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Paroles et guérison, mise en scène par Didier Long au théâtre du Montparnasse

23 novembre 2009
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Parole-et-guerison

 

La pièce de Christopher Hampton a pour ambition de mettre en scène les balbutiements de la psychanalyse à travers le travail et la vie du docteur Jung, une vie qui va le mener à la rencontre de Sabina Spielrein. A 19 ans, cette jeune russe de confession juive se retrouve internée en hôpital psychiatrique pour hystérie et expérimente une toute nouvelle méthode de soin « par la parole » initiée par Freud. Une plongée au cœur du processus de la psychanalyse, au cœur des réflexions de Jung, de ses relations avec le docteur Freud et de la détresse psychique de celle qui deviendra sa maîtresse.

 

Une femme brillante au destin hors du commun

 

Sabina Spielrein a subi une enfance douloureuse dont la  violence lui a valu des souffrances  qui semblaient incurables. Pourtant, par sa capacité à parler de ses traumatismes, de ses peurs et de ses souvenirs, par son entêtement à nommer et à crier ses tourments, elle a contribué à la naissance de la psychanalyse. Patiente de Jung avant de devenir sa maîtresse, puis patiente de Freud et enfin elle- même psychanalyste, elle formula des théories dont Freud s’inspira (sans pour autant la citer, mais là est un autre débat). Cette femme aux multiples facettes, à la fois bouleversante et d’une rare pertinence, ne pouvait être interprétée que par une comédienne à forte personnalité, ce qui est bien le cas avec Barbara Schultz. Cette magnifique actrice passe remarquablement des symptômes de l’hystérie à l’exaltation amoureuse et elle incarne une Sabina Spielrein qui n’a de folie que son génie. L’amour laisse ensuite place à la réflexion et la pièce réussit à retracer la trajectoire intellectuelle d’une des premières femmes psychanalystes, avec pour trame de fond un amour passionnel, qui par son existence même remet en cause la posture de l’analyste dans sa relation à sa patiente. Il peut paraître ardu de mêler les noms de Jung et Freud à ce qui aurait pu s’assimiler à une anecdote sentimentale, mais l’auteur Christopher Hampton réussit à apporter une véracité historique sans caricatures, relatant finement cette dense histoire d’amour qui fut à l’origine de considérables avancées pour les fondateurs de la psychanalyse.

 

La mise en scène et la scénographie, toute en simplicité et sans sophistication, sont en cela en accord avec le texte : limpides et intelligentes. Didier Long manie l’espace astucieusement, en passant d’une chambre d’hôpital au cabinet de Freud ou à l’avant d’un paquebot avec un mobilier quasi identique, que le jeu des comédiens et de minimes projections physiques suffisent à rendre crédible aux yeux des spectateurs.

 

La psychanalyse sous un jour nouveau

 

Cette écriture très travaillée tout en étant accessible peut ainsi se faire l’écho d’importants concepts de la psychanalyse sans être rébarbative. L’enjeu est de taille, car cerner l’origine de la théorisation de la pulsion de mort sans assommer les novices demande une certaine virtuosité. En suivant les expérimentations et les réflexions de Jung, le spectateur est tenu en haleine et découvre sous un jour nouveau et rarement exploité au théâtre une vision juste de la psychanalyse. Freud n’est évidemment pas en reste dans Paroles et guérison et Bruno Abraham-Kremer incarne cette figure universelle de la psychanalyse avec une ressemblance frappante et un naturel sans mimétisme.  Laissant percevoir ses failles et ses réticences face aux directions que prend Jung, il  permet de ne pas aborder de manière unilatérale la science à laquelle il a donné naissance. A noter également la prestation excellente d’Alexandre Zambeaux en Otto Gross, patient de Freud puis de Jung à la personnalité exubérante et provocante. Malgré une présence sur scène assez courte, il occupe avec un jeu torturé et magnétique une place de premier ordre.

Paroles et guérison propose une approche assez captivante de la psychanalyse, ce qui n’est à priori pas évident. Ecriture et mise en scène s’accordent parfaitement pour former un tout homogène et fluide, qui amène le spectateur à une bonne compréhension de ce que cette discipline eut de révolutionnaire. On regrette néanmoins un Samuel Le Bihan trop en retrait dans la peau d’un Dr Jung qui semblait plus charismatique.

 

Cassandre Bournat.

 

Avec Barbara Schultz, Samuel Le Bihan, Bruno Abraham-Kremer, Léna Breban, Alexandre Zambeaux, Candice Crosmary

 

Jusqu’au 13 décembre 2009

Du mardi au samedi 20h30
Matinée samedi à 17h et dimanche à 15h30
Prix des places : Carré Or 50€, 46€, 32€ et 18€
Collectivités : 32€
Jeunes (-26 ans) : 10€

Réservations et informations : 01 43 22 77 74

 

Théâtre du Montparnasse
31, rue de la Gaité, Paris 14e
Métro Gaîté, Edgar Quinet, Montparnasse

 

http://www.theatremontparnasse.com/

 

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