Norma Picciotto – Tracce del tempo – Espace Faubourg
« Tracce del tempo », explique Gigliola Foschi, le commissaire de l’exposition, est un atlas personnel de souvenirs et d’émotions, le récit d’un voyage dans le monde et un parcours d’auto-analyse de l’artiste dans son histoire et son vécu. Ce voyage l’entraîne sur les traces de ses racines juives, en Israël, dans une Jérusalem qu’elle voit à travers un prisme visionnaire d’où émergent tout de même des fragments significatifs du passé de la «ville céleste».
Après avoir été, du début des années soixante-dix à la fin des années quatre-vingt-dix, une des principales représentantes du photojournalisme d’investigation à Milan, à partir de 2000, Norma Picciotto a eu le courage de renouveler de façon radicale son langage photographique.
Loin des reportages qui l’ont rendue célèbre, les images qui composent cette exposition se présentent comme des apparitions, un exercice poétique dans lequel se fondent librement, presque en flottant, des rencontres et des souvenirs, des rêves et des visions oniriques. Issues d’un montage numérique complexe et précis – de multiples stratifications d’images prises à travers le monde et de portraits d’elle retrouvés dans l’album de famille – ses oeuvres exploitent la liberté de création offerte aujourd’hui par le numérique, mais ne renoncent pas à la valeur de témoignage de la photographie.
Chacune de ces images, créée à partir de photos juxtaposées et superposées, met en jeu une duplicité, une coexistence stratifiée de réalités et de temps différents qui s’affrontent jusqu’à créer un nouveau monde visuel, suspendu entre passé et présent. Un univers onirique et évocateur à la fois, parfois douloureux (quand il en émerge des portraits mélancoliques et intenses d’adolescents entre des murs recouverts d’inscriptions superposées). C’est toujours une bulle de savon qui suggère l’ouverture sur une dimension onirique et poétique. Comme une loupe un peu magique, elle souligne et encadre les portraits ou fait apparaître des détails de lieux et d’éléments significatifs de l’histoire juive, le désert israélien ou Jérusalem, à peine évoquée par quelques détails.
Puisant sa cohérence dans son unité esthétique et poétique, l’exposition propose donc deux recherches liées par le fil rouge de la mémoire : un parcours dans le vécu de l’artiste par la récupération de photos qui la représentent de l’enfance à l’âge adulte ; et une sorte d’hommage inspiré et lyrique à la culture juive et à Israël, la terre de ses racines. Dans cette série d’images, le tombeau mythique d’Abraham flotte entre les lumières de Jérusalem ; du campement romain qui attaqua la forteresse de Masada (symbole de la résistance juive) se détachent ici et là la silhouette futuriste du pavillon du nouveau Musée d’Art de Tel Aviv, Jérusalem représentée dans sa végétation caractéristique d’oliviers et de cyprès, ou d’antiques textes hébreux qui s’envolent comme s’ils voulaient porter au monde la parole écrite, l’histoire et la culture.
Norma Picciotto – Tracce del tempo
Du 8 au 30 janvier 2012
Cocktail-vernissage le 11 janvier 2012 à partir de 18h
Espace Faubourg
70, rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
www.espacefaubourg.com
A découvrir sur Artistik Rezo :
– Agenda des vernissages en janvier 2012
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