum of Contemporary Art, Chicago, (2010, exposition itinérante à l’Orange County Museum of Art, Newport Beach, CA et le Nasher Sculpture Center, Dallas) ; « Calder’s Portraits: A New Language », National Portrait Gallery, Washington, D.C. (2011) et « Calder », Leeum, Samsung Museum of Art, Seoul, (2011). La « Calder Gallery » est exposée à la Fondation Beyeler, Riehen, en Suisse en Mai 2013.
Jean Prouvé est né à Nancy, en France en 1901. Il y est mort en 1984. Son travail fait partie des grandes collections publiques et privées, à travers le monde parmi lesquelles celle du Centre Pompidou, Paris et du Museum of Modern Art, New York. Parmi les expositions majeures, on peut compter : « Jean Prouvé : Constructeur, 1901-1984 », Centre Pompidou, Paris (1990‐1991) ; « Jean Prouvé: Three Nomadic Structures », Pacific Design Center, Museum of Contemporary Art, Los Angeles (2005) ; « Jean Prouvé: A Tropical House », Hammer Museum, Los Angeles (2006) ; « Jean Prouvé: The Poetics of the Technical Object », Vitra Design Museum, Weil am Rhein, Allemagne (2006-2007, exposée ensuite au Kamakura Museum of Modern Art ; Deutsches Architekturmuseum, Frankfurt ; Netherlands Architecture Institute, Maastricht ; Hotel de Ville de Boulogne‐Billancourt, Paris ; Design Museum, London ; le Museo dell’Ara Pacis de Rome et une multi‐exposition, multi-venue tribute au Musée des beaux-arts, Nancy, France (2012). L’exposition « A Passion for Jean Prouvé: From Furniture to Architecture » est montrée à la Pinacoteca Agnelli, à Turin jusqu’en septembre 2013. Galerie Patrick Seguin est spécialisée dans le design et l’architecture français du XXe siècle, notamment Jean Prouvé, Charlotte Perriand, Le Corbusier, Pierre Jeanneret et Jean Royère. En 2004, Seguin présente les oeuvres de Jean Prouvé et Charlotte Perriand chez Gagosian Gallery à Los Angeles. Les deux galeries renouvellent leur collaboration en présentant en 2008 les sculptures assemblées de Richard Prince à la Galerie Patrick Seguin à Paris et en 2010, une exposition de l’architecture préfabriquée de Prouvé lors de l’inauguration du Project Space de Gagosian Gallery Paris.
Calder I Prouvé
Du 8 juin au 2 novembre 2013
Du mardi au samedi, de 11h à 19h
Vernissage le samedi 8 juin à 18h
Gagosian Le Bourget
800 Avenue de l’Europe
93350 Le Bourget
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Mario Mertz (Gagosian Gallery Paris, du 30 mai au 25 juin 2013)
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