Thierry Schwab – interview
Qui est Thierry Schwab ?
Je suis le fils de Marc Fontenoy (pseudonyme d’Alexandre Schwab), auteur compositeur à succès de l’après-guerre. Ses chansons (La petite diligence, Le petit train, Le pêcheur au bord de l’eau, Buenas noches mi amor…) étaient chantées par André Claveau, Tino Rossi, Bourvil, Annie Cordy…). C’était aussi un écrivain (livres pour enfants, théâtre) et un bon peintre amateur. Doué pour les études, j’ai fait l’X, puis mené une carrière dans l’informatique. J’ai été l’un des précurseurs français de l’internet, en créant en 1996 une société d’ingénierie, que j’ai cédée à mes cadres dirigeants en 2008. Mais ce qui me passionne depuis toujours, c’est l’art, dont je suis un modeste praticien : j’écris des nouvelles, j’improvise au piano, je fais de la photo « d’art ». J’ai aussi créé le principal site web consacré à la poésie de langue française (« Poesie française ») : plus de 50 000 poèmes en ligne, plus de 3 millions de pages vues par mois. Mon épouse est poétesse, fille, sœur et mère de peintres. Et mon fils Edouard, avec qui j’ai créé la galerie, a fait des études d’art.
Comment choisissez-vous les artistes ?
Peu après l’ouverture de la galerie en juin 2011, nous avons eu la chance de nouer des relations amicales avec trois critiques ou journalistes d’art, qui nous ont recommandé auprès de peintres de grande qualité : Gérard Gamand, Gérard Xuriguerra et Christian Noorbergen. Et nous nous sommes rapidement spécialisés dans deux genres que nous aimons particulièrement : l’expressionnisme figuratif contemporain et l’abstraction lyrique, qu’on pourrait aussi qualifier d’expressionnisme abstrait. Aujourd’hui, séduits par notre espace, notre localisation et notre programmation, beaucoup d’artistes nous sollicitent.
Nicolas Canu, dont l’exposition se termine le 6 octobre, est un grand peintre expressionniste, âgé de 45 ans, dont le style s’est affirmé et épanoui depuis quelques années. Les toiles de cette exposition, parfois immenses, sont des scènes allégoriques de la crise financière, qui racontent des histoires. Peintes à l’huile, dans des tonalités sombres, magnifiquement composées, elles peuvent faire penser à celles de Garouste ou de Ronan Barrot.
Pourquoi la rue Quincampoix ?
Parce que nous y avons trouvé un local vaste (170 m2), d’une belle architecture intérieure, à 200 mètres du centre Pompidou, dans une rue qui rassemble maintenant une vingtaine de galeries et devient incontournable pour les collectionneurs.
Quel regard portez-vous sur l’art d’aujourd’hui ?
Il y a deux univers très éloignés : le « financial art », alimenté par la volonté de paraître et la spéculation, et qui malheureusement passionne les grands medias. Et puis l’univers des artistes besogneux, qui font tous les jours un travail sincère, sans se préoccuper de suivre la mode ou de provoquer le badaud. C’est évidemment à ceux-là que nous nous intéressons. Pour nous, il y a dans la vie une valeur suprême : la beauté. On la trouve bien sûr dans la nature, beauté d’un oiseau, d’un paysage,n d’un ciel, d’une femme. Et on la trouve dans l’art, dans les créations de certains hommes qui ont reçu et cultivé le don de créer de belles choses, qu’il s’agisse de musique, de littérature, d’architecture, de cinéma, de sculpture ou de peinture. Les œuvres d’art que nous aimons et que nous nous souhaitons montrer sont celles qui nous procurent une émotion esthétique, qui peuvent, ou non, innover, qui peuvent, ou non, délivrer un message, mais qu’en tout cas nous ressentons comme belles. Bien sûr, c’est une notion subjective, relative, culturelle. Certains diront désuètes, voire ringardes. Mais c’est pour nous l’essentiel. Pour conclure, il y a deux vastes domaines qui me passionnent et où le génie humain s’épanouit : la science, qui cherche à comprendre le monde et à faire des choses utiles, et, plus encore maintenant, l’art, qui embellit nos vies.
Avez-vous d’autres projets ? Si oui, lesquels ?
Nous organisons dans nos murs 8 expositions par an, et donc 8 vernissages. Les prochaines : Gérard Stricher du 9 octobre au 10 novembre, Serge Labégorre du 13 novembre au 5 janvier. Puis Juan Porrero, Antoine Correia, etc. Par ailleurs nous commençons à exposer dans des salons : Art Elysées du 18 au 22 octobre, et probablement Art Paris au printemps prochain.
A quoi reconnaît-on un « bon » galeriste ?
C’est quelqu’un qui présente des artistes qu’il aime (dont il mettrait volontiers les œuvres chez lui), qui fait tout ce qu’il peut pour les promouvoir, qui reçoit les visiteurs avec le sourire, qui est honnête avec ses artistes et ses clients.
Propos recueillis par François Terriez
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