Michel Sardou en majesté
Si on recommençait De Eric-Emmanuel Schmitt Mise en scène de Steve Suissa Avec Michel Sardou, Félix Beauperin, Dounia Coesens, Florence Costes, Katia Miran et Anna Gaylor Du mardi au samedi à 20h30 Tarifs : de 10 à 48 euros Réservation : 01.53.23.99.19 & Théâtre des Champs-Elysées |
A partir du 27 septembre 2014
Si on recommençait : une fable surréaliste et tendre avec Michel Sardou en majesté Tandis que son fils Davy joue dans « Georges et Georges » au Théâtre Rive Gauche, Michel Sardou incarne les revenants dans une pièce d’Eric Emmanuel Schmitt où il doit affronter un dédoublement de sa personnalité, ainsi que les fantômes de ses jeunes amoureuses. Trop pour un seul homme ? Sardou y est royal. Il y a une finesse très « british » dans l’écriture d’Eric-Emmanuel Schmitt, dont la fantaisie et le surréalisme nourrissent le théâtre français d’un baume revigorant et stimulant. il nous parle de la vie, de la mort, du désir et de la nostalgie, avec un peu de philosophie et de morale, mais sans jamais tomber dans la lourdeur, et avec un sens de la conversation et du dialogue tout à fait réussis. Surtout, avec un humour rafraichissant. Dans la pièce, Alex, joué par Michel Sardou, est un médecin sexagénaire qui revient dans sa maison d’enfance. Là, à la suite d’un accident d’horloge, il se retrouve nez à nez avec un jeune homme, Sacha, lui-même à quarante ans d’intervalle. La fougue du jeune homme, ses amours assumées et ses ruptures consommées, sa grand-mère endettée, sa meilleure amie malade, et son avenir en train de se construire, tout réapparait soudain devant ses yeux à la lumière de son passé. Mieux, il entretient des conversations avec son double dans un passé qui est en même temps présent. Fantôme bienveillant, ange mûr qui protège la jeunesse en distillant des bribes d’une histoire qu’il connaît déjà, Alexandre devient le complice de Sacha, les deux faces d’une même médaille. Dans un décor chaleureux et frais de Stéphanie Jarre, avec vue sur un jardin à l’anglaise et escalier libertin, Félix Beauperin, qui joue le jeune héros, est formidable de liberté et de spontanéité. Il est entouré de deux superbes fiancées, Dounia Coesens et Florence Coste, personnalités déterminées et volontaires, femme de coeur pour l’une, de tête pour l’autre. La ravissante Katia Miran incarne la jeune Moïra, celle qui deviendra l’épousée. Et Anna Gaylor, radieuse de sensibilité et de finesse joue la grand mère et gardienne du temple. Au coeur de l’action, Michel Sardou joue les sages avec une malice assumée et une franche générosité. La lucidité de son personnage, sa clairvoyance à l’égard du jeu social et des intrigues amoureuse, en fait un fantôme très présent et très actif à la fois, drôle et séduisant. Le chanteur s’y révèle formidable de simplicité et de justesse. Il faut dire que le metteur en scène Steve Suissa sait y faire, et avec une délicatesse remarquable a mené les comédiens a révéler un florilège saisissant d’émotions et d’affects. Une soirée délicieuse et tendre à savourer à tous les âges. Hélène Kuttner |
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