Un collectionneur à mi-temps : une interview avec Guillaume Proust
Un collectionneur à mi-temps : une interview avec Guillaume Proust Le 17 avril 2015 |
Le 17 avril 2015 Guillaume Proust est un collectionneur français de 45 ans. Il est expert comptable et possède sa propre entreprise, qui est très connue dans la capitale. AMA a fait sa connaissance lors de la foire Art Paris Art Fair et a tenté de comprendre ce qui intéresse le jeune businessman dans l’art, ainsi que la façon dont il a commencé son travail de collectionneur. Comment êtes-vous devenu collectionneur ? Votre famille était-elle intéressée par l’art ? Mon père aimait l’art. Il possédait quelques pièces, telle qu’une de Dalí et une de Bonnefoi. Il était lui-même une sorte d’artiste, puisqu’il peignait et sculptait de temps en temps. J’ai donc toujours eu l’habitude de voir de l’art partout, même si ce n’était pas un sujet dont nous discutions beaucoup. La première fois que je suis allé dans un musée, c’était à Boston au musée des beaux-arts, à l’occasion d’un voyage scolaire. Je devais avoir seize ans. Ce fut la première fois que l’art me frappa réellement. Je me rappelle avoir acheté un poster d’un tableau de Sargent, qui illustre un orchestre au Cirque d’Hiver. J’étais stupéfait par la façon dont le peintre y avait mis en valeur le blanc. La deuxième fois où l’art m’a vraiment frappé de cette manière, c’était lors de ma visite du musée de Picasso deux ans plus tard. Donc, ce poster de Sargent a constitué la première pièce de votre collection ? Avez-vous tendance à acheter de l’art français ou international ? J’achète beaucoup d’œuvres d’artistes français. J’essaie surtout de soutenir les jeunes artistes français. Avez-vous recours à des conseillers artistiques ? Non. Mais je connais Marty De Montereau, qui me conseille souvent et je profite également des conseils de Christophe Claude, le directeur des beaux-arts. J’écoute aussi les artistes quand ils parlent de leur travail, cela aide. Quelle est votre façon de procéder quand vous achetez une œuvre d’art ? Je n’achète pas sur un coup de tête. Si ce n’est pas trop cher, je peux être tenté de faire l’achat en quelques minutes. Mais si c’est cher, je réfléchis beaucoup avant d’en faire l’acquisition. Donc vous ne ressentez jamais le besoin urgent d’acquérir une pièce quelqu’en soit le prix ? Parfois, cela ressemble à une addiction. Mais je suis un collectionneur raisonnable. Vous négociez avant d’acheter ? Du moins, essayez-vous ? Jamais. Je n’en ai pas l’habitude et je pense que ce serait parfois déplacé. Je sais combien cela coûte à une jeune galerie de survivre et que les jeunes artistes n’ont pas beaucoup d’argent, donc si j’ai les moyens de m’offrir un objet d’art, il n’y a pas de raison de négocier selon moi. Quand avez-vous acheté une œuvre pour la dernière fois ? C’était à la FIAC, en octobre. Il s’agit d’une pièce de Raphael Denis. C’est une œuvre forte, très éloquente, rattachée aux objets d’art des Juifs qui ont été pillés pendant la Seconde Guerre mondiale. L’artiste est actuellement exposé pour la première fois à Art Paris. Quel genre de production artistique aimez-vous ? Aucune en particulier. Elle doit simplement être puissante. J’aime les pièces qui racontent des histoires. Quel est votre événement artistique favori à Paris ? Les foires telles que la FIAC et Drawing Now. Combien d’œuvres d’art se trouvent dans votre collection ? Environ 70. Je possède un peu de tous les médiums : sculptures, peintures, marbres, bronzes, aciers, pastels … Voyez-vous un thème commun dans votre collection ? Peut-être, oui. Les matériaux doivent être présents, visibles. Peut-on dire que votre collection est une sorte d’autoportrait ? Je ne sais pas. Je ne pense pas, mais d’une certaine façon peut-être, car ces pièces résultent de mes choix. Elles représentent mes valeurs. Vous parlez de vos valeurs : quelles sont-elles pour vous en tant que collectionneur ? Collectionner est un acte civique ! Collectionner de l’art signifie avoir conscience de ce qui se passe dans le monde, des messages politiques des œuvres d’art. La plupart des artistes sont engagés, c’est-à-dire impliqués dans la société ou la politique, d’une façon ou d’une autre. Est-ce la première fois que vous participez à Art Paris ? Non, je viens chaque année et je visite souvent plusieurs fois la même édition. Je trouve cette foire plus accueillante que la FIAC parce que les galeries sont plus abordables. Que pensez-vous des artistes singapouriens ? Ils ne sont pas si faciles à identifier. Peut-être que les signes à la foire auraient dû être plus visibles, surtout qu’il y a beaucoup de monde. Cependant, ce fut effectivement très intéressant de découvrir plus d’artistes asiatiques, pas seulement de Singapour, mais aussi de Corée, du Viêtnam et de Chine, par exemple. Y a-t-il des artistes dont vous avez particulièrement aimé les œuvres ? Absolument ! J’ai adoré les travaux de Lionel Sabatté, Nathalie Brevet, Hugues Rochette et Sylvie Bonnot, parmi les artistes français. En ce qui concerne les artistes asiatiques, j’ai aimé les œuvres de Gwon Osang, Zhong Biao et Chuang Che. J’ai également été impressionné par les productions de Carolein Suit, des Pays-Bas. Avez-vous fait l’acquisition de certaines œuvres d’art ? Oui, j’ai acheté une sculpture de Sylvie Bonnot. J’aurais également aimé acheter un tableau de Lionel Sabatté, mais toutes ses pièces ont déjà été vendues. Donc je vais devoir attendre jusqu’à ce qu’une de ces œuvres arrive sur le marché ! |
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