Antoinette Ohannessian – galerie Alain Gutharc
Puis la parole saisie a cédé la place à une parole énoncée où l’épure procède dans un souci de justesse. Suivant l’exemple de Wittgenstein, « il faut passer de l’explication à la simple description », l’œuvre d’Antoinette Ohannessian est une observation lente et minutieuse dans une tentative d’objectivité des informations. Leur mise en relation donne sens, malgré l’artiste, presque.
1998 : j’écoute Flaubert : « Pour qu’une chose soit intéressante, il su”t de la regarder longtemps ». Puis j’énonce avec du beurre sur des planches de bois :
« QUAND ON POSE UNE CHOSE CONTRE UNE AUTRE ELLES SE TOUCHENT »
« QUAND ON POSE UNE CHOSE SUR UNE AUTRE IL Y EN A UNE QUI S’ÉLÈVE »
« QUAND ON MET DES CHOSES ENSEMBLE ELLES SONT RÉUNIES »
« QUAND ON POSE UNE CHOSE SUR UNE ÉTAGÈRE EN HAUTEUR ON TEND LES BRAS VERS LE CIEL »
2003 : je regarde une chose dans le but de la voir. Je regarde les murs de mon atelier.
UN MUR QUI COURBE UNE PLANCHE
UNE PLANCHE AU BORD DE LA CHUTE
UNE CHOSE PRESQUE POSÉE
2005 : avec la feuille A4 posée sur un socle de format 21 x 29,7 cm, qui, tout en l’exhibant, fait disparaître sa présence, le spectateur véri#e sa vision comme chez l’ophtalmologue.
2006 : je commence à enseigner à l’École d’Arts de Grenoble et je lis.
2008-2009 : je revois Blow up, j’instaure un rapport binaire entre le #lm d’Antonioni et mes lectures auxquelles j’arrache des citations. Je les déporte, je lis pour ne pas me contenter de moi. Une double articulation se met en place entre ces lectures qui s’additionnent en sous-titres et la bande-son de Blow up qui devient la vidéo Nota Bene.
2008-2009 : je m’expose à la masse des informations à une cadence journalière et je me guette en train d’être, « à telle heure, à tel endroit » je deviens mon grenier. À la frontière des deux, un signe de ponctuation. Le tout ressemble à une déposition judiciaire le 8 mai 2009 j’arrête. L’exercice dure un an la pièce se nomme UN AN.
2009-2011 : j’occupe sur la Terre un espace de la longueur et de la largeur de mes pieds à Lisbonne, à Erevan, à Tours, à Belgrade. J’e$ectue un acte minimal de présence.
2010 : la série cartel et son énoncé « HOMME DEBOUT LISANT A HAUTEUR D’HOMME » « HOMME TÊTE BAISSÉE » « HOMME TÊTE INCLINÉE », le spectateur devient l’œuvre qu’il active au moment de sa lecture.
2011 : en Ardèche, en Auvergne, en Normandie je tente de chanter
2011- 2012 : à force d’attendre que l’eau coule du tuyau une fois le robinet tourné, que l’eau bout sur la cuisinière, que mon imprimante imprime, je filme mon imprimante pendant que le passé augmente et je cligne des yeux ce qui donne deux vidéos Ma vie et Journal intime.
2012 : je vais chercher une pierre, je vais chercher un arbre.
Antoinette Ohannessian
Exposition de Antoinette Ohannessian
Du 17 mars au 21 avril 2012
Vernissage le samedi 17 mars 2012, à partir de 16h
Galerie Alain Gutharc
7, rue Saint-Claude
75003 Paris
www.alaingutharc.com
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Agenda des vernissages à Paris en mars 2012
Articles liés
“Riding on a cloud” un récit émouvant à La Commune
A dix-sept ans, Yasser, le frère de Rabih Mroué, subit une blessure qui le contraint à réapprendre à parler. C’est lui qui nous fait face sur scène. Ce questionnement de la représentation et des limites entre fiction et documentaire...
“Des maquereaux pour la sirène” au théâtre La Croisée des Chemins
Victor l’a quittée. Ils vivaient une histoire d’amour fusionnelle depuis deux ans. Ce n’était pas toujours très beau, c’était parfois violent, mais elle était sûre d’une chose, il ne la quitterait jamais. Elle transformait chaque nouvelle marque qu’il infligeait...
La Croisée des Chemins dévoile le spectacle musical “Et les femmes poètes ?”
Raconter la vie d’une femme dans sa poésie propre, de l’enfance à l’âge adulte. En découvrir la trame, en dérouler le fil. Les mains féminines ont beaucoup tissé, brodé, cousu mais elles ont aussi écrit ! Alors, place à leurs...