0 Shares 1785 Views

Farhad Moshiri – Fire of Joy – galerie Perrotin

22 juin 2012
1785 Vues
Farhad Moshiri - Fire of Joy - galerie Perrotin

Après douze années passées à Los Angeles, où il achève sa formation au California Institute of the Arts, Farhad Moshiri vit et travaille désormais à Téhéran. 

Inspiré par le Pop art, il a développé un langage visuel singulier et hybride qui puise à la fois dans les cultures populaires iranienne et occidentale ; « Les Iraniens cherchent leur identité. Selon leur humeur, ils tendent vers l’Orient ou l’Occident. L’Iran connait un phénomène inévitable qui complique, confond et diversifie les traditions. C’est pourquoi je suis tout aussi inspiré par le centre commercial ou le bazar que par l’esthétique de l’ornementation propre à la culture iranienne. » 

Dans l’exposition « Fire of Joy », l’artiste continue de s’emparer, pour ses qualités ornementales, de la technique traditionnelle dite « féminine » de la broderie de perles qu’il combine à des épaisses couches d’acrylique et de feuilles d’or. Il joue ainsi avec la conception du « bonheur » qui laisse pour lui plus de place au sarcasme et au cynisme. 

Ici l’artisanat Iranien et la culture pop se marient ou s’affrontent souvent avec ironie utilisant autant l’esthétique publicitaire pour ménagères des années 50 ( « Curl » ) que les icônes populaires des «comics” occidentaux (« Uncaged », « Breath » …) Dans un pays qui se méfie de la représentation, Moshiri, tel un collectionneur et un chineur, prélève toutes sortes d’images de la vie quotidienne, emblèmes kitsch, photos censurées, motifs enfantins, publicités occidentales, « j’aime dénicher des choses sans prétentions artistiques, créées par quelqu’un d’autre, et m’efforcer de les reconditionner sous forme d’oeuvres d’art. » 

Dans « Anatomy of a Woman 2 », par exemple, une icône de la tradition persane est traitée comme une image anatomique. Dans « Mystery Man » un visage recouvert de cercles colorés fait référence aux visages floutés de la censure et dans « God » le mot répété à l’infini sur des fonds ultra coloré et scintillants tels des enseignes lumineuses opère comme un slogan. Par ces effets de juxtapositions, de stéréotypes et de référents sacrés ou tabous (le corps féminin, la censure, Dieu), le langage de Moshiri révèle en creux, de manière ludique et décalée, sa puissance dissidente. 

Dans l’une des installations Moshiri a récupéré un millier de porte-clés qui forment la phrase « See God in Everyone » et dans l’autre une multitude de couteaux de couleurs et de tailles différentes sont plantés dans le mur aux côtés de 21 portraits européens du siècle dernier rassemblés par Farhad Moshiri pour écrire le mot « Quiet ». 

Dans ses installations Moshiri utilise la tradition du ready made en récoltant des objets trouvés, pratique artistique totalement ignorée en Iran, pour manier le jeu de l’oxymoron et ainsi révéler l’ambiguité d’un pays qui se transforme sans cesse. 

Farhad Moshiri – Fire of Joy

Du 23 juin au 28 juillet 2012
Du mardi au samedi, de 11 à 19h 

Vernissage le 23 juin

Galerie Emmanuel Perrotin 
76, rue de Turenne 
75003 Paris 

www.perrotin.com

A découvrir sur Artistik Rezo : 
– Les vernissages organisés en juin 2012 à Paris


[Visuel : Farhad Moshiri, Mystery Man, 2012. Broderie sur toile. 149 x 109 cm. Courtesy Galerie Perrotin, Paris]

Articles liés

“Tant pis c’est moi” à La Scala
Agenda
67 vues

“Tant pis c’est moi” à La Scala

Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
Agenda
84 vues

“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête

C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Agenda
107 vues

“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée

Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...