L’Europe de Rubens – musée Louvre-Lens
La première exposition internationale du Louvre-Lens vise à éclairer l’époque de Rubens, à travers plus de 170 œuvres de l’artiste, de ses modèles et de quelques-uns de ses contemporains, issues des collections du Louvre et de prestigieux musées européens et américains.
Évoquant la culture artistique européenne qui compta pour Rubens, l’exposition rassemble à la fois des peintures, dessins, sculptures et objets d’art. Elle tente de restituer le dynamisme de la création rubénienne et traduit le caractère spectaculaire de son inspiration. Elle offre aussi des moments intimes, dévoilant un Rubens plus personnel.
Pour la clarté du propos, l’exposition est organisée thématiquement.
L’Europe des cours
En 1600, Rubens est recruté par le duc de Mantoue, Vincent Gonzague, pour venir travailler en Italie. Le séjour italien de Rubens, qui dure jusqu’en 1608, constitue la grande phase de maturation et d’envolée créatrice dans laquelle il n’eut de cesse de puiser par la suite.
La première mission diplomatique de Rubens est sans doute celle qu’il eut à remplir en 1603. Il alla en Espagne porter un ensemble de somptueux présents au roi Philippe III. Cette ambassade rappelle l’importance, dans la carrière de Rubens, du monde habsbourgeois. Rubens est un pur produit des Pays-Bas du Sud, sous domination espagnole, et le duc de Mantoue est d’ailleurs lui-même un vassal de l’empereur Rodolphe de Habsbourg.
Rappelé en terres !amandes par la mort de sa mère, Rubens se fixe alors à Anvers où il développe un atelier actif pour l’Europe entière. Dans les années 1620, il œuvre au service de Marie de Médicis ou d’Isabelle Claire Eugénie, souveraine des Pays-Bas espagnols.
Cette section de l’exposition est marquée par une formidable galerie de portraits des puissants du temps. Elle illustre l’intrication des réseaux dynastiques européens : Médicis, Habsbourg, Stuarts, Bourbons. Rubens a œuvré pour l’Europe entière, pour ce qu’elle comptait de plus puissant.
Foi baroque et émotion religieuse
Rubens est le peintre des grandes compositions catholiques par excellence. Passé maître en orchestration des pompes de la Contre-Réforme, il a mis en forme comme personne le triomphe de l’Église romaine. Cet engagement est dans la droite ligne d’une vie passée au service des princes Habsbourg.
Pour autant, on aurait tort d’imaginer les œuvres religieuses du Flamand comme de grandes machines dépourvues de sentiment. Il y a en effet chez Rubens une fraîcheur dans la restitution des épisodes bibliques, une émotion dans le récit de la Passion, une grandeur dans la figuration du Christ et des saints, qui étonnent. Il est remarquable que ses créations les plus pieuses soient toujours gracieuses ou déchirantes. Évoquant les passions de l’âme chrétienne, les peintures de Rubens se veulent universelles. Elles sont faites pour un public nombreux qu’il faut impressionner et séduire à la fois.
Fêtes, pompes et cérémonies
Au versant religieux de l’art spectaculaire et saisissant de Rubens répondent ses compositions civiques et princières. Rubens s’est illustré par de grands décors, le plus souvent éphémères, en ligne avec la civilisation des cérémonies profanes que poursuit et développe le $%&&e siècle. L’exemple de l’entrée du frère du roi d’Espagne, le cardinal-infant Ferdinand, à Anvers en 1635, est célèbre : pour l’occasion, Rubens et toute une équipe d’artistes f!amands avaient orné la ville, le long de la procession princière, de grandes peintures. Quelques-uns de ces chefs-d’œuvre baroques ont survécu et donnent,dans l’exposition, une idée de l’échelle surprenante, comme de la fantaisie de telles fêtes.
Rubens, consurrence et émulation
Contrairement à l’art du ≈≈e siècle qui s’est beaucoup définni dans la rupture avec la tradition, Rubens ne pense pas sa création en dehors de toute référence au passé. Ses grands modèles sont l’antique et la Renaissance : Léonard de Vinci, Michel-Ange, Titien. Ses contemporains proches et immédiats entrent, quant à eux, dans un dialogue avec le Flamand.
L’exemple de l’anatomie est emblématique : le grand modèle vers lequel se tourne Rubens, c’est Michel-Ange, mais il y a une enquête à mener autour des écorchés et des figurations sculptées de corps humains en mouvement. Un dessin de Michel-Ange, un écorché de Cigoli, un dessin de Rubens montrant les muscles de l’épaule et du bras, dans une pose angoissée : c’est dans un jeu de miroirs que l’artiste imagine, invente, ré!échit, en puisant à des sources canoniques qu’il souhaite dépasser.
Rubens et la République des Lettres
Les centres d’intérêt de Rubens sont d’une variété et d’une ampleur qui retiennent l’attention. Cette ouverture d’esprit et cette curiosité s’alimentent auprès d’un réseau européen de correspondants.
Rubens comprend le néerlandais, le français, l’allemand, l’italien, l’espagnol et le latin. Il écrit à des amis, des relations, des savants et artistes, disséminés à travers l’Europe. La soif de renseignements et d’images qui émerge à la lecture de cette correspondance illustre la place éminente de Rubens dans l’élite du temps : lorsqu’il dessine un camée antique, il ne fait pas que le reproduire, il contribue à percer les secrets de son imagerie.
L’intimité d’un Flamand cosmopolite
À l’heure de la reproductibilité infinie des images intimes, les portraits des enfants ou des épouses de Rubens peuvent ne plus paraître ce qu’ils furent : des avancées créatrices. On n’avait jamais ainsi mêlé sentiment personnel, désir de garder la mémoire et grâce familière.
Le monde privé de Rubens, dans la manière qu’il a de le portraiturer, rejoint celui des grands artistes. Il peint ses proches comme des princes, des créateurs, en même temps qu’il insu’e aux représentations de ses collègues une dimension personnelle.
… Les plus
Au cœur de l’exposition, une salle est consacrée à la di!usion d’un film sur les voyages de Rubens, coproduit par le Louvre-Lens et Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains (à Tourcoing). Réalisé par Alain Fleischer, il suggère la multiplicité des lieux que Rubens a connus, en confrontant vues anciennes et actuelles de villes européennes.
Enfin, une dernière salle évoque la correspondance de l’artiste à travers un dispositif sonore et visuel, auquel les visiteurs sont invités à prendre part en lisant des extraits de lettres de Rubens.
L’Europe de Rubens
Du 22 mai au 23 septembre 2013
Tous les jours de 10h à 18h, sauf le mardi
Nocturne jusque 22h les vendredis 7 juin et 6 septembre
Tarifs de l’exposition : 9€ / 8€ (à partir de 10 billets pour les CE, entreprises et associations).
Gratuit pour les moins de 18 ans, les groupes scolaires, les bénéficiaires du RSA ou de l’aide sociale, les demandeurs d’emploi, les personnes handicapées civiles ou victimes de guerre, les membres ICOM ou ICOMOS, les adhérents des cartes Louvre-Lens, Louvre-Lens « jeunes » et Louvre-Lens « professionnels »
Musée Louvre-Lens
99, rue Paul Bert
62300 Lens
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Les expositions de l’été 2013 en province
[Visuel : Pierre Paul Rubens, La chute de Phaéton © National Gallery of Art, Washington]
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