10 questions à Don Mateo
À l’occasion de sa première exposition au sein de la Galerie Artistik Rezo du 22 avril au 19 mai 2022, nous avons posé quelques questions à Don Mateo, street artiste lyonnais à l’univers doux et épuré.
Qui es-tu ? D’où viens-tu ?
Vaste question, je suis un peu chacune de mes peintures !
Je suis originaire du Jura. Je me suis installé à Lyon en 2011, où j’ai commencé à prendre la rue comme terrain de jeu. Je m’épanouis en alliant grandes fresques, tableaux, rue. Le va-et-vient entre isolement créatif et partage m’apporte un équilibre vivifiant.
D’où vient ton blaze ?
Cela vient de mes études d’art en Espagne en 2006. C’est aussi un clin d’œil à Don Diego de la Vega qui est anonyme la nuit pour devenir Zorro : lui a une épée, moi des pinceaux.
Quelle est ta démarche artistique ?
Depuis plus de 10 ans maintenant, je travaille le portrait. Depuis le premier jour, mes peintures sont épurées et m’éloignent ainsi d’un certain vacarme. Ce qui m’importe avant tout c’est le langage. Une recherche d’équilibre dans la composition : pour laisser une libre interprétation, je suggère, plaçant ainsi le spectateur face à lui-même. Les masses colorées viennent appuyer la construction, jouant ainsi le rôle de charpente dans le format. Mon travail est la résultante de plusieurs années de peinture dans la rue. La rue impose quelques règles : le geste doit être rapide et le résultat efficace. Dans ma démarche, je souhaite laisser place à l’accident, le spontané laissant ainsi la porte ouverte à l’inattendu.
Pour ce qui est du message, il vient servir le langage.
En somme, ma démarche est celle d’un peintre qui questionne autour du portrait par le réinvestissement des styles en fonction des enjeux de notre société.
Quel serait ton meilleur souvenir dans la rue ?
Un de mes meilleurs souvenirs est certainement en Jordanie. J’avais dans l’idée de peindre le portrait d’une fille croisée dans un camp de réfugiés à Lyon. Ma commande de couleur n’étant jamais arrivée, j’ai improvisé les couleurs au dernier moment. Sans le savoir, c’était les couleurs des bus scolaires et des uniformes des écolières. Du coup, en une fraction de seconde, l’histoire n ‘était plus la même. Et puis peindre dans les quartiers populaires de Hamman…la capitale fut une expérience humaine incroyable. La peinture permet ça aussi, des moments de vie loin d’une certaine réalité.
Ton pire souvenir ?
Avec le recul toute les histoires dans la rue ont leur charme, même les plus conflictuelles. Mais la pire aurait pu être une nuit sur un toit. Il commencait a pleuvoir, je peignais une cheminée et sous le bruit de mes pas un habitant s’est réveillé… pas du bon pied. Il a fallu partir vite avec les tuiles qui glissaient. Après quelques glissades, l’issue aurait pu être dramatique.
Ton dernier spot, ton dernier projet ?
Mon dernier projet a été de créer une sérigraphie afin de récolter des fonds et financer un convoi à la frontière Ukrainienne, convoi auquel j’ai participé. Certainement une manière de lutter contre un certain fatalisme, et au-delà d’apporter une aide, j’avais le besoin d’être acteur, de sentir le souffle du monde…
Pour le dernier spot, il s’agissait d’un mur à la Croix-Rousse au cœur de Lyon, un enfant qui dort au creux de l’épaule de sa maman.
Ton spot idéal ?
Le spot idéal se trouve certainement à l’étranger : voyager et peindre représentent un idéal pour moi. Sinon un de mes rêves serait de réaliser des vitraux pour une église. Je ne suis pas spécialement croyant mais ça représente pour moi le sommet de l’art. Travailler la lumiere, la couleur pour un lieu comme ça, oui ça pourrait être un spot idéal.
Quelle musique écoutes-tu quand tu travailles ?
Quand je travaille à l’atelier c’est très variable. Il m’arrive de mettre du hiphop, Bashung, Gainsbourg mais aussi pas mal de podcasts sur l’art. J’ai un faible pour « L’art est la matière » et « La compagnie des œuvres » sur France Culture. Dans la rue, je n’écoute pas de musique, je préfère le chant des piétons…
Une couleur, un thème que tu préfères travailler ?
Pour la couleur, celle qui revient le plus est le jaune, un jaune doré. Cette couleur me permet certainement d’emporter avec moi l’été. Sinon pas de thème de prédilection, cependant c’est à travers le portrait feminin que j’explore mon monde. En réalité, il y a dans chacun de mes portraits une grande part d’autoportrait.
Ton actualité, un gros projet à venir ?
Le prochain projet sera la réalisation d’un terrain de basket dans le cadre des JO 2024, prévue pour courant juin. Je suis heureux de ce projet, la règle change du fait de travailler au sol. Le projet sera un hommage aux femmes et aux habitants qui vivent sur le quartier Rosa Parks.
Retrouvez Don Mateo sur Instagram.
[Source : communiqué de presse]
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