Arnaud Denis : Evoluer sans arrêt vers le meilleur
Ce jeune homme au joli minois et à l’élocution parfaite est de surcroît doté d’une incroyable aisance sur un plateau. Il eut été inconcevable qu’il ne fasse du jeu son métier ! Très tôt, il sait qu’il est fait pour la scène. A l’âge de quatre ans, il commence à faire des marionnettes. A treize ans, il fait sa première rencontre décisive, Julie Saget qui enseigne l’art dramatique à l’école bilingue Jeanne Emmanuelle dans le 15ème arrondissement de Paris, « une vraie grande dame qui a su m’enseigner les valeurs artistiques de ce métier, sa dimension sacrée et les exigences que cela représente».
Il fait une petite halte au Conservatoire National, mais surtout il peaufine son apprentissage auprès de celui qui sera son maître, Jean-Laurent Cochet qui fut notamment le professeur de comédiens non moins célèbres que Gérard Depardieu, André Dussolier ou encore Isabelle Huppert. En deux ans, il a appris non seulement la maîtrise d’une technique « de l’âme et du corps » mais surtout ce grand principe de « ne pas laisser la vanité du comédien s’interposer entre le texte et le public ». Auprès de lui, il a appris la nécessité de « connaître ses classiques » et de se mettre au service d’une œuvre plutôt que de chercher à l’utiliser : « Je trouve ça important, quand on démarre une aventure avec une jeune troupe de monter du classique parce que ce sont les textes les mieux charpentés qui soient, les plus subtiles, les plus poétiques à mon sens et c’est important de commencer par ça pour enfoncer ses racines dans une terre qui est bien fertile ».
Une expérience de deux ans aux Etats-Unis lui permet également d’aborder les classiques anglo-saxons. Il joue en anglais L’importance d’être Constant d’Oscar Wilde et Hamlet de Shakespeare dans la cadre du French Woods Festival of Performing Arts. Cette aventure a conforté en lui cet attrait pour la configuration d’une véritable troupe de théâtre. Ainsi, il a sollicité ses acolytes rencontrés dans les cours de Jean-Laurent Cochet et leur a proposé de monter ensemble une compagnie et sont nés Les Compagnons de la Chimère. Ce joli nom est emprunté à Gaston Baty qui avait nommé ainsi sa compagnie à l’époque du Cartel (Jouvet, Dullin, Baty, Pitoëff). « J’aime ce concept de Chimère, non pas comme la poursuite d’une chose vaine mais comme la conquête d’une chose vers laquelle on tend toujours ». En effet, à la fois modeste et sincère, Arnaud Denis sait combien la notion de doute est nécessaire à se ressourcer dans ce métier ce qui fait qu’il est en constante recherche de perfection.
L’aventure est lancée et nous pouvons le présager avec conviction n’est pas prête de s’arrêter. La mise en scène de La Cantatrice chauve de Ionesco marque le premier succès de la compagnie. En 2007, suivent Les fourberies de Scapin de Molière, pièce qui leur permet de remporter le premier prix du Festival d’Anjou avec à la clef une enveloppe de 25 000 euros qui leur donne alors les moyens de monter L’ingénu de Voltaire dans l’adaptation de Jean Cosmos, véritable succès critique et publique. S’il prend plaisir à brûler les planches, Arnaud Denis aime aussi à être face à la caméra, on le retrouve notamment dans Vivre, le long métrage d’Yvon Marciano.
On ne peut que souhaiter à ce talentueux jeune homme de poursuivre cette carrière théâtrale et cinématographique menée tambour battant avec pour devise, tout simplement l’amour de l’art !
Angélique Lagarde
Arnaud Denis se prête au jeu du questionnaire Artistik Rezo :
Vous sentez-vous proches de vos maîtres ?
Oui, je suis encore très proche aujourd’hui de Jean-Laurent Cochet. Il m’a appris ce qu’il est possible d’apprendre dans ce style de métiers, c’est-à-dire un vrai bagage, une vraie technique de l’âme et du corps.
Quelle est votre idée de la consécration artistique ?
Je crois que vraiment la plus belle consécration, c’est de voir une salle pleine, émue et qui est heureuse au salut.
Quelle dimension tient votre travail dans votre vie et quel sens prend-t-il ?
Il est de l’ordre de la passion. Il est l’une des deux cordes de mon arc, si l’on en a trop on ne vise plus donc deux me suffisent amplement, le théâtre et l’amour !
L’ingénu de Voltaire dans l’adaptation de Jean Cosmos au Théâtre Tristan Bernard, lire l’article sur Artistik Rezo.
Retrouvez l’intégralité de la rencontre avec Arnaud Denis sur www.kourandart.com
Lire aussi la critique de la pièce Les Femmes Savantes sur Artistik Rezo.
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