Sebastian Marx : « Il y a autant de stand-up que de stand-upper »
Sebastian Marx De et avec Sebastian Marx Mise en scène : Papy, alias Alain Degois Spectacle joué en français Du jeudi au samedi à 20h, jusqu’au 29 avril 2017 Tarif : 19 € / 26 € Réservations en ligne De et avec Sebastian Marx Mise en scène : Papy, alias Alain Degois Spectacle joué en anglais Les samedis à 18h45, jusqu’au 29 avril 2017 Tarif : 14 € Réservations en ligne Apollo Théâtre Le retrouver sur internet : The New-York Comedy Night Présenté par Sebastian Marx En anglais Les vendredis à 21h30 Tarifs : 10 € / 16 € Réservations en ligne Le SoGymnase Comedy Club au Théatre du Gymnase Marie Bell |
Arrivé en France par amour il y a 12 ans, Sebastian Marx n’est jamais reparti. Depuis maintenant 6 ans, il y joue ses spectacles, en français et en anglais. Actuellement ses deux spectacles sont à l’affiche de l’Apollo Théâtre. Rencontre avec un jeune stand-upper en vogue. Quel a été ton parcours ? Ce que je raconte dans mon spectacle n’est pas loin de la vérité. J’ai rencontré une française à New-York et je l’ai suivie à Toulouse. Après notre séparation, j’ai trouvé dommage de rentrer aux États-Unis alors que je parlais enfin le français et que je comprenais un peu la culture. Arrivé à Paris en 2009, je m’étais donné un an pour percer. Le stand-up, l’art qui me semble le plus immédiat, me plaisait. J’ai donc commencé par des petits plateaux et, en testant mes vannes en français, j’ai commencé à construire un vrai one man show. Dans « Un New Yorkais à Paris » que tu joues en français, tu parles des différences entre la France et les États-Unis. Est-ce que ce sujet était une évidence ? Tout à fait ! Plutôt que tenter de nier mes difficultés linguistiques, j’ai préféré en jouer. Même mon accent devient un sujet drôle. Non seulement c’est une source d’inspiration, mais c’est une catharsis. Au contraire, dans « The French Dream », joué en anglais, tu parles plus de toi… En anglais, je parle de ce que je suis aujourd’hui. C’est un peu plus intime, alors qu’avec l’autre spectacle, je raconte mon parcours durant ces 12 dernières années pour devenir français. Comment se passe le travail d’écriture ? Pour la version du spectacle en français, j’ai co-écrit avec Navo (ndlr : Navo et Kyan Khojandi ont créé la série Bref). Il m’a aidé à faire du tri et à trouver un fil conducteur. En revanche, je suis tout seul à écrire pour le spectacle en anglais. Ensuite, Papy (Alain Degois) m’a apporté un regard extérieur pour la mise en scène. Y-a-t-il des sujets plus tabous en France qu’aux États-Unis ? En France, Trump n’est pas tabou, on peut en parler… si c’est pour dire qu’il fait n’importe quoi, en tout cas ! Aux USA, tout le monde en parle, mais il faut faire attention à la manière dont on le fait, surtout au Texas. Mais j’ai trouvé plus de sujets tabous en France. Par exemple, quand je parle de cannabis dans mon spectacle, je demande au public « Est-ce qu’il y a des gens qui fument ? ». Puis, j’enchaîne : « Pardon, est-ce qu’il y a des gens qui ont un ami qui fume ? », car c’est un sujet difficile. Ici, on parle aussi moins librement de ses origines juives, tandis qu’à New-York, cela concerne 50 % de la population. Enfin, avec les attentats, il faut faire attention aux questions liées à la religion en France. La laïcité est taboue car source de confusions. Comme aux USA, d’ailleurs. On dit « Separation of church and state », mais Dieu est partout là-bas. Tu présentes la New-York Comedy Night. De quoi s’agit-il ? Cette soirée a été mon premier projet anglais en France. Tout a commencé au Pranzo il y a 6 ans, et aujourd’hui, je le présente encore chaque vendredi à 21h30 au SoGymnase Comedy Club. C’est un vrai melting-pot, et tout le monde joue en anglais. Maintenant que la soirée est connue, des humoristes me contactent pour venir sur ce plateau. Certains parce qu’ils voyagent et sont curieux de voir ce qu’il se passe à Paris, et d’autres parce qu’ils veulent jouer en anglais. Existe-t-il, aux États-Unis, des formations au stand-up qui n’ont pas d’équivalent en France ? Aux États-Unis, il existe des cours. En France, ce n’est pas très répandu, mais il y a des endroits comme l’Ecole du One Man Show au théâtre Le Bout à Paris où on apprend comment jouer. Mais pas comment écrire ! C’est là qu’on voit la grande différence culturelle dans l’approche de ce genre. Historiquement, en France, l’humour de one man show part de l’acteur, c’est-à-dire que l’interprétation prime sur le texte. Tandis qu’en anglais, les vannes comptent davantage. Quels sont les conseils que tu donnerais à un(e) jeune qui voudrait se lancer ? Oser ! Tant que possible, il faut monter sur scène, car on peut facilement passer des années à écrire et à douter. Rien de tel que le retour du public ! Ne pas se censurer soi-même. Enfin, je vais répéter un conseil qu’on m’a donné : ne pas écouter les conseils ! En réalité, il n’y a pas de règle… En effet, ce milieu est tellement ouvert qu’il y a autant de stand-up que de stand-upper. Les premières fois où j’ai joué à Toulouse, les gens estimaient que je n’étais pas fait pour ça. Heureusement, je ne les ai pas écoutés ! [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=Jr9bMxp4uiE[/embedyt] Quels sont tes projets ? Je joue déjà six fois par semaine à Paris et il y aura peut-être une tournée prochainement. Je veux continuer à faire évoluer les spectacles et faire un DVD d’Un New-Yorkais à Paris. J’écris aussi un livre qui devrait sortir cet automne. Ensuite, je fais des vidéos : avec Topito, j’ai fait une série sur la langue française, et on va travailler sur une autre série (les élections françaises vues par un américain). À plus long terme, j’aimerais écrire un scénario pour le cinéma. Donc, j’ai plein de projets… et j’ai deux enfants, ce qui prend déjà pas mal de temps, d’énergie et de sommeil ! Propos recueillis par Gaëlle Barbaste [Crédits photos : © Christine Coquilleau Photographe] |
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