“Trouble dans le portrait”, le photographe Christophe Beauregard expose à la Mairie du Xe arrondissement de Paris
La Mairie du Xe arrondissement de Paris, en partenariat avec la galerie Ségolène Brossette, présente Trouble dans le portrait, une exposition qui réunit quatre séries du photographe Christophe Beauregard réalisées entre 2007 et 2021.
Le corps humain, social comme intime, est le sujet de prédilection de Christophe Beauregard (France, 1966), photographe portraitiste et héritier des portraitistes historiques que furent, dans le domaine de la photographie, August Sander, Richard Avedon ou encore Diane Arbus.
Parallèlement à ses portraits de célébrités et au fil de séries consacrées à l’univers du cirque (Pinder, 1993), aux personnes tatouées (Pentimento, 2011) ou encore aux paparazzi
(Hush-hush, 2014), Christophe Beauregard n’a de cesse d’interroger son rapport au photoreportage. À la société friande de “spectacle” (Guy Debord), le photoreportage fournit sans délai les images qu’elle attend, valorisant le scoop, le spectaculaire et l’excitation émotionnelle. Le reportage photographique, pour autant, est l’effet d’une mise en scène, d’une perspective orientée. Domaine par excellence du “Ça a été” (Roland Barthes), la photographie est également l’empire du faux-semblant. La preuve par l’image ne prouve pas forcément quelque chose.
L’exposition Trouble dans le portrait présente quatre séries photographiques réalisées par Christophe Beauregard entre 2007 et 2020. Semantic Tramps (2007) se consacre à la désocialisation, à ses images et à ses clichés médiatiques. It’s Getting Dark (2011-2014) offre une réflexion, menée par l’image et le geste, sur le corps voilé. Le Meilleur des Mondes (2012) et Why Not Portraits ? (2019) pistent l’identité contemporaine sur fond de culture du narcissisme et d’uniformisation de l’image corporelle. Christophe Beauregard photographe s’y fait entremetteur : il théâtralise ses prises de vue, recourt à la “photographie mise en scène”, jusqu’à jouer avec ses modèles, devenus des otages de leur propre mise en image.
Christophe Beauregard entretient, via l’image, un double discours. Tout à la fois, il se défie du “faux-semblant” et y puise un prétexte à ses images photographiques. Ce faux semblant s’invite sans vergogne dans l’exposition Trouble dans le portrait. Sa raison d’être ? Nous faire réfléchir, nous spectateurs, à ce que nous voyons. Mieux que cela, à dire vrai : nous inciter à méditer ce que nous voudrions voir. Car nous ne sommes jamais neufs ou neutres “devant l’image” (Georges Didi-Huberman), à plus forte raison devant l’image de nous-mêmes. Tout portrait est un piège, la figure y rejoue l’identité selon des modalités qui convoquent l’apparence stricte autant que la construction esthétique, autant le souci de la vérité que la ruse du simulacre. En quoi un portrait Harcourt est-il “vrai” ? Plus que d’une “personne”, plus que d’un être particulier, il rend surtout compte de l’assujettissement du modèle à un mode de représentation de soi que l’on veut croire prestigieux. Un signe d’aliénation – “miroir mon beau miroir, montre-moi comme je suis la plus belle, le plus beau”.
À propos de Christophe Beauregard
Christophe Beauregard né en France en 1966, il vit et travaille à Paris. Il est diplômé des Beaux-Arts de Tours.
Une approche particulière du portrait et une représentation du corps audacieuse ont valu à Christophe Beauregard un certain nombre de collaborations prestigieuses, de Dior à Berluti, en passant par le Centre Pompidou de Metz ou le CentQuatre à Paris. Il a également été exposé à l’étranger : à Francfort en Allemagne, à Prato en Italie, ou encore aux États-Unis. Il est régulièrement publié dans des revues telles que Le Monde, L’Œil, Libération, Les Inrocks. ou Esse au Canada.
Ses différentes résidences artistiques en France (2015-2019), notamment en milieu scolaire ou en dans des centres sociaux, lui permettent d’envisager une nouvelle façon de diffuser et de partager sa démarche. De 2017 à 2020 Christophe Beauregard a été directeur artistique de la Nuit blanche des enfants à la Mairie du 18e, initiée par Carine Rolland actuellement adjointe à la Maire de Paris en charge de la Culture.
Il a publié ses photographies dans plusieurs livres dont notamment Manuel d’Esthétique et Semantic Tramps (Filigranes Éditions), Europe Echelle 27 (Trans Photographic Press) et Sari (Christophe Daviet-Théry), préfacé par la spécialiste de la photographie Dominique Baqué.
Christophe Beauregard est représenté par Ségolène Brossette Galerie en France et Die Mauer en Italie.
Commissariat de l’exposition
Paul Ardenne, écrivain et historien de l’art. Paul Ardenne est notamment l’auteur de L’image-corps. Figures de l’humain dans l’art du XXe siècle (2001) et de Portraiturés (2007), deux ouvrages publiés aux éditions du Regard.
[Source : communiqué de presse]
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