Oscar Sisto
Comme en prélude à la vie d’artiste qu’il mène maintenant depuis une trentaine d’années, Oscar Sisto est né dans une famille de musiciens, dans la ville de Posadas, en Argentine. Dès l’âge de cinq ans et demi, il apprend le piano et à douze ans déjà, il écrit ses propres compositions. C’est à la même période qu’il commence à prendre des cours de théâtre dans la troupe du collège. Bien que déjà très attiré par le monde du spectacle, il fait quand même quatre ans d’études d’architecture, poussé par ses parents. S’il reconnaît tout de même avoir beaucoup appris de cet enseignement qui lui sert aujourd’hui encore dans son travail théâtral, il faut croire que c’est ailleurs que la destinée d’Oscar Sisto devait l’emmener.
La formation et les premières rencontres
Âgé de 20 ans au début des années 1980, le jeune argentin fuit la dictature militaire et se rend en France sans connaître un mot de la langue du pays. Par hasard, il s’inscrit aux cours du théâtre de l’Athénée et suit l’enseignement de Pierre Reynal. Cette rencontre a été pour lui d’une importance décisive. C’est grâce à lui qu’il rencontra, entres autres, Peter Brook, au moment où celui-ci présentait Rencontre avec des hommes remarquables, avec qui il travailla par la suite.
Cependant, tout imprégné de musique qu’il était depuis son enfance, Oscar Sisto ne pouvait se contenter du seul art théâtral. Il n’a en effet jamais cessé de composer, notamment pour le cinéma, mais il a aussi cherché à diversifier sa formation d’artiste de spectacle vivant en prenant des cours de chant et de danse. Dans les années 1980-1990, il fait ainsi de nombreux allers-retours entre Paris et New York pour prendre des cours au célèbre HB studio ainsi qu’auprès de Stella Adler. Être à New York, c’était pour lui comme un soulagement, une renaissance. « A Paris, il faut toujours cloisonner les domaines, même si c’est un peu moins vrai maintenant, indique-t-il. Si l’on veut faire du théâtre il ne faut surtout pas faire de la musique ; si l’on veut faire de la danse il ne faut surtout pas faire du théâtre. A New York, on est artiste, et puis c’est tout ».
Le passage par la Star Academy
Au début des années 2000, alors qu’il avait déjà bien roulé sa bosse dans le milieu plutôt fermé et élitiste du théâtre parisien, on lui propose de participer à l’émission de téléréalité grand public de la Star Academy, en tant que professeur de théâtre. Même si cette expérience a pu le desservir, le passage par la Star Academy a néanmoins été pour Oscar Sisto une belle parenthèse : cela lui a permis de défendre une technique théâtrale en ayant les moyens, par les caméras de TF1, de rencontrer un public plus large et plus diversifié. « L’art doit être populaire, affirme-t-il, et la Star Ac’ a été pour cela comme un challenge. J’ai voulu en profiter pour faire connaître un théâtre de qualité à travers un langage simple, j’ai cherché à voir comment rendre accessible Richard III, par exemple, à la ménagère de cinquante ans ». Cette aventure lui a ainsi permis de se rendre compte de certaines choses et a été comme une grande leçon d’humilité. Il faut dire qu’il réprouve un peu cette tendance dichotomique du milieu artistique en France qui veut voir une rupture radicale entre l’art avec un grand A, et l’art plus populaire. Il a donc apprécié le fait de chercher un moyen de faire un théâtre de qualité tout en restant accessible à un large public. « Il faut être pédagogue, affirme-t-il, mais pour cela il faut être libre et ne dépendre de personne. J’ai été bien entouré, et je ne dépends pas de subventions, ce qui me donne maintenant la possibilité de faire ce que je veux ».
Une approche maïeutique de l’enseignement du théâtre
Mais pédagogue, il n’a pas attendu la Star Ac’ pour l’être. Cela fait 14 ans qu’il donne des cours de théâtre, d’abord seul, puis entouré d’autres professeurs au sein de sa propre académie. L’approche du théâtre qui est la sienne est largement influencée par celle de Stanislavski : c’est une approche sensorielle qui tient compte de l’ici et du maintenant, de la présence. « Il s’agit de jouer le personnage avec son propre corps et sa propre histoire, mais sans jamais se faire souffrir » indique-t-il. Cependant, pour lui, le théâtre ne s’enseigne pas, il s’agit au contraire de tirer de l’autre ce qu’il a en lui, de puiser dans son univers sensoriel et de voir ce que l’on peut faire avec ce qui est déjà là, enfoui. « Nous sommes plus des réacteurs que des acteurs, nuance-t-il. Il faut fournir un bon stimulus et chercher à ce que l’autre produise une réaction qui soit juste ».
Ce rôle de pédagogue lui vient de son père, affirme-t-il, lui-même professeur de peinture. Néanmoins, Oscar Sisto le professeur ne cesse pas pour autant d’être lui-même un artiste complet. En parallèle il continue donc de composer, de mettre en scène, de jouer pour le théâtre et parfois même pour la télévision ou le cinéma. En février, il apparaîtra dans le film d’Alexandre Messina, Les Marais criminels, long-métrage pour lequel il a également composé une chanson. Sur scène, il reprendra en octobre François d’Assise, Le rebelle d’après Le Très-Bas de Christian Bobin, qu’il a mis en scène et interprété au Théâtre de Ménilmontant en mars 2009, et au Studio-théâtre 77.
Quelles sont vos racines, réelles ou imaginaires ?
Elles sont méditerranéennes : italiennes, grecques, palestiniennes… il n’y a rien de nordique en moi.
En quoi aimeriez-vous vous réincarner ?
En fleur de lotus, car cette fleur vit dans la fange sans jamais se salir.
Existe-t-il un espace qui vous inspire ?
La montagne. Parce que j’aime les hauteurs. Je viens d’une région vallonnée, je m’y sens comme sur un plateau.
Quelle place tient la fuite du temps dans votre vie ?
J’en suis à peu près à la moitié de ma vie, et je me dis souvent que je n’ai plus de temps à perdre. Je ne me dépêche pas mais je ne fais pas n’importe quoi, je suis plus sélectif. Je vis peut-être plus intensément, même si j’ai toujours vécu intensément.
Quelles sont vos obsessions?
L’au-delà, l’inconnu, l’origine de la vie.
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