Truismes – Théâtre du Rond-Point
Note d’intention par Marie Darrieussecq
Quand Alfredo Arias m’a dit qu’il voulait adapter Truismes, je me suis sentie pousser des tétines de joie.
L’évidence, c’était l’évidence ! La consécration de ma truie ! « Mais il n’y a pas de nonne ! » ai-je grogné pour m’excuser (je ne peux pas imaginer un spectacle d’Arias sans nonne). Qu’à cela ne tienne : il en a rajouté une, qu’il a métamorphosée à sa façon en l’affublant des accessoires de la policière et de l’infirmière, pour inventer une employée Policière-Infirmière-Nonne. Il n’a pas échappé à ma vigilance porcine qu’un simple E la transformerait en PINE, Policière-Infirmière-Nonne-Evaluatrice : l’évaluation étant, me semble-t-il, le but ultime de notre société, obsédée par le chiffrage et la surveillance du suidé libre qui sommeille en nous.
C’est de cette façon, à plusieurs pattes, que nous avons réécrit une adaptation de ce roman, avec la bonne surprise (pour moi) que le poil, quinze ans après, ne lui avait guère blanchi : la France sarkozyenne bling bling n’a en effet rien à envier à celle du personnage d’Edgar, qu’à l’époque beaucoup assimilaient pourtant à Le Pen.
Les avions charters sont remplis de sans-papiers, le travail salarié est de plus en plus précaire, les femmes sont de plus en plus cosmétisées, L’Oréal est le titre d’un feuilleton, les yachts sont de plus en plus grands, et la Bourse a pris son sens le plus définitivement obscène.
Pour ne rien arranger, ce jeune marcassin d’Arias s’est mis dans la caboche de jouer tous les rôles, à commencer par la truie. On voit de ces choses… Le théâtre, le théâtre, cet homme n’a que ce mot à la bouche. Moi, je pense à la Littérature, et à l’immoral exemple d’un saltimbanque comme lui sur mes enfants. Je préfèrerais finir en saucisses plutôt que l’on publie notre adaptation, qui caricature outrancièrement la chair de mon roman tout en délicatesse, pour le transformer en jambonneau argentin. Mais je dois dire que quand Alfredo prononce certaines phrases (pourtant pas toutes immortelles : « quelles belles mâchoires vous avez ma chère »), je me retrouve les quatre fers en l’air de rire sous la table, où nous travaillons pourtant d’arrache-pied à préparer ce spectacle, avec le plus grand sérieux et toutes nos tripes.
Truismes
D’après le roman de Marie Darrieussecq
Mise en scène et interprétation d’Alfredo Arias
Costumes Chloé Obolensky // Musique : Bruno Coulais // Lumières : Dominique Bruguière // Film : Toni Aloy avec Pepa Charro // Espace scénique : Alfredo Arias // Masques : Daniel Cendron // Réalisation des costumes : ADC/ Danièle Boutard // Assistante à la mise en scène : Martine Spangaro // Assistante décor et costumes : Malika Chauveau // Assistant lumières : François Thouret
Du 8 novembre au 4 décembre 2011 à 21h
Dimanche 15h – relâche les lundis et le dimanche 13 novembre
Plein tarif : 34 euros // Tarifs réduits : groupe (8 personnes minimum) 20 euros – plus de 60 ans 25 euros – demandeurs d’emploi : 16 euros – moins de 30 ans : 14 euros – carte imagine R : 10 euros
Réservations : 01.44.95.98.21
Théâtre du Rond-Point – salle Renaud-Barrault
2bis, avenue Franklin D. Roosevelt – 75008 Paris
M° Franklin D. Roosevelt ou Champs-Élysées Clemenceau
www.theatredurondpoint.fr
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