Rentrée 2015 : Top 10 des pièces à voir
Rentrée 2015 : les pièces à ne pas manquer |
Michel Aumont en Roi Lear à Hollywood, Muriel Robin en mère de famille qui s’ignore, Guy Bedos qui retourne au théâtre, Éric Cantona qui joue du Henri Bernstein sous la direction de Rachida Brakni ! Les têtes d’affiche aiment les planches et on aime les voir mouiller leur chemise sur la scène. Côté théâtre public, de grands auteurs et de grands acteurs pour de grands drames ! Voici 10 pièces sélectionnées pour vous émouvoir, vous divertir ou vous surprendre. Il y en a pour tous les goûts
Le Roi Lear, un classique au cinéma dans les années 30 Michel Aumont en Roi Lear nabab d’Hollywood, qui décide d’un coup de tête de léguer son empire cinématographique à ses trois filles pour le meilleur et surtout pour le pire. La crise de 1929 fait rage, la folie gagne, banqueroutes et suicides se multiplient. Le metteur en scène Jean-Luc Revol a choisi de replacer la pièce de Shakespeare sur un plateau de cinéma en pleine période de crise, sous les auspices de Fellini (Huit et demi), Fritz Lang (période allemande), Marcel L’Herbier (L’Argent) en allant du noir et blanc (Buster Keaton) vers la couleur. Avec Marianne Basler, Bruno Abraham-Kremer et Jean-Paul Farré, la distribution est flamboyante. Momo, la nouvelle pièce de Sébastien Thiéry “Le comique des textes de Sébastien Thiéry repose sur les théories fumeuses que vont échafauder ses personnages pour tenter d’accepter l’inacceptable”, résume le metteur en scène Ladislas Chollat. En l’occurrence, ici, un garçon qui aborde ses parents dans un supermarché en leur disant qu’il est leur fils alors que Laurence et André, bourgeois à la vie très tranquille, n’ont jamais eu d’enfant. L’enfant s’est-il inventé une famille ? Les parents auraient-ils oublié leur fils ? À partir de ce pitch surréaliste, on peut compter sur l’humour caustique et provocant de l’auteur pour démonter la relation filiale, faire valser les bonnes manières, quand on sait que Muriel Robin, François Berléand et Sébastien Thiéry en personne camperont les parents et le fils. Ça promet ! Moins 2, Bedos et Magnan jouent Samuel Benchetrit Ces deux grands clowns géniaux que sont Guy Bedos et Philippe Magnan interprètent les deux septuagénaires, condamnés par la maladie à être cloués sur un lit d’hôpital, qui vont fuguer délicieusement et courir vers des aventures totalement défendues. La pièce a été créée il y a dix ans avec Jean-Louis Trintignant et Roger Dumas. L’écriture de Samuel Benchetrit y est ironique et fraîche, malicieuse, fine. On y parle d’amour, bien sûr, mais aussi de famille, de filiation, de fantasmes masculins et de déceptions refoulées. On ne vous racontera pas l’intrigue faite de rebondissements et de faux-semblants, mais voir la pièce reprise par un tel duo d’acteurs vaut bien entendu largement le détour ! Victor, d’Henri Bernstein avec Éric Cantona L’ancien footballeur et artiste engagé Éric Cantona sera dès la rentrée Marc, l’ami de Victor, joué par Grégory Gadebois dans une mise en scène de Rachida Brakni, comédienne et épouse de Cantona. Dans la période de l’entre-deux-guerres, le héros sort de prison après avoir purgé une peine à la place de son ami Marc qui s’illustra pendant la guerre et qui triomphe maintenant dans le milieu des affaires. Au milieu de ces deux hommes, la femme de Marc, Françoise, est jouée par Caroline Silhol. Un auteur qui décrit puissamment les relations amoureuses et les tractations viriles dans une société qu’il avait observée de près pour en devenir l’un des plus fins observateurs, des comédiens remarquables dans un trio intime et une mise en scène qui promet d’être à la hauteur de la finesse du texte et d’en révéler les failles et les secrets. Un beau programme pour découvrir une pièce peu jouée de Bernstein et en savourer le talent tant prisé par le réalisateur Alain Resnais. Le Mensonge de Florian Zeller On ne présente plus Florian Zeller, Molière 2014 pour sa magnifique pièce avec Robert Hirsch, Le Père, créée peu de temps après La Mère avec Catherine Hiegel. En 2011, il avait écrit une pièce intitulée La Vérité avec Pierre Arditi, qu’il retrouve aujourd’hui avec son pendant, Le Mensonge, que met en scène dans son théâtre Bernard Murat. Alice, interprétée par Évelyne Bouix, surprend le mari d’une copine avec une autre femme. Que faire ? Lui avouer ? Ne rien dire ? Et si Paul (Pierre Arditi) avait raison de l’inciter à cacher la vérité pour mieux dissimuler ses mensonges ? On n’est pas dans Marivaux, mais Zeller excelle à détricoter les faux-semblants et à souligner les failles des conventions avec une élégance malicieuse mais sincère dont Pierre Arditi parvient toujours à se délecter. Un Avenir radieux… ou pas, selon Gérald Sibleyras Un financier ruiné, une employée délocalisée et un garçon qui rêve de devenir une star, tels sont les éléments de la nouvelle pièce de Gérald Sibleyras avec Isabelle Gélinas et Philippe Uchan. Le vibrionnant José Paul, acteur dans le très efficace Tailleur pour dames de Feydeau au Théâtre Montparnasse, signe la mise en scène de cette création qui pose un regard sans concession sur la société de consommation avec une mordante ironie. La télé, l’interactivité, les jeux téléguidés, la course à la reconnaissance et à l’argent, tout cela est traité sur le mode d’une comédie contemporaine au rythme vif avec des comédiens au talent et à la sincérité à toute épreuve. Démons de Lars Norén par Marcial di Fonzo Bo Il est acteur, metteur en scène et directeur de troupe. Pour cette pièce en forme de brûlot du dramaturge suédois Lars Norén, Marcial di Fonzo Bo s’entoure de comédiens complices, à la personnalité forte comme Marina Foïs, Anaïs Demoustier, Romain Duris ou Gaspard Ulliel, qui naviguent entre cinéma et théâtre avec un jeu rapide et instinctif. Norén, en héritier de Strindberg et de Bergman, dépeint le quotidien d’un couple (Marina Foïs et Romain Duris) qui ne se supporte plus et se déchire dans l’alcool et la haine, jusqu’à prendre comme témoins leur deux jeunes voisins et les contaminer telles des proies faciles. L’enfer du couple les transforme vite en démons. Un texte âpre et déchirant qui constitue l’une des pièces contemporaines les plus jouées dans le monde. Les Géants de la montagne à la Colline Stéphane Braunschweig, le patron du Théâtre de la Colline, monte le chef-d’œuvre inachevé de l’Italien Luigi Pirandello. Il y défend la puissance de l’imagination à travers les comédiens d’une troupe de théâtre itinérante conduite par une mystérieuse comtesse. Elle souhaite atteindre, par la force poétique d’un texte, les Géants qui peuplent la montagne voisine. La pièce navigue entre l’art et la politique, le pouvoir de l’imaginaire et la soumission aux diktats d’une dictature. Le texte défendu par la comtesse est un livret de Pirandello qui fut interdit par Mussolini à l’époque, alors que l’auteur s’était rapproché, durant une période, du fascisme mussolinien. John Arnold, Dominique Reymond, Claude Duparfait sont quelques-uns des douze acteurs qui participeront à cette aventure aux frontières de l’art et de la politique. Père, une tragédie familiale mise en scène par Desplechin Éric Ruf, le nouvel administrateur de la Comédie-Française, donne un coup de fouet à la vénérable institution. Il y invite un cinéaste, Arnaud Desplechin, pour monter un drame de Strindberg, dramaturge suédois de la fin du XIXe siècle (c’est lui qui a écrit Mademoiselle Julie) qui ne fait pas dans la dentelle pour décrire les rapports conjugaux et familiaux. Ses rapports avec les femmes n’étaient pas cordiaux, il ne les aimait guère, et il faut croire qu’elles l’ont beaucoup fait souffrir puisque ses obsessions l’ont mené à la folie. Dans cette pièce, des parents se déchirent sur l’éducation de leur fille Bertha. Laura, la mère, décide de semer le doute dans la tête du capitaine, son mari, quant à la paternité de celui-ci. Il finira par en perdre la raison. Cette pièce terrible va de nouveau être au répertoire dans une toute première mise en scène de théâtre pour le réalisateur Arnaud Desplechin, qui sait diriger les acteurs au cordeau. Avanti ! aux Bouffes Parisiens C’est une totale comédie américaine avec une love story italienne sous le soleil romain ! La pièce est tirée d’un film à succès produit et réalisé par Billy Wilder en 1972. Un P.D.G. américain vient en Italie pour rapatrier le cadavre de son père, quand il apprend que son père avait une maîtresse. Et le voilà qui tombe amoureux de la fille de cette maîtresse ! Francis Huster et Ingrid Chauvin seront les amoureux de cette love story italo-américaine. Steve Suissa prendra les rênes de la mise en scène pour nous embarquer dans le charme très cinématographique de cette histoire. Hélène Kuttner |
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