Une liaison pornographique au Guichet Montparnasse
Ou comment l’assouvissement d’un fantasme prend des airs de réalités, crus, et étrangement satisfaisants. Comment cette « première fois » bien, mais pas si bien, va s’enchaîner sur d’autres fois, mieux encore. Comment l’excitation va encenser la beauté, découvrir les défauts, puis se blottir dans l’habitude.
Car liaison pornographique ne rime pas seulement avec érotique : le texte nous emporte vers l’inévitable lien que le sexe entretient avec l’affect, et part loin, à travers la recherche de l’humain. Désir, attachement, affection, amour peut-être, cette pièce aborde deux aspects complémentaires, mais rarement traités ensemble : l’aspect animal et cru de la relation sexuelle, et le sentiment, qui ne peut que s’immiscer dans les mots et les regards, bien que n’ayant pas été invité. La plume de Philippe Blasband immortalise plusieurs vérités et apporte un doux éclairage sur les imperfections de la communication, autant d’obstacles au bonheur des hommes. La mise en scène accompagne ce focal en superposant les répliques, mi-dialogues, mi-monologues.
Deux personnages posent ici les bonnes questions et savent représenter la réalité tout en l’habillant d’une charge dramatique et émotionnelle. Chaque séquence de cette relation illustre les inextricables liens qui peuvent se tisser entre les gens, et qui ne peuvent se traduire. La dimension théâtrale de ce texte puissant, est pleinement mise à profit et il est tantôt saccadé, tantôt dansé, déclamé ou chuchoté, d’une telle manière que jamais le spectateur n’en sort ni n’en perd le fil.
Une mise en scène intimiste enveloppe ce texte parfois cruel de réalité, et adoucit ces vues avec un jeu d’éclairage maitrisé, des voiles et surtout deux musiciens dont la présence semi-omnisciente parvient à alléger la tension des personnages principaux. La musique accompagne à merveille cette épopée érotique, sensuelle et bienveillante.
La rencontre d’un texte intelligent et poétique et d’une mise en scène intimiste forme un ensemble qui, par sa simplicité et sa justesse, mérite définitivement d’être découvert.
Sophie Thirion
Une liaison pornographique
Texte: Philippe Blasband
Mise en scène : Olindo Cavadini
Dramaturgie et scénographie : Anthony Binet
Avec : Françoise Dehlinger, Jean-Paul Cessey, Adrien Regard, Automne Lajeat et Aurore Daniel
Du 11 mai au 25 juin 2011
Les mercredi, jeudi, vendredi et samedi à 20h30
Réservations : 01 43 27 88 61
Le Guichet Montparnasse
15, rue du Maine – 75014 Paris
M° Montparnasse-Bienvenüe ou Edgar Quinet
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...