Un Amour qui ne finit pas… comme un rêve
Un Amour qui ne finit pas D’André Roussin Mise en scène de Michel Fau Avec Léa Drucker, Pascale Arbillot, Pierre Cassignard, Jusqu’au 11 juillet 2015 Tarifs : de 10 à 44 € Réservation en ligne Durée : 1h30 Théâtre de l’Œuvre M° Place de Clichy |
Quatuor de rêve pour cette comédie piquante sur le thème du couple et de l’amour idéal avec Michel Fau, Léa Drucker, Pascale Arbillot et Pierre Cassignard. La soirée au Théâtre de l’Œuvre est croustillante et on rit beaucoup, d’un rire qui vire du jaune au noir. Succès garanti.
Une vestale dans une station thermale Lassé de mal finir ses amoureuses aventures avec des maîtresses éreintantes, Jean (Michel Fau) déclare une flamme passionnée à Juliette (Pascale Arbillot), beauté blonde et fragile qui profite en peignoir blanc des vertus d’une station thermale normande. Jean rêve d’un amour idéal, platonique, célébré par la prose de ses lettres mais qui n’engagerait que lui-même. Quand Juliette rétorque qu’elle est mariée et qu’il n’est pas question pour elle, qui aime son époux, de se prêter à cet adultère, Jean lui répond que cette passion est dévouée à la femme idéale, sans que rien ne lui soit demandé en retour. De retour à Paris, lorsque Roger (Pierre Cassignard) découvre le flot de lettres quotidiennes envoyées par Jean à sa femme, il voit rouge alors que Juliette s’est déjà piquée au jeu. Une mise en scène en miroir Le scénographe Bernard Fau a judicieusement coupé le plateau en deux, installant de chaque côté la moitié de l’appartement de chaque couple. Ce jeu de miroir, qui conjugue la complémentarité d’un jeu de dames ou d’échecs en noir et blanc, permet de pénétrer chez Juliette et Roger, canapé noir en cuir et mobilier années 60, tandis que le classicisme plus bourgeois de Jean et de Germaine s’inscrit dans les franges et les lampadaires en panne de velours écru. Il faut dire que les costumes de David Belugou dessinent à ravir une robe toute blanche et trapèze façon Courrèges sur le corps longiligne de Juliette dont le mari est aussi en blanc, tandis que le couple Jean-Germaine est en tailleur gris Chanel pour Madame et noir pour Monsieur. Le ridicule ne tuant personne, Michel Fau campe avec une gourmandise amorale ce personnage de séducteur un peu cynique, revenu de tout, osant tout, méprisant les hommes et cernant les femmes, spirituel, brillant et caustique. Sacha Guitry n’est pas si loin d’André Roussin. Des comédiens épatants Claire, efficace, directe, la mise en scène de Michel Fau va droit au but avec des comédiens qui ont du métier. Pascale Arbillot est une délicieuse naïve que le désir de rêve et d’évasion va perdre et Pierre Cassignard est cassant, macho et violent à souhait avec un talent et une véracité tout théâtraux. Léa Drucker joue les maîtresses-femmes perfides et omniscientes avec un tempérament volcanique inaltérable et une gouaille de bourgeoise qui ose se lâcher. Dans cette comédie conjugale menée tambour battant, les scènes de ménage se succèdent aux mensonges éhontés sur la morale, se jouant des clichés du mariage comme le ferait un Labiche des années 60. Avec en plus la clairvoyance moderne d’un observateur subtil de la psychologie des deux sexes. Croustillant ! Hélène Kuttner [Photos © Marcel Hartmann Press]
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