Lucio Fontana – Sculptures: Io sono uno scultore e non un ceramista – galerie Karsten Greve
Les sculptures de cet artiste sont caractéristiques d’une expérimentation où, l´intérêt pour les non finis des sujets, anime la matière abordée de façon révolutionnaire tout en conservant sa vitalité organique innée. La matière semble crépiter, devient très agitée et tellurique, pourtant capable de jouissances sensibles. Fontana s’oriente dans la direction d’une recherche sculpturale qui voit la forme comme événement à travers la lumière et l´espace, véritable grumeau vital chargé d’énergie.
« J’ai recherché et étudié la forme, l’expression de la forme », souligne Fontana en 1939 dans un texte consacré à la céramique. Souvent dans ses écrits, l´artiste insiste sur sa propre position vis-à-vis de la céramique, se définissant comme un sculpteur et non un céramiste. Il précise d’ailleurs la distinction entre la technique en soi et ses objectifs ; ses propres études sur la forme et sur l´expression libérées de la forme même.
C’est en 1937, pendant un séjour à la Manufacture Nationale de Sèvres et, plus tard, à la briqueterie d’Albisola en Ligurie (Italie), que Fontana approfondit de façon systématique et disciplinée sa technique. C’est d’ailleurs à Albisola qu’il produira une série marine aux motifs d’algues, de papillons, de fleurs, d’alligators, de homards et tout un aquarium pétrifié et brillant.
Dans ses oeuvres, Fontana se confronte sans cesse aux techniques et thèmes traditionnels, comme c’est le cas avec la céramique. Il nourrit son travail de paysages, de scènes religieuses, de sujets végétaux ou animaliers et même de personnages de la Commedia dell’Arte, pour les réinventer et se lancer dans des idées et réalisations avant-gardistes, dont les résultats sont ses Concetti Spaziali, Buchi (depuis 1949) et Tagli (depuis 1958).
Ses sculptures surprenantes sont pour la première fois réellement découvertes et appréciées dans une exposition au Centre Pompidou en 1987. Il s’agit d’une production particulièrement significative où l’engagement théorique de Fontana pour des genres d’art moins statiques et pour un spatialisme illimité prend forme dans ses premiers écrits Manifesto Blanco (Buenos Aires, 1946) et Spaziali (Milan, 1948), premier manifeste italien. Influencé par le Futurisme, il soutenait les idées du progrès, d’un monde dynamique où le concept de l’œuvre opère tant dans l’imagination du spectateur que par la réalisation matérielle.
Fils d’un sculpteur italien immigré en Argentine, il apprend à maîtriser la céramique dans l’atelier parental. Il fait ses études en Italie à l’Académie de Brera à la fin des années 1920 chez le sculpteur symboliste Adolfo Wildt. Il y découvre son intérêt pour les contours clairs, des compositions d’images bidimensionnelles et pour l’espace, qui ne se constituent pas de volumes mais d’un pourtour imaginé. Cette importance accordée à la plastique comme point de départ vers l’espace se reflète dans des céramiques comme Arlecchino (1948) et Il Guerriero (1949). Fontana cherche à s’affranchir du cadre spatial au travers de mouvements agités, de surfaces fragmentées et lumineuses et d’un geste expressionniste-baroque grâce à l’alternance des formes concaves et convexes. Modulant directement la matière de ses gestes spontanés, Fontana souligne la mollesse et la versatilité du matériau travaillé. Par ailleurs, son intérêt pour les bords bien définis et les compositions d’images bidimensionnelles se retrouve dans des œuvres plus abstraites comme Le Sirene (1950) et Concetto Spaziale (1954), dans lesquelles la figuration disparaît progressivement et les limites des genres se mélangent entre la sculpture, le dessin et la toile.
Lucio Fontana est né le 19 février 1899 à Rosario une province de Santa Fe en Argentine. En 1927 il étudie la sculpture en Italie et présente sa première exposition en 1930 à Milan à la galerie Il Milione. Au cours des années suivantes, il voyage entre l’Italie et la France, en travaillant avec des peintres expressionnistes et abstraits. En 1940, à Buenos Aires, il enseigne la sculpture à l’école des Beaux-Arts avant de fonder une école privée, l’Académie d’Altamira. C’est là qu’en 1946 il élabore le Manifesto blanco, qui sera considéré comme le premier manifeste du Mouvement spatialiste. En 1947, Fontana revient à Milan, où un petit groupe se réunit bientôt autour de ses idées, et qui donnera naissance à plusieurs manifestes. De retour à Milan après un séjour new-yorkais dans les années 1960, il s’installe finalement à Comabbio, en Lombardie, où il décède le 7 septembre 1968.
Lucio Fontana – Sculptures: Io sono uno scultore e non un ceramista
Du 31 mars au 23 juin 2012
Du mardi au samedi, de 10h à 19h
Vernissage le 31 mars 2012
Galerie Karsten Greve
5, rue Debelleyme
75003 Paris
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Agenda des vernissages à Paris en mars 2012
– Lucio Fontana – Rétrospective – musée d’Art moderne de la ville de Paris (2014)
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