Proches – galerie Albert Benamou
« Les artistes du monde arabe sont d’abord des artistes. Et, conformément à celles qui dépassent le contexte dont elles sont issues, leurs oeuvres, si elles sont suffisamment pertinentes et libres, deviennent universelles. Il m’a semblé passionnant de privilégier les oeuvres qui sont visibles des deux côtés de la Méditerranée. Qui sont à la fois « locales » et « absolues ». De mettre en exergue les oeuvres phares qui ne cessent de se constituer entre l’Occident et le Monde Arabe, produisant le plus souvent une esthétique de l’hybride – un métissage des formes et des sensibilités où se tressent de manière inédite le corps, le ludique, l’affect, l’ornemental, la beauté, la spiritualité, le politique, la critique sociétale, etc. » écrit Pascal Amel.
La démarche du marocain Mahi Binebine, qui est à la fois artiste et écrivain, est symptomatique de l’effervescence de cette nouvelle scène s’inspirant d’esthétiques multiples. Sa peinture circonscrit des silhouettes anonymes luttant et/ou s’accouplant, comme autant de signes affectifs et matériels s’imbriquant dans un espace rythmiquement entrelardé de lances. Ses dessins sont une épure oscillant entre le tragique et l’irréductible humain.
Le questionnement de l’identité est également le lot d’Hicham Benohoud. Le motif de son propre visage occulté est décliné par séries dans sa peinture et ses photographies sans que l’on sache précisément s’il s’agit d’un déni de l’individu ou de l’invention ludique d’une nouvelle ornementation. Sa technique picturale doit beaucoup à sa pratique de photographe.
Soit peintes, soit présentées sous forme de créations numériques les Volutes de la Franco-marocaine Najia Mehadji, inventent une « calligraphie du féminin » unissant le geste, le souffle, les plis et les replis d’une ligne continue à la fois sensuelle et cosmique. Là où nécessité et liberté s’équilibrent au bénéfice d’un « sublime » contemporain inspiré par le soufisme.
L’œuvre photographique de Nermine Hammam juxtapose des esthétiques de civilisations orientales diverses (Mésopotamie, Égypte pharaonique, Grèce antique, symboles coptes, etc…) qu’elle inclut notamment dans des portraits en pied de femmes composites. Elle crée des icônes pop contemporaines où l’ornement et l’hybridation sont les instruments d’une critique sociétale.
Enfin, la franco-israélienne Rachel Yedid, une artiste complémentaire à l’exposition Traits d’Union, établit un parallèle entre les mouvements musicaux et ceux de l’âme, à travers la représentation de danseuses dont les postures et le rendu du textile blanc transcrivent une quête poétique. Corps, tissus, poses, tactilité de la touche et vibration des matières qui sont autant de références à la Peinture majuscule.
Proche
Carte blanche à Pascal Amel
Œuvres de Hicham Benohoud, Mahi Binebine, Nermine Hammam, Najia Mehadji et Rachel Yedid
Du 7 au 24 mars 2012
Galerie Albert Benamou
24, rue de Penthièvre
75008 Paris
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Agenda des vernissages à Paris en mars 2012
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