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Warai – l’humour dans l’art japonais – maison de la culture du Japon à Paris

25 septembre 2012
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Warai - l'humour dans l'art japonais - maison de la culture du Japon à Paris

De la préhistoire au seuil de l’ère moderne, avec un accent particulier mis sur l’époque Edo (1603-1868), les pièces présentées nous permettent, grâce à leur diversité de styles et de techniques, de porter un regard nouveau sur l’art japonais.

L’exposition « Warai » reprend la structure de l’exposition « The Smile in Japanese Art » présentée en 2007 au Mori Art Museum de Tôkyô. Elle est présentée à l’occasion du 15e anniversaire de la Maison de la culture du Japon à Paris et du 40ème anniversaire de la Fondation du Japon.

Archéologie du rire : Dogû et haniwa

L’exposition s’ouvre sur les visages souriants de figurines dogû en terre cuite vieilles de 3 à 4’000 ans. Peut-on cependant affirmer que les expressions discrètes et gracieuses de ces poteries de l’époque Jômon expriment vraiment la joie ? Ne serait-ce pas plutôt nous qui voulons y voire des sourires ?

Plus tard, à l’époque des kofun (IIIème-VIIème siècle), apparaissent des rires plus francs sur certaines figurines tubulaires haniwa qui ornaient les tombes des puissants. Les expressions joviales, parfois sardoniques, des terres cuites figurant des guerriers et des paysans semblent intentionnelles : leurs ricanements avaient sans doute pour fonction d’éloigner les esprits malfaisants et d’effrayer les pillards.

Le rire mis en scène

L’introduction du bouddhisme au Japon au VIème siècle s’accompagne de celle de l’art chinois. Réaliste et austère à ses débuts, l’art bouddhique de l’Archipel va prendre une tournure plus « japonaise » au fil des siècles. Ce processus donne naissance à des représentations de saints hommes ou d’illustres poètes chinois au visage souriant qui exaltent les valeurs de la dérision.

Du Moyen Âge à l’époque moderne sont réalisées une profusion d’oeuvres riches d’éléments narratifs, au style plus populaire. Les otogi-zôshi, histoires courtes illustrées d’images naïves telles que le rouleau peint de L’Histoire de l’Île artificielle, se distinguent par leur style gauche et enfantin. Héritières de cette tradition picturale, les Ôtsu-e sont des images de facture grossière, souvent comiques, qui étaient vendues comme souvenirs aux voyageurs dès le XVIIe siècle.

Artistes majeurs de la fin du shogunat d’Edo, Utagawa Kuniyoshi et Kawanabe Kyôsai produisirent quant à eux d’innombrables caricatures et peintures satiriques dans lesquelles ils tournent en dérision les moeurs et l’instabilité politique de l’époque.

Regards sur les animaux

Dès la fin de l’époque Heian (XIIe siècle), les artistes japonais essaient de créer des effets comiques en donnant des expressions humaines aux animaux. Ce procédé est plus tard repris par Mori Sosen, Soga Shôhaku, Nagasawa Rosetsu et de nombreux autres peintres de Kyôto actifs au XVIIIe siècle qui, dotés d’un sens aigu de l’observation, nous ont laissé des peintures animalières pleines d’humour, à la technique incomparable.

Derrière l’aspect cocasse ou charmant de ces bêtes se cache parfois l’expression d’une critique mordante de la société et du pouvoir. Certaines oeuvres parodiques sont même clairement un moyen de contourner la sévère censure. L’animal rend possible le renversement des hiérarchies, la mise en cause radicale des conventions, l’expression du ridicule des comportements humains.

Toutefois, le point commun de ces artistes est le regard attendri qu’ils portent sur ces animaux et l’expression de leur profonde affection pour ces mammifères, poissons et autres insectes.

Dieux et bouddhas rieurs

Très populaires durant l’époque Edo, les Sept Dieux du Bonheur mêlent dans leurs origines la religion locale japonaise (shinto), le bouddhisme et le taoïsme chinois, l’héritage religieux indien. Représentés sous des formes grotesques, ils n’ont rien de sublime. Chacune des divinités du groupe était censée apporter le bonheur, la richesse et la longévité.

Les religieux de l’époque Edo utilisaient les peintures humoristiques pour l’édification du peuple. Le moine Hakuin, qui a redonné vie à l’école zen Rinzai, a peint dans son style de dilettante de nombreuses divinités qui constituent des sermons en image. Le warai, chez ce moine-peintre, renvoie à une réflexion profonde sur les conventions, les codes et leur dépassement.

Contemporains de Hakuin, les moines itinérants Enkû et Mokujiki considéraient la sculpture de statues de bouddha comme une partie intégrante de leurs exercices ascétiques. Ils ont sculpté dans le bois des milliers de statues naïves au sourire doux et empreint de compassion, dans lesquelles s’exprime pleinement le warai. Ils reçurent pour cette raison un fervent soutien de la part du peuple.

Warai – l’humour dans l’art japonais

Commissaire : Mami Hirose, Senior consultant, Mori ArtMuseum
Conseiller scientifique : Yûji Yamashita, Professeur à l’Université Meiji Gakuin

Du 3 octobre au 15 décembre 2012
Du mardi au samedi de 12h à 19h
Nocturne le jeudi jusqu’à 20h
Fermé les jours fériés

Plein tarif : 7 € // Tarif réduit : 5 € 
Gratuit pour les adhérents MCJP, les enfants de moins de 12 ans

Publication catalogue de l’exposition : 27 €

Maison de la culture du Japon à Paris
Salle d’exposition (niveau 2)
101bis, quai Branly
75015 Paris

mcjp.fr
 

[Visuel : Personnes assemblées pour n’en faire qu’une seule. Utagawa Kuniyoshi. Époque Edo (vers 1847). Format ôban. Collection particulière]
 

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