Sacha le Magnifique ! Théâtre de la Gaîté Montparnasse
Cela commence par un grand moment de comédie : paré d’une perruque blonde, de grosses lunettes noires à monture d’écaille et d’un smoking, Huster incarne Guitry et commence à raconter l’histoire du Maître à la première personne. Arpentant la scène comme si c’était son appartement, accompagné d’un pianiste en queue de pie, il offre un verre de champagne à un spectateur, chambre Daniel Prévost, qui se trouve dans le public, et mâtine son langage châtié de références à la politique d’immigration de Sarkozy et à la débâcle des Bleus. Le rire s’installe.
Jusqu’à ce qu’une jeune fille au premier rang, plus intéressée par son iPhone que par Huster, le pied posé sur le bord de la scène, se fasse remarquer par l’acteur. Il lui demande de retirer sa jambe, elle se rebelle, le ton montre, entre indignation de la jeune femme et provocation gouailleuse du comédien. L’illusion ne dure pas longtemps, la jeune femme fait partie de la pièce, on s’en doute assez rapidement. En midinette racaille de la Courneuve, Lisa Masker n’est guère convaincante… Mais la confrontation entre les deux générations (l’origine sociale et l’âge de la jeune femme forçant le trait de manière un peu trop grossière pour être vraiment subtile) permet à Francis Huster de faire tomber le masque, d’ôter sa perruque et ses lunettes pour redevenir lui-même et continuer l’hommage à Sacha Guitry sur le ton de l’éloge plutôt que sur celui de l’autobiographie.
Sa famille, les femmes de sa vie, son œuvre, ses amis… ils sont tous là, Feydeau, Yvonne Printemps, Octave Mirbeau, Jean-Louis Barrault, Pierre Fresnay, son rival… Le théâtre français défile sous nos yeux, et Huster s’échauffe, emporté par la passion qu’il a de son sujet.
Lisa Masker revient sur scène pour incarner Yvonne Printemps et jouer la scène de la rupture entre Guitry et l’amour de sa vie. Une fois encore, elle n’est guère convaincante, semble réciter son texte – son inexpérience est flagrante dès qu’Huster reprend la parole pour lui donner la réplique. Vêtue d’une robe longue vert d’eau qu’elle ne cesse de remonter, elle ne remplit pas le personnage d’Yvonne Printemps. Ce n’est que lorsqu’elle interprète « Mon Dieu, que les hommes sont bêtes » que l’on se laisse emporter par sa voix, magnifique.
Huster ne semble pas vouloir s’arrêter. Il évoque et révoque les accusations quant à l’association de Guitry avec l’occupant allemand pendant la guerre. Le débit rapide qui caractérise toute sa performance donne à cette causerie tout son naturel. Le rideau tombe, et pendant les saluts, on se dit que finalement, on irait bien voir une pièce de Guitry…
Audrey Chaix
enjoy the theatre
Sacha le Magnifique !
Une comédie-causerie de Francis Huster
Mise en scène de Francis Huster
Avec Lisa Masker, Elio di Tanna au piano
Jusqu’au 2 octobre 2010
Du mardi au samedi à 21h30
Matinée le dimanche à 15h
Tarifs : de 18 à 35€
Tarif jeune de 10€ (- de 26 ans)
Théâtre de la Gaité Montparnasse
26, rue de la Gaité
75014 Paris
M° Gaîté, Edgar Quinet ou Montparnasse Bienvenüe
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