Une comédie romantique – Théâtre Montparnasse
Léon et Anita se rencontrent alors qu’ils patientent pour acheter des billets de train. Ils se plaisent, échangent leurs numéros et se retrouvent quelques conversations téléphoniques plus tard dans une chambre d’hôtel de province. Anita, habilleuse pour l’opéra est en tournée, et voilà l’unique lieu de rencontre possible pour les deux amants. L’alchimie et la complicité sont immédiates. Léon, fraîchement divorcé est ravi de pouvoir enfin vivre un amour sans la pesanteur du quotidien, et ces moments aussi brefs qu’intenses lui conviennent à merveille.
Mais lorsque la jeune femme évoque la possibilité de se voir dans un cadre plus officiel, la perspective de perdre toute l’originalité et l’intensité de leur relation ne lui plait guère, et il se laisse aller à s’inventer une vie d’homme marié et père de famille. Empêtré dans ses mensonges, le sémillant Stéphane Freiss s’imagine une épouse danoise dénommée Jacqueline, une belle-mère éprise d’un ancien militant CGTiste installée dans le Cantal, et il va entraîner son meilleur ami dans cette mise en scène burlesque.
Des comédiens hilarants
Si la trame narrative peut paraître au premier abord assez ordinaire, elle n’est qu’un prétexte à dévoiler des dialogues vifs et rythmés, et des comédiens tous très efficaces dans l’exercice délicat de la comédie. Stéphane De Groodt est exquis dans la peau du meilleur ami dévoué, parfois pince sans rire et énamouré d’une magnifique kinésithérapeute serbe qu’il ne cesse de traquer. Le duo des deux hommes fonctionne à merveille et les bons mots de l’auteur sonnent justes, sans vulgarité, mais avec un franc-parler et un habile maniement du second degré.
Si Léon crée de toutes pièces une vie qui n’est pas la sienne, sa « maîtresse » n’est pas en reste et va se livrer à son tour à ce petit jeu. Tel est pris qui croyait prendre, et les deux amoureux n’auraient pas pensé s’empêtrer ainsi dans leurs vies imaginaires. La sœur et le beau-frère d’Anita deviennent alors des confidents attentifs, et là encore leur complicité et leur bagout ne les délèguent pas, bien au contraire, au rang des personnages secondaires. L’une en adepte du « mieux-vivre » et du dialogue, l’autre en mari victime des lubies de sa femme, tous deux s’accusent mutuellement d’être de « petits bourgeois ». On rit de leurs incessantes disputes et du ridicule de leur rendez-vous chez un « coach de vie ».
La vivacité et la modernité de la pièce de Gérald Silbeyras prennent toute leur dimension comique grâce notamment à la grande qualité de la distribution. Bien que le couple soit au centre de l’histoire, chacun des personnages offre des moments de rire et fait montre d’une parfaite maîtrise technique.
Une comédie burlesque dans la lignée des vaudevilles
Quant au devenir des deux amoureux et à leurs mensonges, tout cela va les mener à une longue scène finale hilarante. Sans en dire plus, la réunion de tous les personnages dans un méli mélo de quiproquos, de faces à faces, de mensonges et de révélations, donnera lieu à un fou rire général. Si le rythme ne faiblit pas tout au long de la pièce, il va crescendo pour parvenir à ce moment des plus burlesques qui laisse éclater à nouveau le talent des comédiens. Tous révèlent avec brio la folie furieuse de leurs personnages et donnent à la seconde moitié de la pièce toute son énergie ainsi que de grandes envolées de rire. Difficile de ne pas être sous le charme.
A noter également un agencement astucieux et sobre de l’espace qui permet une fluidité quant aux fréquents changements de lieux, ainsi qu’une musique aussi légère et entraînante que les dialogues. Cette unité du jeu, de la mise en scène et des dialogues est au service de ce pur moment de divertissement. On sort ravi de tant de rire et de légèreté.
Une comédie romantique porte en définitive parfaitement son nom. Sans chercher à tout prix l’originalité, la pièce est sans aucun doute une véritable comédie (et pas de celles où l’on esquisse simplement quelques sourires), avec pour toile de fond une jolie histoire d’amour. L’auteur Gérald Silbeyras signe là une pièce efficace et ancrée dans son temps, avec en prime une distribution et une mise en scène réussies. Un très agréable moment en perspective.
Cassandre Bournat.
Une comédie romantique
Une pièce de Gérald Sibleyras
Mise en scène Christophe Lidon
Avec Stéphane Freiss, Elodie Navarre, Françoise Lepine, Stéphane De Groodt, Didier Brice.
Jusqu’au 2 mai 2010
Du mardi au samedi à 20h30
Matinée samedi à 18h, dimanche à 15h30
Réservations : 01 43 22 77 74
Tarifs : Carré or 50e, 1ère catégorie 46e, balcon 32e et 18e.
Théâtre Montparnasse
31, rue de la Gaîté
75014 Paris
Métro ligne 13 (Gaîté), 6 (Edgar Quinet), 4,6,12,13 (Montparnasse)
Bus 28, 48, 58, 82, 86, 91, 92, 94, 95, 96
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