10 questions à Amsted
À l’occasion de son exposition à la Galerie Artistik Rezo du 12 mars au 14 avril et à la Taxie Gallery du 6 au 27 mars, nous avons rencontré Amsted, artiste du Sud à l’univers graphique et organique.
Qui es-tu ? D’où viens-tu ?
Je suis originaire du Sud et vis près de Marseille où je travaille actuellement comme art-thérapeute en milieu psychiatrique.
Mes premières expériences artistiques ont été partagées avec ma grand- mère maternelle, artiste peintre. Lorsque j’étais enfant, elle prenait des palettes d’aquarelles et m’emmenait en balade où l’on peignait ensemble les paysages aixois. J’étais déjà fascinée par les premières fleurs des amandiers qui annoncent le printemps. Je pense que cet attrait pour la nature vient clairement de mon environnement familial, j’ai eu la chance d’avoir été sensibilisée aux choses simples et j’essaie de le transmettre à mes filles aujourd’hui.
J’ai toujours senti que j’avais une attirance pour l’esthétique, à l’âge adulte je me suis essayée à la photographie, mais sans que cela ne devienne passionnel. C’est lors de ma formation d’art-thérapeute que j’ai pu stimuler ma créativité et de cette manière trouver mon domaine de prédilection, la courbe.
D’où vient ton blaze ?
Amsted est une contraction de mon nom avec celui de mon mari. C’est un nom qui me suit depuis plusieurs années et qui représente ce que je suis aujourd’hui.
Quelle est ta démarche artistique ?
Dans ma fonction d’art-thérapeute, j’ai pu voir combien la nature était une ressource pour l’humain. La retrouver est un des premiers besoins exprimés par les patients hospitalisés, un élément essentiel à l’équilibre, de l’ordre de l’archaïque, nous avons pu tous d’ailleurs éprouver ce désir, presque pulsionnel, lors du confinement.
Mes œuvres sont toujours inspirées de couleurs provenant de la nature, que ce soit du monde de la faune ou de la flore : j’y trouve des palettes variées et équilibrées.
À travers mon travail, je souhaiterais aiguiser le regard, ouvrir le monde des possibles avec des éléments qui sont là, avec nous et que l’on ne prend plus le temps de regarder, pris dans nos quotidiens effrénés.
Ton meilleur et ton pire souvenir dans la rue ?
J’ai la chance d’avoir eu majoritairement de bonnes expériences dans la rue, il y a toujours quelques remarques négatives, du genre « vous appelez ça de l’art ? » ou encore la question des impôts qui revient très souvent ; l’art de rue n’est pas apprécié de tous… Mais je pense primordial de sensibiliser les esprits à toute forme d’art : même si parfois ça dérange, cela montre qu’il y a de l’émotion. L’art sur les murs existe depuis la préhistoire, ne l’oublions pas !
Mon meilleur souvenir c’était lors d’une session dans Marseille, un mur dans une montée d’escaliers, j’avais bien avancé mon travail et d’un coup j’entends un homme qui râle en criant qu’il en avait marre des tags et autres.
Il montait les escaliers la tête baissée en portant ses sacs de courses et continuait de lancer des cris, je lui dis alors que même si c’était subjectif, je m’étais appliquée à réaliser une œuvre que j’estimais jolie et colorée. Il m’a lancé « vous voyez la porte derrière vous ? et bien c’est chez moi ! », puis il lève enfin la tête pour regarder ce que j’avais peint et surpris il dit « oh ! c’est beau ! ». J’ai donc pu finir tranquille ce que j’avais commencé.
Ton dernier projet ?
Malheureusement ces derniers temps je n’ai pas beaucoup pu peindre en extérieur, je me suis concentrée sur la préparation de mes deux expositions : du 6 au 27 mars à la Taxie Gallery, et du 12 mars au 14 avril à Artistik Rezo.
Je cherche dès que possible des endroits abandonnés pour peindre, récemment j’ai découvert une grange en ruines, j’aimerais peindre une partie de la façade. Il y aura surement une vidéo de cette peinture que je partagerai plus tard sur mes réseaux sociaux.
Ton spot idéal ?
J’adore peindre sur des murs qui ont une matière, de la peinture écaillée qui témoigne des différentes strates de la vie par exemple, ou trouver des supports inhabituels. Ce qui est intéressant avec mes lignes organiques c’est que j’ai la possibilité de m’infiltrer partout.
Les supports en béton (souvent utilisés comme barrage anti-terroriste), sont rarement repeints par les villes et la matière bétonnée brute me plait.
Quelle musique tu écoutes quand tu travailles ?
Je n’écoute pas de musique quand je peins des murs, je préfère m’immerger dans ma peinture.
En revanche quand je travaille sur toile ou dessin, j’aime écouter du trip hop comme Bonobo ; l’album Black Sands est celui que je préfère. J’écoute aussi du rock progressif, l’album Fragile de Yes évolue dans une construction relativement fluide, ce qui se prête bien à la réalisation de mes lignes.
Dernièrement, pour la préparation de mes expos j’ai écouté des podcasts sur France Inter ou encore ceux de Fuzi. Les interviews y sont intéressantes et permettent, entre autres, d’enrichir ma culture du graffiti.
Ton actualité, un gros projet à venir ?
La marque de vêtements Edwin Pearson m’a sollicité afin de participer à la réalisation d’une vidéo pour promouvoir le lancement d’une gamme de softshell, vous pouvez la découvrir sur leur site.
Une découverte artistique ? Un compte Instagram à partager ?
Difficile d’en choisir un seul, je dirais la finesse du travail de Grograou (Stan Manoukian), les modules de Mehdi Cibille et la calligraphie de Sowat.
Avec quel artiste tu aimerais collaborer ?
Je me laisse porter au gré des rencontres, les collabs sont pour moi liées à une sensibilité humaine et artistique imprévisible.
Retrouvez Amsted sur Instagram
Propos recueillis par Juliette Cléraux
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