0 Shares 1625 Views

ISF et oeuvres d’art : le mariage de la carpe et du lapin

13 octobre 2012
1625 Vues
galerie_Baudoin_Lebon

Pitié !  Oublions déjà le fait que la France est le seul pays à avoir conservé cet impôt confiscatoire et unique, sachant que la valeur d’un bien n’existe que lorsque celui-ci est vendu. Les politiques français sont incapables de garder une fiscalité à long terme d’où les nombreuses tergiversations et incohérences contre-productives de notre pays.

Les intervenants politiques font un amalgame entre contribuables très riches et œuvres d’art très chères : ils oublient que le marché de l’art comprend des œuvres d’art à tous les prix de 100 euros (voire moins) à plus de cent millions et que les plus chères représentent moins de 1% du marché de l’art. Par ailleurs, toute œuvre d’art achetée par un collectionneur ou un amateur vaut entre 30 % et 50% de moins à la revente comme un véhicule d’occasion et, la plupart du temps il est payé une taxe forfaitaire de 5% lors de la revente.

Enfin, n’oublions pas que pour une œuvre d’art qui vaut cent fois plus dix ans plus tard, nombre d’entre elles valent dix fois moins voire rien du tout dans les mêmes délais : la mode, les conjonctures économiques et financières, les urgences dues aux aléas financiers des propriétaires sont autant de facteurs négatifs. De plus, il faut savoir que dans le cadre des déclarations d’ISF, si le contribuable sous-évalue le prix d’un bien, il est taxé  lors de la transaction du dit bien ; en revanche, s’il l’a surévalué, aucun remboursement par le Trésor Public n’est prévu. Or ces sous-évaluations ou surévaluations sont établies de bonne foi dans la plupart des cas. 

Par conséquent, en dehors de tout débat politique partisan de droite ou de gauche, n’intégrons surtout pas les œuvres d’art à l’ISF, ce qui aurait, rappelons-le, un effet désastreux sur le marché des intervenants français du marché de l’art, déjà loin d’être florissant aujourd’hui et sur un certain nombre de contribuables aisés prêts à quitter le territoire.  Ne recommençons pas une nouvelle révocation de l’Edit de Nantes ! 

Baudoin Lebon

Co-président de l’association des galeries Paris Rive-Gauche Paris Rive-Droite
Membre du Comité Professionnel des Galeries d’Art

A découvrir sur Artistik Rezo : 
– ADIAF – Sur le projet de réintégration des oeuvres d’art dans l’assiette de l’ISF
– Catherine Morin-Desailly – œuvres d’art dans l’ISF : le mauvais message
– La taxation des œuvres d’art à l’ISF : un assassinat de l’art Français
– Sept présidents de musées français contre l’amendement assujettissant les œuvres d’art à l’ISF

Ce texte est libre de droit tant qu’il est signé et peut servir de base pour un possible article tant que le sens des propos n’est pas dénaturé.

Articles liés

“Maintenant je n’écris plus qu’en français” un seul-en-scène à découvrir au Théâtre de Belleville
Agenda
56 vues

“Maintenant je n’écris plus qu’en français” un seul-en-scène à découvrir au Théâtre de Belleville

Viktor, jeune ukrainien de 20 ans, se trouve à Moscou le 24 février 2022 lors de l’invasion russe en Ukraine. Il y vit depuis 3 ans, réalisant son rêve d’enfance : intégrer la plus prestigieuse école de théâtre russe,...

“Furie” une réflexion autour du rejet collectif par Thomas Chopin
Agenda
64 vues

“Furie” une réflexion autour du rejet collectif par Thomas Chopin

Furie est une chorégraphie de genre fantastique qui parle de l’école, du bahut, de ce lieu où nous passons presque vingt ans de notre vie. Inspiré des teen movies, Thomas Chopin se questionne sur la manière dont les enfants apprennent à...

La Galerie By Lara Sedbon présente “Soft Memories” de l’artiste nigérian Ojisua Midegbeyan
Agenda
63 vues

La Galerie By Lara Sedbon présente “Soft Memories” de l’artiste nigérian Ojisua Midegbeyan

À travers l’exposition “Soft Memories”, l’œuvre de l’artiste nigérian Midegbeyan Ojisua se déploie dans l’espace de la galerie comme une archéologie de la mémoire et des formes, où chaque matière semble contenir en elle les strates d’un récit enfoui....