0 Shares 1849 Views

Cadavres non exquis – galerie Frédéric Moisan

30 novembre 2012
1849 Vues
Cadavre non exquis - galerie Frédéric Moisan



Pierre Buraglio rapproche « cette pratique de l’improvisation collective qu’elle appartienne au New-Orléans ou au Free-jazz ». « Ces artistes, ces citoyens s’essaient et réussissent dans une certaine mesure à couper court avec l’individualisme – face dévoyée de l’individualité, à provoquer l’échange, la réciprocité. » (août 2009)

Ici, l’image est fabriquée et trafiquée. Claude Buraglio collecte des images des années 30’s qui se retrouvent ensuite isolées, recyclées, évidées, dénaturées. L’image a perdu son sens premier, elle est déchue, délavée. Ce n’est plus le contenu de l’image qui nous retient, c’est un « au-delà » de l’image ; un substrat de vie qui continue à « émettre ». Aussi dans ses lithographies, Claude détourne l’image d’origine. Elle n’en retient que la force d’attraction et nous transporte dans une nostalgie des origines. A ce propos, Stéphane Doré dira de l’image qu’elle est « suffisamment présente, grâce au procédé du collage qui en renforce l’unité, et à son agrandissement qui lui octroie un pouvoir d’attraction visuel important, pour sidérer le regardeur ; Suffisamment inconsistante pour porter en elle le fantôme de l’image d’origine, un quelque chose d’évanescent, qui tout en nous disant que bientôt nous en perdrons la trace, nous la rappelle. » Et il ajoute « Ce refus de se laisser bercer par les ronronnements continu des une se succédant aux autres, ce refus de croire à leurs contenus dérisoires est une attitude que l’on pourrait rapprocher de celle de Manet, qui s’insurgeait contre les poses outrancières des modèles, contre une société bourgeoise qui maintenait artificiellement un sublime, des conventions, des « formes vides ». 

Des objets en papier mâché réalisés à partir de journaux israéliens, arabes et français, viendront ponctuer l’exposition : crâne, escarpins et bananes. Pauvreté du matériau et économie de moyens, ces objets de vanité – fétiches ? – entre mythe et symbole, échappent au prosaïque. « … ces opérations étant autant de façons de faire rentrer ces images-là (ou ces objets vus et revus) dans le champ de l’Art ». Pierre Wat, 2003 

D’objets ordinaires et d’images empruntées, Claude Buraglio donne naissance à des icônes falsifiées. L’objet ou l’image se prostitue et nous sidère.

Cadavres non exquis

Du 12 au 29 décembre 2012
Du mardi au samedi de 11h à 19h 

Vernissage le mercredi 12 décembre à partir de 18h

Galerie Frédéric Moisan  
72, rue Mazarine
75006 Paris 

www.galerie-fmoisan.fr

[Visuel : courtesy galerie Frédéric Moisan]

Articles liés

Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins
Agenda
90 vues

Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins

18 novembre 1990. Florence Arthaud arrive dans le port de Pointe-à-Pitre à la barre de son trimaran et remporte la Route du Rhum, première femme à s’imposer dans une course en solitaire. Adolescent, je suis alors fasciné par cette...

Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître
Agenda
119 vues

Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître

Bananagun, originaire de Melbourne, partage “With the Night”, extrait de leur deuxième album “Why is the Colour of the Sky ?”, dont la sortie est prévue le 8 novembre via Full Time Hobby. Ce single au piano reflète le...

“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !
Agenda
143 vues

“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !

Nadia Khodossievitch-Léger (1904-1982) a été une figure de l’art du XXe siècle. À travers plus de 150 œuvres, la rétrospective Nadia Léger. Une femme d’avant-garde retrace le parcours largement méconnu de cette femme d’exception, tout à la fois peintre prolifique, éditrice...