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Please kill me, Théâtre de la Bastille

19 mars 2011
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Ca commence tout doucement, comme une berceuse fredonnée par des loulous pas trop inquiètants. Les années défilent sur un écran, en attendant que tout le monde soit installé dans la salle. Vous feriez mieux d’ailleurs de bien vous assoir, parce-que ça va vite s’énerver.

Deux comédiens-musiciens, et trois autres musiciens entrent sur scène. Scène qui semble bien installée pour un concert. Oui, mais pour une pièce de théâtre… A voir.

Noir dans la salle. Le décompte des année s’est stoppé. 1972. Nous y sommes.

Le point scénographique est rapide : batterie/synthé/guitare/ordinateur du côté cour. Une table d’écolier à jardin, sur laquelle trône le livre de Legs McNeil et Gillian McCain, Please kill me. Un tabouret de bar en fond de scène. Et deux incroyables performeurs qui évoluent dans cet espace froid.

Kate Strong et Matthias Girbig incarnent cette fresque du punk avec une intensité foudroyante. Lui est narrateur, lecteur des meilleurs témoignages du livre et interprète. Elle, Américaine, joue Iggy Pop, et on croie tous qu’il est là. C’est irréel, inquiétant, inespéré, surtout au théâtre. Mais elle interprète aussi Richard Hell, lui, Malcom MacLaren… Tous ces noms de la période punk: chanteurs, producteurs, guitaristes ; tous aussi fous et défoncés les uns que les autres, sortent pendant ces 1h20 des pochettes de disques, des magasines spécialisés qu’on a lut avidement, pour revivre ce n’importe quoi. Pour réanimer ce désespoir, cette blague et cette révolte qu’étaient le Punk. Et c’est terriblement grisant.

Les adaptations et conceptions musicales effectuées par Sylvain Cartigny sont d’une justesse et d’une puissance remarquables. On sort de la salle avec les mêmes sensations qu’à la fin d’un bon concert : des fourmis dans les tympans, un petit peu mal partout, l’envie de faire de la musique, et un sourire mystérieux accroché aux lèvres.

L’écho entre les deux langues anglais/français est très bien mené. Musical. Pas de cacophonie, pas de traductions laborieuses. Pas de sur-titrage style bateau. Le sur-titrage s’intégre à la mise en scène, il prend des directions et des lumières improbables sur le plateau, il peut aussi rééditer trois fois les mêmes paragraphes. Les mots sont libres. L’échange des deux comédiens trouve un équilibre parfait dans ce bordel généralisé. La musique porte de plus en plus le discours et les corps se libèrent, se décomposent, se déchaînent.

Si vous aimez le punk et ses légendes, vous serez chez vous l’instant d’un spectacle. Et si vous voulez les découvrir… vous allez comprendre !

Nathalie Troquereau

Please kill me

De
Mathieu Bauer et Sylvain Cartigny
Adaptation, conception et mise en scène Mathieu Bauer
Assistante à la mise en scène Natacha Dubois
Adaptation, conception musicale Sylvain Cartigny
Interpétation, chant français et anglais Kate Strong, Matthias Girbig

Guitare, basse
Sylvain Cartigny
Batterie Mathieu Bauer
Piano, sample Lazare Boghossian
Création vidéo Stéphane Lavoix
Création lumière et scénographie Jean-Marc Skatchko
Création son Dominique Bataille

Théâtre Bastille
76, rue de la Roquette
75011 Paris

www.theatre-bastille.com

[Visuel : Romain Etienne]

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