Les Chatouilles ou la danse de la colère
Les Chatouilles ou la danse de la colère Mise en scène d’Éric Métayer Jusqu’au 2 avril 2016 Réservations Tarif : de 18 à 32 € Durée : 1h20 Théâtre du Petit Montparnasse M° Gaité ou Edgar Quinet |
Jusqu’au 2 avril 2016
Seule en scène, Andréa Bescond traite du viol d’une enfant avec une rage de vivre qu’elle raconte autant qu’elle danse. Son texte et son corps se combinent avec un immense talent au service d’un témoignage fort et empli d’humour en dépit du sujet. Elle est vêtue d’un tee-shirt et d’un jean, le visage dégagé et sans maquillage. Une chaise sur la scène, c’est tout. Dans cette simplicité, la comédienne parvient à faire vivre en un rythme effréné une multitude de personnages, hommes ou femmes, adultes ou enfants, qui ont jalonné son parcours blessé. Elle part de la petite fille qu’elle était à 8 ans et qui rencontre Gilbert, l’ami de la famille, celui qui abuse d’elle et la viole pendant plusieurs années. Puis elle enchaîne avec virtuosité les interprétations de la professeur de danse, une femme généreuse et attachante, ses parents, d’autres enfants, le petit Benjamin, puis le directeur d’internat, des amis, des producteurs sans vergogne, enfin elle-même devenue grande face à un psy et jusqu’à sa propre mère enfermée dans le déni. Avec une souplesse extraordinaire, Andréa Bescond glisse en une seconde de l’un à l’autre, adoptant leurs accents, leurs comportements, leur vocabulaire et alternant des chorégraphies de ballet classique et du hip-hop dans une remarquable performance. La force de cette pièce écrite par l’interprète elle-même est d’être un témoignage sans pathos qui parvient à prouver que le drame peut se métamorphoser en colère puis en volonté. La petite Odette, dès son enfance, fait preuve d’un don pour la danse. Cette aptitude deviendra très vite un refuge. Sous la direction d’une professeur attentive, elle prend le chemin du professionnalisme et s’éloigne du drame pour finalement devenir une danseuse qui parcourt les pays avec les hauts et les bas des intermittents du spectacle. Elle puise dans la danse la force et la rage, y trouvant à la fois un mode d’expression et une évasion. C’est à l’âge adulte qu’Odette décide de porter plainte. Le public assiste alors aux rencontres avec une psy puis au trajet judiciaire ainsi qu’au face-à-face avec sa mère butée, enfermée dans son refus de remise en question. Andréa Bescond trouve un rythme qui touche le public et rencontre à juste titre un immense succès jamais démenti depuis sa création à Avignon. D’une sincérité sans plainte mais profonde doublée d’une soupape humoristique, elle sait transmettre la douleur de l’enfant et l’ignominie d’une agression épouvantable et ravageuse. Grâce à une chorégraphie en impressionnante palette de styles, elle fait passer le caractère dramatique sous des images corporelles très intenses. Un remarquable équilibre s’établit, le spectateur peut ainsi à la fois saisir l’aspect infâme de la situation tout autant que la formidable capacité à la vaincre avec le rire, la danse et une farouche soif de vivre. Émilie Darlier [Photos © Karine Letellier] |
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