Le Chandelier – Lucernaire
Les deux amants vont alors mettre au point un stratagème qui leur permettra de continuer à cultiver leur légère volupté : utiliser un Chandelier, ce « grand garçon de bonne mine » qui « sert de paravent à tout ce qui ce passe sous le manteau de la cheminée. Si le mari est jaloux, c’est de lui ». C’est sans compter sur l’admiration et la fidélité sans bornes que le jeune et innocent Fortunio sera capable de déployer pour attirer à lui le cœur tendre de la belle et inaccessible Jacqueline.
Le Théâtre Rouge du Lucernaire accueille une mise en scène qui, bien que chaleureuse, ne contient rien qui n’ait son utilité et se réduit à un minimum mobilier : lourds rideaux noirs et rouge dans le fond, propre aux dissimulations et quiproquos, un piano qui servira de support
musical – et bien d’autres choses – et quelques tabourets. Rien de trop dans cette pièce où tous les sens sont pourtant réquisitionnés pour jouir du divertissement : une pièce du plaisir où la morale s’efface derrière l’hédonisme et le stratagème, pour être enfin remplacé par la haute valeur de l’amour, presque au sens courtois du terme, que l’on retrouve un peu dans la personne de Fortunio.
La virtuosité et la générosité des comédiens est complétée par un mouvement presque chorégraphique qui leur fait utiliser l’espace d’une manière agréable : l’expression corporelle soutient à la perfection un texte déjà naturellement enlevé et enjoué. Marie Plouviez, dans son rôle de jeune fille ingénue et irrésistible, porte à merveille son petit monde masculin composé d’un mari jaloux, d’un amant survolté et d’un jeune homme amoureux. Le jeu est franc, simple et juste, et les costumes, fidèles, permettent une immixtion directe du spectateur dans le siècle de Musset.
Cette comédie romantique est teintée de farce, de musique et de danse, et l’on y retrouve simplement ce qu’on aime dans le théâtre : un moment d’évasion, une proximité avec la scène et le plaisir de mobiliser tous ses sens pour apprécier un verbe aussi limpide que celui de Musset.
Sophie Thirion
Le Chandelier
D’après Alfred de Musset
Mise en scène de Marie Claude Morlant
Avec Marie Plouviez, Bertrand Farge, Johannes Oliver Hamm et Ludovic Perez
Jusqu’au 4 avril 2010
Du mardi au samedi à 21h30
Le dimanche à 15h
Plein tarif : 30 euros // Tarif réduit (seniors) : 20 euros
Tarif réduit (-26 ans/chômeurs) : 15 euros // Enfant : 10 euros
Théâtre Lucernaire
53, rue Notre Dame des Champs
75006 Paris
M° Notre Dame des Champs
Articles liés
« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...