Chaplin revit au théâtre avec le comédien Maxime d’Aboville
Un certain Charles Spencer Chaplin De et mis en scène par Avec Maxime d’Aboville, Béatrice Agenin, Linda Hardy, Benjamin Boyer, Xavier Lafitte, Adrien Melin, Coralie Audret, Alexandra Ansidei, Thibault Sauvaige et Yann Couturier Du mardi au samedi à 21h, dimanche à 15h. À partir du 10 novembre, du mardi au samedi à 20h30, samedi à 17h et dimanche à 15h Tarifs : de 18 à 50 € Réservation en ligne Durée : 2h Théâtre Montparnasse M° Gaîté, Edgar Quinet ou Montparnasse |
Véritable icône du cinéma, Charlie Chaplin ressuscite au théâtre dans une pièce de Daniel Colas grâce au comédien Maxime d’Aboville, Molière 2015 pour sa prestation dans The Servant. Entouré d’une bande de comédiens percutants, il y est aussi fantastique dans l’incarnation qu’il donne du génie britannique adulé puis refoulé par l’Amérique.
Biopic ou hommage ? Les deux mon capitaine Génie comique, artiste au grand cœur, enfant pauvre élevé avec son frère par une mère psychotique, avec plusieurs séjours en orphelinat et contraint de travailler dès 14 ans avec un père absent, Charlie Chaplin ne dut sa notoriété mondiale qu’à lui-même et à son génie créatif. Le travail acharné, un perfectionnisme quasi-obsessionnel, avec un goût pour la scène qu’il tenait de sa mère actrice, mêlés à un profond ressentiment envers l’inégalité sociale et la misère, firent de lui le grand artiste et l’humaniste qui régala de ses fantaisies la société anglaise d’abord, puis l’Amérique qui l’appela à 19 ans pour faire des films. Star consacrée à 20 ans, il fut dans les années 40 renvoyé à Londres par le FBI qui voyait en lui un pervers sexuel (nombreux mariages), un communiste doublé d’un Juif, proie rêvée dans la chasse aux sorcières “rouges” du sénateur McCarthy. D’Aboville éblouissant Habité par le personnage sans faire de lui un pantin, vibrant de mille émotions, le cœur en bandoulière avec une sensibilité exacerbée, Maxime d’Aboville, sorti tout juste du personnage de The Servant, tient la scène durant deux heures avec une énergie et une générosité remarquables. Même silhouette fine, même malice tendrement bridée, il est le Charlie qui débarque sur les studios de Mack Sennett dans les années 20, maladroit mais déjà habile à connaître les ficelles de la comédie, mais aussi celui qui, en quelques années, se fera une fortune en écrivant, produisant et jouant lui-même tous ses films. Dans un décor mobile et sobre de Jean Haas, fort bien éclairé par Franck Thévenon, Daniel Colas, qui a écrit la pièce, dirige ses acteurs de manière intelligente et fluide au gré des scènes charnières de la vie de Chaplin qu’il double parfois avec des extraits de films. Mais le théâtre ici prend le dessus, avec une formidable séquence du Boxeur jouée en direct : un grand moment d’émotion. La liberté avant tout La pièce de Daniel Colas nous livre, à travers cette évocation qui n’est pas exhaustive, un formidable hommage à la liberté, qui s’exprime ici de manière artistique. Les comédiens, avec une mention spéciale pour Adrien Melin qui joue Sennett et Hoover, participent de cet élan qui traverse les époques, la dépression économique, la guerre froide, pour tracer le fil rouge d’un destin d’homme libre et indépendant de tout dogme politique ou religieux. À une époque où les rivalités entre l’URSS et les États-Unis faisaient rage, nourries par un espionnage et une diffamation à grande échelle, Chaplin, si génial qu’il soit, a fait les frais de sa liberté d’expression. Remercions les artistes d’exprimer ici le talent immense et libre de ce créateur. Hélène Kuttner [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=BcLAnpxUplc[/embedyt] [Photos © J. Stey] |
Articles liés
« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...