Ivanov par Luc Bondy : noir c’est noir !
Ivanov De Tchekhov Mise en scène de Avec Marcel Bozonnet, Christiane Cohendy, Victoire Du Bois, Ariel Garcia Valdès, Laurent Grévill, Marina Hands, Yannik Landrein, Roch Leibovici, Micha Lescot, Chantal Neuwirth, Nicolas Peduzzi, Dimitri Radochévitch, Fred Ulysse, Marie Vialle et, en alternance, les musiciens Philippe Borecek (accordéon) – Philippe Arestan (violon) et Sven Riondet (accordéon) – Alain Petit (violon), et les invités Coco Koënig, Quentin Laugier, Missia Piccoli, Antoine Quintard et Victoria Sitjà Jusqu’au 1er mars, puis du 7 avril au 3 mai 2015 Du mardi au samedi à 20h, dimanche à 15h Tarifs : de 6 à 38 € Réservation au Durée : 3h40 Théâtre de l’Odéon M° Odéon |
Jusqu’au 1er mars, puis du 7 avril au 3 mai 2015
Dans cette toute nouvelle production du patron de l’Odéon, Micha Lescot fait fureur dans le rôle-titre, entouré d’une brochette de comédiens hors pair, dont Marina Hands. Une descente vers les ténèbres. Œuvre de jeunesse Anton Tchekhov est un jeune médecin de 27 ans lorsqu’il rédige en un mois cette pièce en forme de brulôt. Sa première, Platonov, avait été refusée par le Théâtre Maly. En un mois, il trace la trajectoire abrupte, sans fioritures, d’un garçon fatigué de vivre avant l’âge, dépressif, sans force vitale, qui ne trouve plus en la vie ni en l’amour aucun espoir de bonheur. Ivanov est un provincial qui s’ennuie dans un domaine qu’il doit gérer, avec son épouse tuberculeuse et entouré de gens insupportablement vains. En fin de course, il abrège sa survie par un saut dans l’absurde. Distribution éclatante C’est Micha Lescot, le Tartuffe de Luc Bondy il y a quelques mois, qui interprète le personnage, long visage d’ermite rongé par une barbe d’ébène, costume sombre étriqué sur son grand corps malade et caoutchouteux. Ses yeux brillants sont hagards, il peine à regarder sa femme, une “Juive” qu’il ne supporte plus, car il ne se supporte plus lui-même. Marina Hands est Anna Petrovna, longue plante errante en soif de reconnaissance, condamnée à mourir. Cette situation rend le médecin (Yannick Landrein) hors de lui, tandis que le Comte, incarné par le flamboyant Ariel Garcia Valdès, batifole et fait le paon avec les dames. Pour incarner ces personnages de province médiocres et grossièrement antisémites, Marie Vialle, Fred Ulysse, Marcel Bozonnet, Christiane Cohendy, Chantal Neuwirth et Laurent Grévil, pour ne citer que ceux-là, sont formidables. Une mise en scène de l’ennui Comment mettre en scène cet ennui qui ronge cette petite société, cette absence de curiosité et d’idéaux tellement moderne, décrite par l’auteur en 1887 ? Simplicité et efficacité, sans pathos, mais avec une belle attention pour chaque personnage, c’est ainsi que l’on pourrait décrire le travail de Luc Bondy dans le décor de Richard Peduzzi et les lumières de Bertrand Couderc. L’aspect historique de la Russie tsariste n’est jamais surligné, mais au contraire la couleur sombre et intemporelle invite les spectateurs à l’introspection par le théâtre. Hélène Kuttner [Crédit photos : Thierry Depagne] |
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