Le Chat du rabbin : un joli conte philosophique
Le Chat du rabbin De Joann Sfar Mise en scène de Sarah Marcuse Avec Xavier Loïra, Jacques Maeder, Pascal Berney et Rachel Gordy ou Mounya Boudiaf Jusqu’au 15 mars 2015 Tarifs : de 18 à 35 € Réservation en ligne Durée : 1h10 Théâtre des Mathurins M° Havre-Caumartin |
Jusqu’au 15 mars 2015
Quelle merveilleuse idée a eu Sarah Marcuse, qui vit en Suisse, d’adapter cette bande dessinée formidable de Joann Sfar avec une équipe de comédiens et de musiciens qui ne se prennent pas au sérieux mais qui donnent le meilleur d’eux-mêmes ! Un spectacle à recommander aux enfants dès 8 ans mais aux adultes aussi en ces temps d’intolérance. Certains chats sont doués de parole, tous d’intelligence. Quand le chat du rabbin, fou amoureux de sa fille et très jaloux du perroquet, se mit tout simplement à l’avaler, il se mit à parler comme par miracle. À force d’entendre son maître le rabbin, un vieil homme sage qui distille avec douceur des conseils à la communauté juive d’Alger en cette fin de XIXe siècle, le félin malicieux et vif décide lui aussi de profiter de ce miracle du langage pour emmagasiner le plus de savoirs possible et surtout pour poser, comme le sous-entend le Talmud, le plus de questions possible à son maître. Sur la Torah, sur la pratique religieuse, sur les us et coutumes de la communauté d’Alger et le voisinage bienheureux avec les Arabes d’Alger, notre chat devient imbattable. De quoi subtilement, et avec une grâce infinie, mettre dans la bouche du chat des réflexions impies, non orthodoxes ou provocantes qui viennent perturber les certitudes du rabbin ! Le dessinateur et scénariste Joann Sfar, qui réalisa un film et obtint un César à partir de sa bande dessinée, ne déteste rien tant que les certitudes, en bon étudiant en philosophie qu’il fut. Le comédien Xavier Loïra est le chat, élastique et insolent, dans une grenouillère épatante et de grandes oreilles d’espion, et se révèle remarquable de drôlerie et de finesse face à Jacques Maeder qui joue le rabbin et Mounya Boudiaf (la fille du rabbin) épatants eux aussi. Marc Berman, Benjamin Vicq et Guillaume Lagger interprètent la musique en direct et sont partie prenante des personnages. Tout un petit monde coloré, tendre et éminemment simple rejaillit devant nos yeux, celui que le grand romancier Albert Cohen avait décrit avec délice dans Mangeclous ou Les Valeureux. Un spectacle qui fait chaud au cœur, par l’esprit de tolérance et de générosité lumineuse qui s’en dégage et qui nous est indispensable en cette période. Hélène Kuttner [Crédit photos © Dominique Vallès] |
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