Plastic Nature – GVQ
L’exposition présente une sélection d’œuvres illustrant l’ambiguïté du titre « Plastic Nature », qui évoque à la fois la beauté de la nature et un matériau qui n’a, lui, rien de naturel. Donnant un prolongement à cette combinaison antinomique de termes, la fleur, source d’inspiration s’il en est, devient pour les artistes un moyen d’exprimer différents propos sociaux, culturels, esthétiques…
Les photographies de Carole Fékété invitent à réfléchir sur la nature des choses. Sa série « Les fleurs » se fonde sur une mise en scène précise, sublimée par la lumière, dans laquelle les fleurs apparaissent sculpturales et surpuissantes. Soigneusement choisies en pleine floraison, et loin de la délicatesse des fleurs sauvages, ces fleurs sont souvent des produits d’une nature hybride et conquérante, vouée à toujours plus de spectacularité et de théâtralité. L’illusion d’artificialité est accentuée ici, par les contrastes de couleurs et de texture entre l’arrière-plan et les sujets.
Les assemblages de fleurs synthétiques de Hsia-Fei Chang se présentent généralement sous la forme de bulles de BD, dans lesquelles figurent des phrases ou mots provocateurs. Accrochées sur le mur, ces fleurs de couleur vive prennent l’aspect à la fois décoratif et dérangeant. Utilisées dans les cérémonies funéraires à Taiwan qui peuvent durer plusieurs semaines, les fleurs synthétiques reviennent de manière récurrente dans le travail de l’artiste, comme représentation de la beauté « cheap », et de la fin de quelque chose, ou plutôt d’une fin qui ne laisse personne indifférent.
Lors d’un voyage à Delhi, en 2004, Young-In Hong a commencé une série de dessins de fleurs intitulée « Flower drawing ». L’artiste dessine des fleurs avec une machine à coudre, directement sur le tissu. Elle finalise ses œuvres en les signant, mais sa signature est en fait une note qui indique le prix, la date et le lieu d’achat des fleurs. À travers la fleur, dont les anciens appréciaient la beauté éphémère, Hong s’interroge sur la valeur de la beauté dans la société marchande d’aujourd’hui.
Dans le travail de Jeong-Hwa Choi, la fleur apparaît comme le symbole de l’essor économique de la Corée. « Big Flower », « Breathing Flower », « Flower Flower », « Heart of Flower »… toutes ses œuvres à base de fleurs gonflables représentent à la fois les grands succès du pays et les effets négatifs constituant la face cachée de son incroyable développement. À travers des objets fabriqués industriellement en grosse quantité (paniers en plastique, fleurs synthétiques, perles factices…), l’artiste propose une vision critique sur la culture de masse de la société actuelle.
Nommé « Photogenic Drawing », l’un des processus photographiques de Sung-Soo Koo ressemble à celui d’un botaniste étudiant une grande variété de végétaux dans son laboratoire. En passant par les étapes telles que la collecte, le lavage, l’empreinte et le moulage des fleurs sauvages, il applique de l’aquarelle sur l’épreuve tirée, afin de réaliser l’image de la fleur originale, et prend enfin dans son appareil de photo cette fleur reconstituée. À travers l’apparence fragile et la beauté naturelle de la fleur plastifiée, Koo présente, en fait, sa vision « cynique » de la photographie. Pour l’artiste, contrairement à l’époque de son invention où l’on pratiquait la photo pour représenter la réalité, celle-ci n’est de nos jours qu’une technique produisant de l’image mécanique.
Dans le cadre de l’exposition « Plastic Nature », Jeong-Hwa Choi présentera ses sculptures de fleurs gonflables, et il réalisera également une installation spécifique au lieu.
Plastic Nature
Une proposition de Sang a Chun
Œuvres de Hei-Fei Chang, Jeong-Hwa Choi, Carole Fékété, Young-In Hong et Sung-Soo Koo
Du 13 décembre 2012 au 23 février 2013
Du mardi au samedi, de 11h à 18h30 et sur rdv
Fermeture de la galerie :
– du 23 décembre 2012 au 1er janvier 2013 inclus
– du 13 janvier au 28 janvier 2013 inclus
Vernissage le 13 décembre de 17h à 21h
GVQ
5bis, rue de Beauce
75003 Paris
M° Arts et Métiers ou Filles du Calvaire
[Visuels : Heïdi, Hsia-Fei Chang, 2004. Polystyrène, fleurs synthétiques, 50 x 200 cm. Courtesy Galerie Laurent Godin // Flower Chandelier, Jeong-Hwa Choi, 2011. Tissu imperméable, plastique renforcé de fibre, moteur, LED, dimensions variables, Courtesy Auckland Art Gallery Toi o Tamaki & Jeong-Hwa Choi]
Articles liés
Découvrez le seul-en-scène “Florence 1990” à La Petite Croisée des Chemins
18 novembre 1990. Florence Arthaud arrive dans le port de Pointe-à-Pitre à la barre de son trimaran et remporte la Route du Rhum, première femme à s’imposer dans une course en solitaire. Adolescent, je suis alors fasciné par cette...
Bananagun dévoile leur nouveau single “With the Night” extrait de leur nouvel album à paraître
Bananagun, originaire de Melbourne, partage “With the Night”, extrait de leur deuxième album “Why is the Colour of the Sky ?”, dont la sortie est prévue le 8 novembre via Full Time Hobby. Ce single au piano reflète le...
“Nadia Léger. Une femme d’avant-garde” au Musée Maillol : une exposition à ne pas manquer !
Nadia Khodossievitch-Léger (1904-1982) a été une figure de l’art du XXe siècle. À travers plus de 150 œuvres, la rétrospective Nadia Léger. Une femme d’avant-garde retrace le parcours largement méconnu de cette femme d’exception, tout à la fois peintre prolifique, éditrice...